Au Myanmar, les églises brûlent en silence

Source: FSSPX Actualités

Indencie de la ville de Thantlang opéré par l’armée

Laissée le plus souvent loin des feux de l’actualité, la situation des chrétiens au Myanmar (anciennement Birmanie) ne cesse de se dégrader, comme le montrent les récentes destructions d’églises dans le pays.

« Si les églises et les bâtiments catholiques sont à nouveau attaqués, toutes les relations cordiales seront interrompues et cela aura des conséquences douloureuses pour tous », prévient Mgr Peter Hla, pour qui la coupe est pleine.

L’évêque de Pekhon, diocèse situé dans l’Etat de Shan, à l’est du Myanmar, réagissait à la suite des dernières exactions de Tatmadaw – l’armée du Myanmar désormais aux commandes du pays – qui vient de brûler, le 28 novembre 2021, l’église de Saint-Nicolas et quatre-vingts habitations dans la ville de Thantlang, pour punir les habitants de « collaborer avec les rebelles ».

L’église, réduite en cendres à l’heure qu’il est, n’a été construite qu’il y a vingt-huit ans, suffisamment pour permettre l’éclosion de deux vocations sacerdotales qui ont eu la grâce de persévérer jusqu’au bout : une prouesse dans un pays bouddhiste à 90%, et dont la minorité catholique représente environ 6% de la population totale.

Du point de vue des chrétiens, la situation est loin de s’améliorer, depuis le coup d’Etat qui a donné le pouvoir à l’armée le 1er février dernier : « alors que l’armée brûle les maisons des civils, arrête et tue la population locale, dans plusieurs régions du pays, les civils fuient dans les forêts, dans les territoires des diocèses de Hakha, Pekhon et Loikaw respectivement », rapporte à Fides une source locale.

En cinq mois, la cathédrale du Sacré-Cœur – dans laquelle officie Mgr Hla, pour ne citer que cet exemple, a été frappée à trois reprises par des roquettes : « attaquer la cathédrale, c’est comme attaquer le cœur de chaque croyant, tous les fidèles se sentent tristes à cause de ces exactions », a déploré l’évêque de Pekhon.

Un prêtre birman dénonce à l’agence Fides un « deux poids, deux mesures » de la part de la junte militaire désormais au pouvoir, notant que les actes de violence gratuits contre les civils et les lieux de culte chrétiens, augmentent la frustration et la protestation des jeunes contre l’armée : car si les églises sont devenues la cible privilégiée des attaques militaires, il en est tout autrement pour les pagodes et les temples bouddhistes.

Pour mémoire, la minorité chrétienne du Myanmar se concentre surtout dans les Etats de Chin (est), Kayah (ouest) et Kachin (nord).

De plus, les chrétiens appartiennent principalement à des minorités ethniques en lutte pour leur autonomie vis-à-vis du gouvernement fédéral, et qui subissent, pour des raisons liées à la fois à l’ethnicité et à la religion, une hostilité de longue date de la part de l’armée birmane, composée pour sa part en majorité de membres de l’ethnie bamar, faisant profession d’un bouddhisme aussi strict qu’intolérant.

Cathédrale du diocèse de Pekhon (Myanmar)