Argentine : le spectre de l’avortement légal resurgit

En Argentine, le pouvoir exécutif revient devant les parlementaires afin de légaliser l’avortement, comme promis durant la campagne présidentielle de 2018. L’Eglise catholique prévoit de son côté de nombreux rassemblements massifs, le 28 novembre 2020, afin de contester le projet.
« J’ai pris auprès de vous un engagement et aujourd’hui, je vais tenir ma parole. » Alberto Fernandez a le triste privilège d’être le premier président, dans l’histoire de l’Argentine, à militer ouvertement en faveur de l’avortement légal dans le pays.
C’est avec huit mois de retard – épidémie de Covid-19 oblige – que le chef de l’Etat a remis, le 17 novembre 2020, sa copie au Congrès.
« La criminalisation de l’avortement n’a servi à rien, elle a seulement permis que les avortements aient lieu de manière clandestine. (…) Chaque année, près de 38 000 femmes sont hospitalisées pour des avortements réalisés dans de mauvaises conditions », clame haut et fort le président argentin.
A travers cette argumentation fallacieuse, on voit à l’œuvre un bel exemple du sophisme dit de « la fausse cause », qui voudrait faire porter le chapeau de la mort d’une femme avortant dans la clandestinité, à l’enfant innocent qui ne demande qu’à vivre.
Plus précisément, le projet de l’exécutif prévoit d’autoriser l’avortement jusqu’à quatorze semaines de grossesse : l’infanticide – réalisé par un geste chirurgical ou par la voie médicamenteuse – devra avoir lieu dans un délai de dix jours maximum après que la « personne gestante » en a fait la demande.
Sous le slogan « sauvons deux vies », l’Eglise catholique n’entend pas rester silencieuse. Elle a convoqué d’ores et déjà ses fidèles à participer aux rassemblements de masse organisés le 28 novembre prochain.
« En tant que pasteurs, nous vous encourageons à participer avec ferveur à ces manifestations publiques en faveur du droit humain à la vie de toute personne, un droit garanti par notre Constitution », explique la Conférence des évêques d’Argentine.
Pour les prélats argentins, en légalisant l’avortement dans les termes établis par le projet, ce serait « la première fois dans le pays » qu’une « loi prévoit la mort d’une personne pour en ‘sauver’ une autre ».
Le projet du péroniste de centre gauche Alberto Fernandez devrait, sans trop de surprise, être ratifié par la Chambre basse, lors d’une session extraordinaire.
Un espoir demeure : le blocage au Sénat dont les membres, traditionnellement plus conservateurs, ont déjà refusé de légaliser l’avortement en 2018. A seulement sept voix près…
(Sources : Valores Religiosos/Le Monde – FSSPX.Actualités)
Illustration : Casa Rosada (Argentina Presidency of the Nation), CC BY 2.5 AR, via Wikimedia Commons