Anatomie d'une autonomie mortifère
![](/sites/default/files/styles/content_image_16_9_desktop/public/fsspxactualites/fsspxnews/2018/vatican_ii.jpeg?itok=fKwRm4cR)
La basilique Saint-Pierre durant le concile Vatican II.
Un livre vient de paraître, intitulé « Comment notre monde a cessé d’être chrétien », avec un sous-titre éloquent : « Anatomie d’un effondrement » (Seuil, février 2018).
Son auteur, Guillaume Cuchet est professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris-Est Créteil, il considère que c’est en 1965 qu’intervient l’effondrement de la pratique religieuse en France. Pour mémoire : au début des années 60, 25% de la population française assiste à la messe dominicale ; en 2017, il n’y a plus que 1,8% de catholiques dans les églises chaque dimanche.
1965 c’est la fin du concile Vatican II. G. Cuchet refuse d’y voir une cause, mais il admet que le Concile fut « l’événement déclencheur » de cette chute vertigineuse (p. 130). Il entend rester dans la description sociologique – ou anatomique –, et ne veut pas se risquer à chercher la cause. L’attribuer à Vatican II relève, selon lui, de « la polémique intégriste ou traditionaliste » (p. 131).
Malgré tout, il propose quelques tentatives d’explication. Il affirme ainsi que la liberté religieuse promue par le document conciliaire Dignitatis humanæ, fut comprise par les catholiques comme « une sorte d’autorisation officieuse à s’en remettre désormais à son propre jugement en matière de croyances, de comportements et de pratique » (p.132). Il cite le père Louis Bouyer qui, en 1968, déclarait : « Chacun ne croit plus, ne pratique plus que ce qui lui chante. » (p. 133)
Dans les deux derniers chapitres, G. Cuchet étudie deux faits particulièrement significatifs : la crise du sacrement de pénitence et celle de la prédication des fins dernières, autrement dit les confessionnaux désertés et la chaire devenue muette sur les vérités du salut. Ici l’« anatomie » tourne à l’autopsie.
En 1966, un an après la fin du Concile, Mgr Marcel Lefebvre écrivait au cardinal Alfredo Ottaviani, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi : « Les doutes (introduits par de “nombreux textes du Concile”) sur la légitimité de l’autorité et l’exigence de l’obéissance, provoqués par l’exaltation de la dignité humaine, de l’autonomie de la conscience, de la liberté, ébranlent toutes les sociétés en commençant par l’Eglise, les sociétés religieuses, les diocèses, la société civile, la famille. » (cité dans J’accuse le Concile, éd. Saint-Gabriel, Martigny, 1976, pp. 109-111). Le fondateur d’Ecône avait pu constater, en un an, ce que la sociologie religieuse découvre aujourd’hui, plus de 50 ans après.
Abbé Alain Lorans
Related links
(Source : FSSPX.Actualités - 22/03/2018)