Au cœur du Vatican : la Maison pontificale

Source: FSSPX Actualités

Un récent article de L’Osservatore Romano revient sur la lettre en forme de motu proprio, Pontificalis domus, daté du 28 mars 1968, par laquelle le pape Paul VI remaniait l’organisation de la Cour pontificale, jugée alors obsolète.

L’Osservatore Romano évoque ce document dans son édition du 29 mars 2018, à travers un éditorial signé par Giovanni Maria Vian, directeur de cet organe officiel du Vatican.

La réforme de la Curie engagée par le Paul VI devait se traduire par trois décisions ainsi rapportées par l’éditorialiste romain :

* la suppression de charges jugées obsolètes, remaniement profond de la Cour pontificale, par le motu proprio Pontificalis domus du 28 mars 1968 ;

* la dissolution des corps armés décidée le 14 septembre 1970, coïncidant avec le centenaire de la prise des Etats pontificaux par les révolutionnaires italiens ;

* l’exclusion des cardinaux ayant dépassé 80 ans, de l’électorat actif au conclave et des charges curiales, par le motu proprio Ingravescentem aetatem du 21 novembre 1970, cinq ans avant la réforme de l’élection papale.

Il n’est pas inutile de rappeler que la Cour pontificale s’est formée au cours de l’histoire de la papauté, lorsque le pape s’est mis peu à peu à ajouter à ses fonctions religieuses, les fonctions temporelles de chef d’Etat. Afin d’exercer au mieux sa mission, le pape s’est alors entouré de collaborateurs ecclésiastiques et laïcs, vivant auprès de lui.

Ce que ne dit pas Giovanni Maria Vian, c’est que c’est le pape saint Pie X qui a réalisé la part la plus importante des réformes curiales en la matière, car jusqu’à la constitution apostolique Sapienti consilio du 29 juin 1908, la Cour pontificale n’était pas distincte de la Curie romaine.

A partir de saint Pie X en revanche, les choses deviennent plus claires. La Curie regroupe désormais les organes qui collaborent avec le pape dans le gouvernement de l’Eglise : le pivot en est alors pour quelques décennies le Saint-Office, dont le nom a été depuis changé en Congrégation pour la doctrine de la foi.

La Maison pontificale - composée de la Chapelle pontificale et de la Famille pontificale - désigne une fonction plus « domestique » dans la réforme du pape Sarto : elle regroupe l’ensemble des prélats, aux règles de préséances complexes, qui gravitent autour du Saint-Père, et composent le cortège liturgique des cérémonies pontificales.

Le motu proprio de Paul VI, commémoré par L'Osservatore Romano, avait une forte valeur symbolique : se trouvaient en effet abolies un grand nombre de charges, témoins de la gloire passée de la papauté. Exeunt, par exemple, les offices de « Prégustateur secret » ou de « Gardien de la rose d’or ». Surtout, il était mis, de façon un peu brutale, un terme au rôle de la Noblesse pontificale.

Mais un autre aspect de Pontificalis domus, qui n’est pas évoqué dans l’éditorial du G. M. Vian, mériterait d’être souligné : celui qui manifestait une inflexion nette en direction de la secrétairerie d’Etat. Paul VI décidait d’établir au premier rang de la Famille pontificale - donc de ceux qui sont au plus près de la personne du pape - le substitut de la secrétairerie d’Etat, consacrant la position de force de ce dicastère dans le gouvernement de l’Eglise, aux dépens de l’ancien Saint-Office, pourtant gardien de la foi.

D’ailleurs, Paul VI lui-même ne s’en était pas caché, ayant mûri la réforme de Pontificalis domus avant son accession au souverain pontificat, il désignait comme un « point d’observation privilégié" le secrétariat d’État, "l’excellent, précieux et fidèle office qui assiste le pape dans son activité personnelle ».