Aux Etats-Unis, l’enjeu majeur de la liberté scolaire

Source: FSSPX Actualités

La Cour suprême de l’Oklahoma vient de rendre une décision constituant un revers pour les chrétiens conservateurs qui militent depuis plusieurs années afin que les fonds publics puissent financer directement les établissements scolaires confessionnels. L’archevêque du diocèse d’Oklahoma City déplore un arrêt qui sera examiné par les juges suprêmes de la capitale fédérale.

L’école demeure un marqueur tangible de la situation d’une nation : il y a en effet toujours un lien entre l’investissement d’un pays dans son système éducatif et la qualité de son développement.

Or, aux Etats-Unis, la bureaucratie régulant le système éducatif, à l’échelle locale ou fédérale, est devenue un véritable « mammouth » plus difficile à dégraisser que jamais, pour reprendre la métaphore d’un ancien ministre de l’Education français. Pourtant, une révolution balaye l’école publique américaine depuis plus de vingt ans : celle des charter schools ou « écoles à charte ».

Selon Le Figaro ces écoles sont nées afin « de combler les vides d’une Education nationale à la dérive » dans les grandes villes américaines – insécurité, contenu et qualité d’enseignements souvent gangrénés par les idéologies du genre et du wokisme. Une première école à charte a vu le jour en 1992 dans le Minnesota. En 2021, plus de trois millions et demi d’élèves fréquentaient une charter school, un courant de plus en plus en vogue parmi les chrétiens conservateurs américains.

Comme les écoles publiques, ces charter schools sont gratuites, leur financement étant assuré par l’Etat. Mais elles sont gérées de façon indépendante et les familles peuvent y inscrire leur enfant indépendamment du secteur géographique où elles résident. A proprement parler, ces établissements ne sont pas confessionnels, et si elles dispensent un enseignement religieux, ce n’est pas à ce titre que les charter schools peuvent prétendre à bénéficier de la manne de l’argent public.

La décision de justice rendue le 25 juin 2024 en Oklahoma intervient alors que le débat sur la liberté scolaire est devenu national. Capitalisant sur le mécontentement des parents face à la fermeture des écoles durant la pandémie, « de nombreux Etats » aux mains des conservateurs « ont mis en place pour les familles des chèques scolaires, des plans d’épargne-étude et d’autres mécanismes afin que les parents puissent accéder à l’établissement scolaire de leur choix » quel qu’il soit, explique Forbes.

Dans l’affaire portée devant la Cour suprême d’Oklahoma, l’école Saint-Isidore de Séville – « un cours catholique en ligne à destination des élèves issus des zones rurales de l’Etat » note The New York Times (NYT), avec un enseignement religieux et soutenu par la hiérarchie diocésaine – demandait, en tant que charter school catholique, le financement de l’Etat et donc du contribuable : mais la Cour « a jugé qu’une école religieuse à charte serait contraire à la constitution de l’Etat », rapporte NYT .

Pour Justin Driver, professeur à la faculté de droit de Yale, l’une des plus prestigieuses Universités outre-Atlantique, l’affaire examinée par les hauts magistrats « se résume à un dilemme entre deux principes constitutionnels américains : la non-discrimination d’une religion d’une part, et la neutralité d’un Etat par rapport à une religion », explique-t-il au NYT.

Et le juriste d’ajouter que l’affaire de l’école Saint-Isidore soulève certains aspects essentiels demeurés flous jusqu’ici : « Comment définir une charter school ? Est-ce un école publique ou une entité privée ? », interroge Justin Driver toujours dans NYT. Autant de questions qui devraient probablement être tranchées dans les prochains mois par la Cour suprême des Etats-Unis.

Ailleurs, comme en France où la laïcité et les valeurs de la République sont au centre du combat de l’école privée, le débat qui a lieu outre-Atlantique peut paraître décalé à plus d’un titre, mais témoigne de l’importance du principe de liberté scolaire qui demeure un enjeu politique majeur aux Etats-Unis.