Au Tigré, le clergé victime de massacres

Source: FSSPX Actualités

Deux prêtres orthodoxes de la région du Tigré

Au moins soixante-dix-huit prêtres auraient été assassinés au Tigré, situé au nord de l’Ethiopie, dans les cinq derniers mois. Cette période a vu les combats opposant Addis-Abeba et le Front de libération du peuple du Tigré redoubler de violence.

La macabre nouvelle a été révélée par The Telegraph, dans son édition du 10 mai 2021. Alerté par le Synode de l’Eglise éthiopienne orthodoxe qui s’appuie sur le témoignage de plusieurs survivants, le journal affirme que les soldats éthiopiens et érythréens ciblent les chrétiens lors de leurs rassemblements.

Un témoin rapporte : « dans l’après-midi du 9 janvier (2021), nous étions nombreux dans l’église d’Adi’Zeban Karagiorgis. Nous étions là pour célébrer la naissance de la Vierge Marie. Soudain, huit soldats éthiopiens sont entrés dans le cimetière. Les soldats ont choisi 12 jeunes diacres âgés de 15 à 20 ans. Ils les ont mis à l’écart et abattus. »

Le père Hadera a survécu au massacre perpétré dans l’église de Gergera Da Mariam. Le prêtre, âgé de 76 ans, rapporte qu’il priait en ce 1er février 2021, lorsque 12 soldats éthiopiens et érythréens ont pénétré dans l’église.

« Ils sont entrés dans la salle sainte avec leurs chaussures. Ils ont crié sur nous en disant : “vous êtes nos ennemis parce que vous avez consolé les villageois et leur avez prêché que tout cela passerait. Vous n’auriez pas dû le faire” », raconte le père Hadera.

Et le prêtre d’ajouter : « nous étions six prêtres dans la salle. Ils nous ont tiré dessus et ont quitté l’église. Tous mes amis sont morts, et c’est un miracle si je m’en suis sorti. »

L’Eglise autocéphale éthiopienne estime que le nombre de membres du clergé ayant perdu la vie pourrait être beaucoup plus élevé, sans parler des enfants de chœur et des moines qui ne sont pas épargnés dans ces exactions.

Le Tigré, région majoritairement chrétienne, est en proie aux combats depuis le 4  novembre 2020. Le gouvernement éthiopien avait alors déclenché une opération militaire contre les forces du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Ce parti, dont les membres ont été longtemps au gouvernement, s’est créé contre la nouvelle direction centrale.

Au bout de plusieurs mois de conflit, l’Erythrée voisine a reconnu pour la première fois, le 18 avril dernier, que ses troupes ont renforcé les forces éthiopiennes. Elles sont suspectées de plusieurs massacres dirigés contre le clergé de l’Eglise orthodoxe éthiopienne.

Si, à ce jour, la situation est désormais à l’avantage des troupes fédérales et de leurs alliés, les massacres ethniques n’ont pas cessé, n’épargnant personne, ni les enfants, ni les clercs.