Benoît XVI fait sa rentrée littéraire

Source: FSSPX Actualités

La retraite n’a visiblement pas affaibli les facultés intellectuelles de Joseph Ratzinger : dans son dernier ouvrage paru le 16 septembre 2021 en italien, l’ancien pontife romain plaide pour que l’Europe redécouvre et réaffirme son identité chrétienne. Et tacle au passage les promoteurs des unions homosexuelles en tous genres.

La nouvelle risque de ne pas trouver un écho favorable dans la presse progressiste. C’est un véritable réquisitoire qui paraît en cette fin d’été 2021, alors que le Parlement européen appelle à la reconnaissance du « mariage pour tous » dans tous les pays de l’Union.

Dans son dernier opus, La Vera Europa Identita e MissioneL’Europe authentique, son identité et sa mission (non traduit à ce jour) – l’ancien pontife romain ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit d’évoquer les maux qui touchent le Vieux continent.

Notamment la dérive du « mariage pour tous » : « le concept de ‘mariage homosexuel’ est en contradiction avec toutes les civilisations qui se sont succédées jusqu’à présent, et signifie donc une révolution culturelle qui s’oppose à toute la tradition de l’humanité jusqu’à présent », explique-t-il.

Cette « certitude originelle qui a été évidente pour l’humanité » a, aux yeux de Benoît XVI, été mise à mal avec l’introduction de la pilule contraceptive qui a ouvert le chemin vers la « séparation entre fécondité et sexualité ». A partir de là, toutes les formes de sexualité sont devenues « équivalentes » : « il n’existe plus aucun critère de fond », estime le pape émérite.

Un constat clair et juste quoiqu’incomplet, qui mériterait de souligner combien Vatican II, en accompagnant, au nom d’un irénique aggiornamento, le mouvement de sécularisation à l’œuvre dans les années 50-60, a accéléré cette faillite éthique dont on déplore aujourd’hui les résultats.

Ce livre de 264 pages constitue en fait le troisième volume d’un projet éditorial qui rassemble une sélection des textes de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, avec l’ajout d’un texte inédit, rédigé en avril 2021, intitulé « Rendre compte devant Dieu de la tâche qui nous a été confiée pour l’homme ».

Un ouvrage qui se veut le dernier et sincère appel lancé à l’Europe, pour qu’elle redécouvre et réaffirme son origine et sa véritable identité qui ont fait d’elle une grande civilisation et un modèle de beauté et d’humanité.

Pour éviter toute ambiguïté, le pape actuel a tenu à signer en personne la préface apposée à l’ouvrage de son prédécesseur :

« Avec la clarté, l’accessibilité immédiate et en même temps la profondeur qui lui sont propres, le pape émérite esquisse ici magnifiquement cette ‘idée de l’Europe’ qui a sans doute inspiré ses pères fondateurs et qui est à la base de sa grandeur, et dont l’obscurcissement définitif sanctionnerait son déclin global et irréversible », écrit l’actuel pontife romain.

Et François d’ajouter : « au fil des ans, Benoît XVI n’a pas craint de dénoncer avec beaucoup de courage et de clairvoyance les nombreuses manifestions de ce renoncement dramatique à l’idée de création, jusqu’aux conséquences actuelles les plus récentes ». Un hommage appuyé d’un pape peu suspect de faire prévaloir la doctrine sur la dimension pastorale du « qui suis-je pour juger ? »

D’ailleurs, dans l’avion qui le ramenait de Slovaquie, le 15 septembre dernier, le pape François est revenu sur la question, affirmant que si d’un côté « le mariage ne peut exister qu’entre un homme et une femme », néanmoins quand « deux homosexuels veulent passer leur vie ensemble, les Etats ont la possibilité civile de les soutenir, de leur assurer la sécurité de l’héritage et de la santé ».

Et de conclure : « il faut respecter tout le monde, mais l’Eglise ne nie pas sa vérité ». Chassez le naturel, il revient au galop.