Argentine. Une situation humaine dramatique
LArgentine, il y a peu de temps encore, était présentée comme le meilleur élève du Fonds Monétaire International (FMI). Sa politique néo-libérale alignée sur les dogmes du consensus de Washington a fait faillite. LArgentine, troisième économie dAmérique latine, est aujourdhui au bord dune explosion sociale dévastatrice et dun effondrement économique déstabilisateur pour tout le continent.
Lélève modèle du FMI a permis que 90% de ses banques et 40% de son industrie nationale passent aux mains de capitaux étrangers dans des opérations qui ont largement enrichi lélite corrompue du pays.
Le gouvernement du président Eduardo Duhalde, soumis à la pression de la rue, qui a faim, ne peut obtenir de nouveaux prêts pour financer la dette quà condition de se plier aux diktats du FMI. Linstitution basée à Washington est pour beaucoup dans le désastre actuel, mais elle sen lave aujourdhui les mains, rejetant toute la faute sur les politiciens argentins. Le FMI, qui a suspendu en décembre son plan daide de 22 milliards de dollars, devrait attendre au moins la mi-mai avant denvoyer en Argentine une équipe chargée de négocier un nouveau prêt aux autorités de Buenos Aires. En attendant, le président Duhalde devra dabord imposer aux 24 provinces du pays la rigueur budgétaire requise par le FMI.
Le spectacle dans la rue est déroutant : la classe moyenne se trouve réduite à la soupe populaire. Lensemble du pays subit un phénomène de tiers-mondisation. Un observateur étranger note quil est devenu facile de circuler dans Buenos Aires, ces derniers temps : « Nombre de gens ne sortent plus en voiture tout simplement parce quils nont plus rien pour payer lessence. » En janvier 2002, le litre dessence valait léquivalent de 3,2 FF ; aujourdhui, il est à 8 FF.
A Buenos Aires, on a toujours limpression dêtre en Europe, mais derrière la façade des édifices et des infrastructures, la réalité est brutale : les Argentins sauf les plus riches, qui ont réussi à faire sortir du pays près de 15 milliards de dollars ne peuvent récupérer leurs économies en raison des restrictions bancaires connues sous le nom de corralito. Ces mesures visant à sauver le système financier de leffondrement en confisquant les avoirs des titulaires de comptes pour les remplacer par des titres dEtat, empêchent les épargnants de disposer de la totalité de leurs avoirs. Les épargnants frustrés, qui ne reçoivent même plus leurs salaires, font le siège des banques fermées.
Dans les hôpitaux, il faut désormais souvent amener avec soi médicaments, seringues et pansements. Les directeurs de supermarchés, encerclés par les gens affamés, préparent à lavance des sacs de nourriture à leur intention pour éviter les pillages de la foule en colère. La situation est explosive et peut dégénérer à tout instant !
Selon notre correspondant, lArgentine se trouve dans une situation typique de main-mise totale par les institutions à tendance mondialiste, lesquelles veulent sassujettir le pays et, au passage, le décatholiciser.
Les évêques lancent des appels aux politiciens, prêchent occasionnellement contre la corruption, le tout cependant dans un flot de paroles qui ne manifestent pas particulièrement le surnaturel.
La Fraternité St-Pie X continue son travail dans cette grande Amérique du sud. Tous les prieurés ont été renforcés en prêtres et en comptent au moins trois (pour lArgentine : Martinez, le siège du district, Buenos Aires, Cordoba, Mendoza, Salta ; cinq prêtres pour la grande mission au Chili ; trois en Colombie, trois en République dominicaine, deux à Santa Maria au Brésil). Au Brésil, depuis le retournement de Campos, de grandes possibilités dapostolat se font jour. De différents endroits nous viennent des appels à laide (São Paolo, Brasilia, Balvia). Après la phase de construction déglises et de chapelles, la Fraternité songe de façon concrète à la mise en place décoles ; outre les écoles de La Reja, dAnisacate (Argentine) et Viña del Mar (Chili), un projet de collège dans la mission de République dominicaine est à létude.
Par rapport au clergé local, la situation évolue aussi quelque peu. Depuis lenvoi de létude concernant la réforme liturgique au printemps dernier, plusieurs prêtres de paroisse ont pris contact avec la Fraternité.