Benoît XVI reçoit une délégation du Comité international juif
Le pape a reçu en audience privée, au Vatican, les représentants des plus importantes organisations juives mondiales, le 9 juin. Cette délégation était conduite par le rabbin Israël Singer, président du Comité international juif pour les consultations interreligieuses (International Jewish Committee on Interreligious Consultations, IJCIC), qui siège à New-York. Elle était composée de 24 autres personnalités, dont Edgar Bronfman, président du Congrès juif mondial, Cobi Benatoff, président du Congrès juif européen et Jack Terpins, le président du Congrès juif latino-américain, Riccardo Di Segni, grand rabbin de Rome et Adi Steg, président de l’Alliance juive universelle. Le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, ainsi que Mgr Norbert Hofman, son secrétaire, étaient également présents.
L’IJCIC regroupe au niveau international les agences juives mondiales engagées dans le dialogue interreligieux. Depuis 35 ans, la Commission du Saint-Siège pour les relations religieuses avec le judaïsme travaille avec cette organisation. Dans le cadre de ce dialogue, la Commission et l’IJCIC ont déjà organisé 18 réunions communes du Comité international de liaison catholico-juif. La dernière rencontre a eu lieu en juillet dernier à Buenos Aires, en Argentine.
"Mes prédécesseurs, Paul VI, et d’une manière particulière, Jean-Paul II, ont fait des pas significatifs en vue d’améliorer les relations avec le peuple juif", a déclaré Benoît XVI à ses interlocuteurs, avant d’ajouter : "Il est de mon intention de continuer sur ce chemin". "Je tiens à vous assurer que l’Eglise reste fermement engagée, dans ses enseignements et chaque aspect de sa vie, à mettre en application cette doctrine décisive".
"L’histoire des relations entre nos deux communautés a été complexe et souvent douloureuse. Pourtant je suis convaincu que ’le patrimoine spirituel’ gardé par chrétiens et juifs est lui-même la source de sagesse et d’inspiration capable de nous guider vers ’un futur empli d’espoir’, selon le plan divin", a affirmé Benoît XVI. Le pape a souligné que "le souvenir du passé demeure pour les deux communautés un impératif moral en vue de la réconciliation, la justice, le respect pour la dignité humaine". Cet impératif doit inclure « une réflexion continue sur les questions théologiques, historiques et morales, présentées par l’expérience de la shoah".
Le pape a aussi noté que cette rencontre avait lieu l’année du quarantième anniversaire de la Déclaration conciliaire Nostra Ætate, expliquant que son "enseignement a servi de base pour le rapport de l’Eglise avec le peuple juif". - La déclaration du Concile Vatican II, datée du 28 octobre 1965 sur L’Eglise et les religions non-chrétiennes, avait affirmé le respect et l’estime de l’Eglise catholique pour les autres religions et donné une orientation tout à fait nouvelle au dialogue entre l’Eglise catholique et le monde juif.
Le souverain pontife a ainsi expliqué: "le Concile a affirmé que, dans le mystère de l’élection divine, les commencements de la foi de l’Eglise doivent déjà être trouvés en Abraham, Moïse et les prophètes". Lors du Concile, a encore rappelé le pape, l’Eglise a "réclamé une plus grande compréhension et estime mutuelle, entre chrétiens et juifs", et elle a "déploré toutes les manifestations de haine, de persécution et d’antisémitisme".
Benoît XVI s’est enfin félicité des 18 rencontres, en 35 ans, entre le Comité international juif pour les consultations interreligieuses et la Commission du Saint-Siège pour les relations religieuses avec le judaïsme.
Le 20 avril, au lendemain de son élection, le pape avait exprimé son désir de renforcer les rapports avec les juifs. "Je me confie à l’aide du Très-Haut pour continuer le dialogue et renforcer la collaboration avec les fils et les filles du peuple juif", avait-il déclaré dans un télégramme adressé au grand rabbin Riccardo Di Segni. Immédiatement après la réception de ce télégramme, le grand rabbin de Rome s’était dit "heureux et reconnaissant de ce message si opportun, important et significatif". Peu auparavant, il avait déclaré apprécier "le choix du nouveau pape" et considérer "avec respect sa personne, chargée de sagesse et de doctrine". "La pensée de Joseph Ratzinger est articulée et complexe, mais ce qui est important a toujours été exprimé avec précision et clarté", avait-il ajouté.
Le 27 octobre 2005, à l’occasion du quarantième anniversaire de la Déclaration conciliaire Nostra Ætate, une délégation juive sera présente à Rome.