bis Etats-Unis : L’Eglise secouée par le scandale

Source: FSSPX Actualités

La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre : les diocèses de Boston et New Hampshire ont remis à la Justice les noms de 90 prêtres accusés de pédophilie. Le 28 février, le diocèse de Tucson fait de même (pour un cas). Suit une véritable hécatombe : l’official du diocèse de Manchester livre 14 noms à la justice, le diocèse de Philadelphie, 35 noms ; le diocèse d’Allentown en Pennsylvanie, 4 noms ; les Jésuites, deux cas à Boston.

L’évêque de Los Angeles, le cardinal Roger Mahony, relève 12 prêtres de leur ministère. A San Francisco, un prêtre annonce à ses paroissiens qu’il se retire, en raison de transgressions passées. (Source : revue de presse américaine)

Analyse :

Alors que les faits couvaient depuis de longues années, pourquoi ce tir groupé ? Ces dénonciations soudaines, en grand nombre, au même moment ?

Certes, dans ce domaine, il est difficile de distinguer entre la vérité et les calomnies, et ce d’autant plus que les ennemis de l’Eglise en rajoutent. Ici cependant, il s’agit d’annonces faites par les évêchés – qui, jusqu’à présent, ont gardé le silence sur les faits – et non pas d’articles de la presse ennemie. Si les évêchés se résignent à transmettre les noms aux tribunaux, il faut croire qu’il y a plus qu’anguille sous roche. Les évêques sont fatigués de se voir accusés personnellement pour manque de vigilance et craignent les rigueurs de la loi, qui dans ce domaine, est encore relativement sévère (on passera sur l’hypocrisie de la sévérité de la loi concernant des effets dont les causes sont tolérées et même encouragées avec le laxisme que l’on connaît). Dans la plupart des Etats de la confédération américaine, la loi fait obligation à tout individu – même prêtre, en dehors du cadre de la confession – de dénoncer un coupable dans ce domaine.

Il est fort à craindre que ces faits de pédophilie ne soient que l’arbre qui cache la forêt, celle de ce vice contre-nature qu’on n’ose même pas nommer – « nec nominetur in vobis » dit saint Paul – qui va de pair avec la pédophilie et qu’est l’homosexualité.

On peut légitimement se demander comment ce vice peut faire tant de ravages. Certes, on ne déniera pas le fait qu’il y a toujours eu des exceptions, mais précisément l’exception réconfortait quant à la bonne santé de l’ensemble.

La première cause de la baisse morale du clergé n’est pas à chercher dans des facteurs externes, comme l’évolution de la société ; précisément, si la société évolue dans le sens d’un déclin, c’est bien parce qu’elle n’a plus sous les yeux l’exemple d’un clergé sanctifié. La première cause est interne : la perte de l’identité sacerdotale. Et la perte de l’identité sacerdotale est due à l’abandon du sacrifice de la messe. Si le prêtre n’est plus le « choisi de Dieu, comme Aaron », « pris d’entre les hommes en ce qui regarde le culte de Dieu, afin d’offrir des dons et des sacrifices pour les péchés » (Héb. 5,1), alors, il n’est plus rien. Nous ne le répéterons jamais assez : la nouvelle messe de Paul VI a tué l’identité sacerdotale, et avec elle, l’esprit sacerdotal, l’esprit de prière, de sanctification.

Après cela, on peut s’adonner à des considérations secondaires, mais non négligeables. On peut se demander comment les tendances contre-nature ne sont pas décelées durant le temps de formation au séminaire. Ou si elles sont décelées, pourquoi n’a-t-on pas réagi avec la vigueur et la logique qui s’imposent ?

C’est là que l’on se rend compte de la force du lobby homosexuel : ces messieurs sont devenus des « intouchables ». La hantise de la « discrimination » paralyse… même un directeur de séminaire.

Ces faits douloureux, que nul homme honnête n’aime à évoquer, peuvent être une occasion de scandale. Il y a celui qui scandalise, mais il y a aussi celui qui se laisse scandaliser. Etonnés, oui, nous le sommes. Scandalisés, non. Sur les 12 apôtres, il y eut un traître.

La pointe ultra-progressiste de l’Eglise pourra en profiter pour avancer les revendications habituelles : ordination de « viri probati », suppression du célibat, ordination des femmes, etc. Ils oublient que ce n’est pas le célibat qui rend pédophile (la plupart des pédophiles sont des hommes mariés) ; par contre, il se peut que la forme actuelle du sacerdoce puisse attirer ce genre d’individus.

Ce qui étonne, ce n’est pas seulement l’existence des faits, c’est la faiblesse de la réaction des responsables : comment se fait-il que l’on réaffecte des prêtres ayant des précédents, à des postes qui les exposent à des occasions de rechute ? Comment un évêque comme le Cardinal Law (gradué de l’université d’Harvard) peut-il réaffecter un prêtre, manifestement « malade » dans le domaine en question, et ce contre l’avis de son évêque auxiliaire ? On lui reproche de ne pas avoir pris de mesures visibles à partir du début des années 90, alors que les cas se répétaient dans son diocèse.

Pour finir, une anecdote. Il s’agit de Napoléon qui, un jour, disait au cardinal Consalvi : « Je détruirai votre Eglise ! – Non, vous ne la détruirez pas », répondit le Cardinal. Agacé, le grand Napoléon lui rétorqua, du haut de son 1,60 mètre : « Mais si que je détruirai votre Eglise ! – Vous n’y arriverez pas ! Si de mauvais papes, desprêtres immoraux et des millions de pécheurs dans l’Eglise n’y sont pas arrivés, comment pensez-vous y arriver ? »