Anglicanisme : derrière le jubilé, le chant du cygne
Justin Welby, chef de la communion anglicane, avec la reine Elizabeth II
Si la Reine Elisabeth II s’est montrée plutôt en forme pour son âge, lors des festivités du Jubilé de platine célébrant ses soixante-dix années de règne, il n’en va pas de même de l’Eglise anglicane à la tête de laquelle se trouve la monarque britannique.
Le faste déployé dans la cathédrale anglicane de Saint-Paul à l’occasion de la cérémonie d’action de grâces pour les soixante-dix années du règne d’Elisabeth II n’y fera rien : en quelques mois, quatre « évêques » anglicans ont quitté leur confession pour rejoindre l’Eglise catholique.
Un mouvement qui s’accélère depuis plusieurs années, comme en témoigne déjà en 2009 la Constitution apostolique Anglicanorum Coetibus, promulguée afin de faciliter l’accueil des clercs anglicans au sein de l’Eglise.
Dernier en date, Jonathan Goodall, ancien secrétaire de Robin Williams – qui fut archevêque de Cantorbéry de 2003 à 2012 – recevait, le 12 mars 2022, l’ordination sacerdotale des mains du cardinal Vincent Nichols, archevêque catholique de Westminster.
La décision de ces hommes de rejoindre l’Eglise est loin d’être une formalité pour eux, puisqu’en raison d’un acte historique – et infaillible – signé par le pape Léon XIII en 1896, le Saint-Siège déclare nulle la validité des ordinations anglicanes.
D’ailleurs, le père Goodall le reconnait : « Il m’a fallu du temps afin de me convaincre que je pouvais le faire, reconnaît le père Goodall. J’ai mûri ma décision au cours de la pandémie, pas en raison de celle-ci, mais parce que cela a été pour moi un temps de décision. »
L’une des raisons avancées – sinon la principale – pour expliquer ces retours de plus en plus nombreux dans le giron de l’Eglise, est celle de la sécularisation croissante de la confession anglicane.
Comme l’explique le père Michael Nazir-Ali, lui-même ancien « évêque » anglican de Rochester – le siège historique de saint John Fischer, martyrisé pour avoir défendu l’indissolubilité du mariage contre le roi Henri VIII, monarque à l’origine du schisme – l’Eglise anglicane a « franchi les lignes rouges ».
Pour lui, « l’incapacité de la branche plus conservatrice (de l’anglicanisme) à avoir une influence pour empêcher la dérive vers un protestantisme libéral », a été l’argument principal pour franchir le pas.
Un argument repris en boucle par de nombreux nouveaux convertis : ainsi le père Gavin Ashenden, ancien aumônier de la Reine – qui a été ordonné prêtre en 2019 – dénonce une confession anglicane qui a, selon lui, « capitulé » en faisant sa mise à jour « marxisme 2.0 », ce qui s’est traduit par le fait d’« ordonner » des femmes « évêques » ou d’accepter des homosexuels au sein du clergé.
Le père Ashenden développe encore un autre argument qui a joué dans sa conversion, l’absence de magistère au sein de l’anglicanisme : « seule l’Eglise catholique possède la force magistérielle (nécessaire) pour ne pas céder à la culture ambiante », explique-t-il.
Autant de considérations de bon sens – assez éloignées des divagations du chemin synodal – qu’il ne serait pas inutile de méditer sur les bords du Rhin. Voire même ceux du Tibre…
(Source : La Croix – FSSPX.Actualités)
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