Australie : le cinquième concile plénier s’est achevé (2)
Le cinquième concile plénier d’Australie, initié en mars 2018, a réalisé sa première assemblée du 3 au 10 octobre 2021 et sa seconde du 3 au 9 juillet 2022. Les deux sessions ont été secouées par des divergences houleuses, notamment au sujet du diaconat des femmes. L’article précédent a rappelé ce qu’est un concile plénier.
Le cinquième concile plénier d’Australie a commencé par une consultation générale dans le pays, à partir de laquelle un instrumentum laboris – un texte de travail – a été préparé. D’après un commentateur, il y aurait eu 17.500 suggestions présentées par 220.000 personnes consultées.
Ce document de travail contient plusieurs questions, telles que la coresponsabilité dans la mission et la gouvernance, une réponse à la Commission royale sur les réponses institutionnelles aux abus sexuels sur les enfants, la solidarité de l’Eglise avec les premiers Australiens et ceux qui sont en marge de la société et la promotion d’une écologie intégrale pour tous envers notre maison commune, la Terre.
Le concile a tenu une première assemblée plénière du 2 au 10 octobre 2021 à Adélaïde. Puis une seconde du 3 au 9 juillet 2022 à Sydney. Huit textes ont été approuvés à l’issue de cette dernière assemblée, qui devront être examinés à Rome avant d’être approuvés.
Chaque texte est accompagné d’un décret. Le premier texte porte sur la réconciliation : il s’agit de faire repentance par rapport aux populations aborigènes du détroit de Torres. Le décret prévoit d’élaborer une liturgie avec utilisation « culturellement appropriée des symboles et rituels aborigènes et insulaires du détroit de Torres ». Une inculturation avec des rites païens…
Un deuxième texte fait repentance pour les abus et le décret prévoit une liturgie pour l’exprimer. Le troisième texte évoque la mission : éducation, apostolat social, relations œcuméniques et dialogue interreligieux.
Forte contestation au sujet du diaconat féminin
Le quatrième texte, « Témoigner de l’égale dignité des femmes et des hommes », a donné lieu à un épisode des plus intéressants et des plus révélateurs. Une motion engageait l’Eglise d’Australie à « considérer les femmes pour le ministère de diacre – si le pape François autorise un tel ministère à la lumière des conclusions de la Commission d’étude reconstituée sur le diaconat féminin ».
La motion a obtenu une majorité qualifiée – deux tiers ou plus des votants présents – parmi les participants présents à titre consultatif. Mais elle n’a pas réuni la majorité qualifiée parmi les membres ayant un vote délibératif – autrement dit les évêques.
Devant ce résultat, une soixantaine de délégués ont refusé de reprendre leur place après la pause du matin. Des commentaires acerbes ont commencé à fleurir : « Nous sommes censés être ici pour écouter l’Esprit, c’est ce que tout le monde ne cesse de dire. Mais il semble bien qu’au moins quelques personnes soient arrivées avec un sens assez clair de ce que l’Esprit était censé dire. »
Finalement, les évêques ont fini par plier, et ils ont introduit la motion refusée sous une forme conditionnelle : « Que, si la loi universelle de l’Eglise est modifiée pour autoriser le diaconat pour les femmes, le Conseil plénier recommande aux évêques australiens d’examiner la meilleure façon de la mettre en œuvre dans le contexte de l’Eglise en Australie. »
Cet épisode appelle plusieurs remarques. D’une part, la prétention inconcevable de penser que des fidèles réunis puissent apporter une sorte de révélation nouvelle : l’Eglise enseignante reste l’épiscopat ; les fidèles représentent l’Eglise enseignée. D’autre part, la mise au voix de la vérité est une aberration : ce n’est pas la majorité qui fait la vérité.
Ensuite, la lâcheté des évêques devant leur devoir sacré d’enseigner la révélation de Jésus-Christ. Dans la même veine, l’épisode nous livre l’avenir de l’Eglise sous le régime de la synodalité vers lequel tend le pape François de toutes ses forces.
Enfin, la négation d’une vérité révélée dans le texte d’un concile plénier est le couronnement de cette attitude. Le diaconat féminin est une aberration, et ce pour plusieurs raisons. Une raison historique : il n’y a jamais eu de diaconat donné aux femmes par une ordination, au cours de l’histoire de l’Eglise, même si l’histoire connaît des diaconnesses qui fournissent diverses aides. Or, dans la tradition, la pratique a une valeur capitale.
Mais il y a une raison plus profonde. Le concile de Trente rappelle que le sacrement de l’Ordre est composé d’au moins trois degrés : épiscopat, sacerdoce et diaconat, ne voulant pas trancher pour les autres degrés conférés dans l’Eglise. S’il s’agit de degrés essentiels – et c’est bien le cas – ils sont sous la même loi.
Or, il a toujours été admis, et cela a été rappelé par Jean-Paul II et Benoît XVI, que le sacerdoce ne peut être conféré qu’aux hommes. La proposition s’applique donc nécessairement et à l’épiscopat et au diaconat. Aucun théologien digne de ce nom, aucun évêque ne peut ignorer une telle chose. Mais l’épiscopat australien, qui avait fait barrage à cette proposition erronée, a cédé devant le nombre.
Autres dispositions
Un décret demande de revoir les directives concernent la participation des laïcs à la prédication – selon le c. 766 du nouveau code, qui l’admet dans « certaines circonstances ». Les évêques ont refusé d’entériner une proposition plus large. Un autre décret demande l’élargissement de l’utilisation des cérémonies pénitentielles.
Enfin, en lien avec le huitième et dernier texte qui traite de la gouvernance, le couplet synodal est largement entonné : « Que les diocèses et les éparchies aident les paroisses à établir et à renforcer les structures synodales appropriées en élaborant des lignes directrices et en fournissant des ressources pour l’épanouissement des conseils pastoraux paroissiaux (…) et d'autres organes paroissiaux. »
« Que des représentants de la Conférence des évêques catholiques australiens, de Catholic Religious Australia et de l’Association of Ministerial Public Juridic Persons forment un groupe de travail (…) pour établir une structure de table ronde, pour favoriser, évaluer et faire un rapport périodique sur le développement du leadership synodal à travers l’Eglise en Australie. »
Avec de tels résultats, il n’est même pas besoin de se lancer dans le synode sur la synodalité : la foi est déjà mise à l’encan des voix du « Peuple de Dieu » qui se sent animé par l’Esprit pour évacuer tout ce qui gêne l’esprit moderne apostat.
(Sources : ampjp.org.au/catholic.org.au/The Pillar – FSSPX.Actualités)
Illustration : © catholic.org.au