Benoît XVI demande l’examen des messes du Chemin néocatéchuménal

Source: FSSPX Actualités

Le 11 avril 2012, le vaticaniste italien Sandro Magister annonçait sur son site internet que Benoît XVI a adressé une lettre au cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF), ordonnant d´examiner les messes du Chemin néocatéchuménal.

En effet, selon le journaliste, le pape et d´autres évêques redoutent que les communautés du Chemin néocatéchuménal « n´introduisent de fait dans la liturgie latine un nouveau "rite" artificiellement créé par les fondateurs du Chemin ». Il s’agit là, précise-t-il dans son article, d’un « problème » que le pape considère « d’une grande urgence » pour toute l’Eglise.

Reconnu provisoirement par Jean-Paul II mais contesté au sein même de l’Eglise, le Chemin néocatéchuménal a été créé dans les années 60, dans une banlieue défavorisée de Madrid, par deux laïcs espagnols, Francisco (Kiko) Argüello et Carmen Hernández. Le Chemin se veut un mouvement d'initiation chrétienne et d'éducation à la foi catholique, par étapes, vécues en petites communautés. Il propose un itinéraire de découverte ou de redécouverte de la foi. C'est aussi dans ce cadre que des familles entières sont envoyées en mission dans le monde.

La décision de Benoît XVI serait intervenue peu après que le Vatican ait annoncé, le 20 janvier, avoir validé les célébrations non liturgiques du Chemin néocatéchuménal. Ce même 20 janvier le pape s’adressait à la communauté en précisant qu’« il est important de ne pas se séparer de la communauté paroissiale, précisément dans la célébration de l’Eucharistie qui est le lieu véritable de l’unité de tous ». Selon Sandro Magister, à la suite d’une audience accordée fin janvier au cardinal Rainer Maria Woelki, archevêque de Berlin, Benoît XVI a demandé à l´archevêque de lui adresser une note détaillée sur les difficultés créées par le Chemin dans son diocèse.

De source vaticane, l’agence I.Media a également appris que des « courriers inquiets parviennent chaque jour du monde entier au Vatican de la part d’évêques qui ne savent pas comment interpréter les statuts du Chemin néocatéchuménal ». Et c´est à cause de cela, poursuit cette source, que Rome a uniquement validé, actuellement, les célébrations non liturgiques. En effet, précise Radio Vatican, le mouvement fait l’objet de critiques sévères. Ainsi les évêques japonais ont déclaré que le Chemin représentait un problème grave, facteur de divisions. D’autres dénoncent ses méthodes d'encadrement, comparées par certains à des pratiques sectaires et évoquent des difficultés suscitées par leur manière de célébrer de façon isolée, qui risque de provoquer des fractures au sein des paroisses.

« Considérés individuellement, expliquait Mgr Mizobe Osamu, évêque émérite de Takamatsu, au Japon, les prêtres du Chemin, qui sont d’origine italienne, espagnole, latino-américaine ou autre, sont de bons prêtres et ne posent pas de difficulté. Ce qui pose problème, c’est le mode de fonctionnement du Chemin et la division que son action a créée dans les communautés paroissiales : leur manière de faire, que ce soit la messe du samedi soir, les célébrations séparées pour la Semaine Sainte ou encore un parcours catéchétique qui leur est propre, place les membres du Chemin en dehors des communautés paroissiales. Ils ont créé des groupuscules au sein de paroisses déjà toutes petites. »

En février dernier, rapporte Sandro Magister, le pape a fait suivre à la Congrégation pour la doctrine de la foi une copie de la réponse du cardinal Woelki, en demandant d´examiner le plus rapidement possible cette question, qui ne « concerne pas seulement le diocèse de Berlin ». La commission d´examen présidée par ce dicastère devait s´assurer, selon les indications données par le pape, la collaboration de la Congrégation pour le culte divin et de la discipline des sacrements, et celle du Conseil pontifical pour les laïcs.

Le dossier préparé pour la première réunion comptait « un guide de discussion dans lequel la conformité de l´article 13 § 2 du statut des néocatéchumènes – celui par lequel ils justifient leurs messes séparées du samedi soir – à la doctrine et à la pratique liturgique de l´Eglise catholique était explicitement mise en doute », indique le vaticaniste italien.

« Les jugements exprimés ont tous été critiques envers les messes des néocatéchumènes », souligne Sandro Magister, de même que celui émis par le cardinal Karl Becker, professeur émérite à l´Université pontificale grégorienne et consulteur du dicastère, qui a été interrogé sur la question.

En 2005, le cardinal Francis Arinze, alors préfet de la Congrégation pour le Culte divin, avait demandé au Chemin néocatéchuménal d'abandonner certaines innovations jugées non conformes aux règles liturgiques de l'Eglise : messe le samedi au lieu du dimanche, communion en commun assis autour d'une table, prédication confiée à un laïc plutôt qu'à un prêtre, témoignages de fidèles lors de longues cérémonies émotionnelles.

Le Chemin avait dû procéder à quelques modifications dans ses règles de fonctionnement. En 2008, après une révision attentive, le Conseil pontifical pour les laïcs a approuvé ses statuts et en 2011, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a approuvé le Directoire catéchétique, après l’avoir amendé. Ce 20 janvier 2012, le président du Conseil pontifical pour les laïcs a lu en présence du pape le décret d’approbation des célébrations figurant dans le "Directoire catéchétique du Chemin néocatéchuménal". Célébrations, a précisé Benoît XVI en s’adressant aux néochatéchumènes présents, « qui ne sont pas liturgiques au sens strict du terme, mais qui font partie de l’itinéraire de croissance dans la foi ».

(voir DICI n°249 du 03/02/12)