Brésil : Les Journées Mondiales de la Jeunesse, 22-29 juillet 2013
Ce compte-rendu des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) à Rio de Janeiro relate les faits et les propos du pape François, lors de son premier voyage international ; à ce titre il a une valeur informative appréciable. A côté de rappels sur la croix et le combat du chrétien, on retrouve plusieurs des thèmes qu’il expose depuis le début de son pontificat, entre autres, la synodalité, la collégialité, le dialogue interreligieux... qu’il a tenu à favoriser à son retour à Rome en adressant lui-même, le 2 août, un message « d’estime et d’amitié » aux musulmans pour la fin du Ramadan. Au cours du dernier trimestre de cette année, la réforme annoncée de la curie et les nominations des préfets des principaux dicastères permettront de voir comment ces thèmes seront mis en œuvre institutionnellement.
Arrivé le 22 juillet à Rio de Janeiro à 15h40, le pape François a été accueilli par Mme Dilma Roussef, Présidente fédérale du Brésil, le Gouverneur de l'Etat de Rio et le Maire de la cité, Mgr Orani Joao Tempesta, archevêque de Rio de Janeiro, et le cardinal Raymundo Damasceno Assis, archevêque d'Aparecida et Président de la Conférence épiscopale brésilienne.
Le pape François s'est rendu le 24 juillet au sanctuaire marial d'Aparecida, sous une pluie battante. Après s'être recueilli devant la Vierge noire, il a présidé à 10h30 la messe célébrée avec les évêques régionaux et ceux chargés des catéchèses durant les JMJ. Dans son homélie, le pape a invité les chrétiens à garder l’espérance, mais aussi à se laisser surprendre par Dieu et à vivre dans la joie. Il a souhaité que, malgré les difficultés et les découragements, les chrétiens ne soient pas submergés. Et de lancer : « Ayez toujours dans vos cœurs cette certitude : Dieu marche à vos côtés, il ne vous abandonne en aucun moment ! Ne perdez jamais l’espérance ! Ne l’éteignez jamais dans vos cœurs ! Le ‘dragon’, le mal, est présent dans notre histoire, mais il n’est pas le plus fort. Dieu est le plus fort ! Dieu est notre espérance ! »
« Une sensation de solitude et de vide gagne souvent le cœur de beaucoup et les pousse à la recherche de compensations, de ces idoles éphémères » qui se substituent à Dieu et semblent donner l’espérance : l’argent, le succès, le pouvoir, le plaisir, a déploré le pape François, demandant que les jeunes soient soutenus : « ils ont besoin avant tout que leur soient proposées les valeurs immatérielles qui sont le cœur spirituel d’un peuple, la mémoire d’un peuple. Dans ce sanctuaire, inscrit dans la mémoire du Brésil, nous pouvons presque lire les valeurs que sont spiritualité, générosité, solidarité, persévérance, fraternité, joie. Elles trouvent leurs plus profondes racines dans la foi chrétienne ».
A l’hôpital Saint-François de Rio, spécialisé dans le traitement des drogués et alcooliques, et l'assistance médico-chirurgicale aux indigents, le Saint-Père a été reçu par le Directeur de l'institut et le Secrétaire d'Etat à la santé, avant de gagner la chapelle où s'est déroulée la rencontre avec les patients. Le pape s’en est pris aux marchands de mort qui suivent la logique du pouvoir et de l’argent à n’importe quel prix. Et de dénoncer l’idée de la « libéralisation de l’usage des drogues, avancée en divers lieux d’Amérique latine » comme une solution qui, face à l’ampleur du phénomène et à la force des cartels, permettrait de contrôler les trafics et de diminuer l'addiction et la criminalité liée aux drogues.
Au contraire, a déclaré le pape, « il est nécessaire d’affronter les problèmes qui sont à la base de leur utilisation, en promouvant une plus grande justice, en éduquant les jeunes aux valeurs qui construisent la vie commune, en accompagnant ceux qui sont en difficulté et en donnant espérance dans l’avenir ». Et d’encourager chacun de ceux qui ont succombé à la drogue : « tu as le premier rôle dans ton relèvement ! » Dans ce chemin de la lutte contre la drogue, « l’Eglise n’est pas loin », a-t-il insisté.
Le 25 juillet 2013, ayant célébré la messe en privé, le pape a gagné la favela de Varginha, une des plus grandes favelas au nord de Rio. Accueilli par le vicaire épiscopal, le curé et la supérieure locale des Sœurs de la charité, le pape François s’est rendu sur le petit terrain de football, trempé par les fortes pluies, après s’être recueilli dans la chapelle de la favela. Le pape a insisté sur le mot solidarité à plusieurs reprises, en rappelant qu’« il existe une faim plus profonde, la faim d’un bonheur que seul Dieu peut rassasier. Il n’y a ni véritable promotion du bien commun, ni véritable développement de l’homme quand on ignore les piliers fondamentaux qui soutiennent une société, ses biens immatériels. Don de Dieu, la vie est une valeur à préserver et à défendre, ainsi que la famille, fondement de la vie ensemble et remède contre l’effritement social », a-t-il souligné.
S’adressant aux évêques argentins et aux jeunes dans la cathédrale de Rio : « Je veux une Eglise qui aille dans la rue ! Je veux que nous nous détachions de la mondanité, de la commodité, du confort, du cléricalisme, de ce qui nous laisse renfermés sur nous-mêmes. Les paroisses, les collèges, les institutions sont faites pour sortir ! Si elles ne sortent pas, elles deviennent des ONG, et l’Eglise ne peut être une ONG ». Il a ensuite rappelé que « la foi en Jésus-Christ n’est pas une plaisanterie, c’est un scandale ! Que Dieu se soit fait l’un de nous, qu’Il soit mort sur la Croix, c’est un scandale. La Croix continue à être un scandale mais c’est le seul chemin sûr, celui de la Croix, de l’Incarnation de Jésus ».
Lors de la veillée de prière organisée sur la plage de Copacabana (sur la photo), dans la soirée du 25 juillet, 1,2 million de jeunes sont venus saluer le pape François pour sa première rencontre avec les participants aux JMJ dont le thème était : « Allez, et de toutes les nations faites des disciples » (Mt 28,19). A cette occasion, une immense scène avait été construite, inspirée des lignes irrégulières des montagnes de Rio de Janeiro, composée de quatre plates-formes circulaires de hauteurs différentes réunies par un escalier. Dans le dos du Saint-Père un écran géant avait été installé. Au début de la soirée ponctuée de chants et de scènes représentant l’histoire de l’évangélisation du continent latino-américain, le pape a demandé aux jeunes de « renouveler leur engagement de chrétiens » les engageant à mettre leurs pas dans ceux du Christ, à mettre dans leur vie la « foi, l’espérance et l’amour », à se méfier de l’illusion qu’entraînent « l’avoir, l’argent, le pouvoir » car « seul le Christ peut donner la foi, l’espérance et l’amour ». « C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, je vous dis aujourd’hui avec force : Mets le Christ dans ta vie, et tu trouveras un ami en qui te fier toujours ; mets le Christ et tu verras croître les ailes de l’espérance pour parcourir avec joie la route de l’avenir ; mets le Christ et ta vie sera pleine de son amour, elle sera une vie féconde ». Le 26 juillet 2013, le pape François s’est entretenu avec huit jeunes détenus au siège de l’archevêché de Rio de Janeiro, après avoir confessé cinq jeunes dans le parc de Quinta da Boa Vista, à « l’Espace Vocation » (voir ici). 50 confessionnaux en bois blanc avaient été installés sur les lieux pour toute la durée des Journées mondiales de la jeunesse.
En fin d’après-midi, deux millions de participants se sont réunis sur la plage de Copacabana pour le chemin de croix, où le pape François a suivi les méditations depuis le gigantesque podium installé à une extrémité de la plage. Assis au pied d’une immense croix, il avait souhaité avoir à ses côtés 35 chiffonniers argentins. Lors de cette Via Crucis à la mise en scène spectaculaire, - à grand renfort de musiques mêlant classique et variété, violoncelles et guitares électriques, accompagnées de chorégraphies et d’effets lumineux -, les méditations des différentes stations ont été lues par des jeunes d’horizons divers : un volontaire dans un centre de traitement contre la toxicomanie, une femme engagée dans la défense de la vie et contre l’avortement, un jeune couple sur le point de fonder un foyer, un passionné de sciences. A chaque station correspondait un tableau, animé par de nombreux figurants, un chœur et un orchestre, pour évoquer un aspect spécifique de la souffrance des jeunes. Les 'JMJistes' ont suivi ce chemin de croix assis dans le sable, sur la vingtaine d’écrans géants installés tout au long de la plage. – Pas de ‘Notre Père’ ni de ‘Je vous salue Marie’ au cours de cette Via Crucis aux allures de show.
Au terme des méditations, le pape François a rappelé que « chargé de sa croix, Jésus parcourt nos routes pour prendre sur lui nos peurs, nos problèmes, nos souffrances, même les plus profondes », évoquant les multiples souffrances du monde et des jeunes en particulier, de la faim au fléau des « paradis artificiels ». Le pape argentin a interpellé la foule de jeunes présents : « Jésus aujourd'hui te regarde et te demande si tu veux l'aider à porter la Croix. Avec la force de votre jeunesse, répondez-lui ! Sur la croix du Christ déposons nos joies, nos souffrances, nos succès. Nous y trouverons un cœur ouvert qui nous comprend, nous pardonne, nous aime et nous demande de porter ce même amour dans notre vie, d’aimer chacun de nos frères et de nos sœurs avec le même amour ».
Le 27 juillet 2013, à 9h, le pape François a célébré la messe dans la cathédrale Saint-Sébastien de Rio de Janeiro. En présence d’évêques du monde entier, de milliers de prêtres, religieux et séminaristes, le pape a invité les responsables ecclésiaux à avoir « le courage d’aller à contre-courant ». Il les a exhortés à s’opposer à la « culture du rebut », de l’avortement à l’euthanasie, à lutter contre les « dogmes modernes » de l’efficacité et du pragmatisme, et à sortir de leur paroisse pour annoncer l’Evangile. Après avoir invité clercs et religieux à la « fidélité » à leur vie de prière et à « évangéliser » avant tout leur propre milieu de vie, il a une nouvelle fois exhorté les membres de l’Eglise à ne pas « rester enfermés dans la paroisse, dans leurs communautés, lorsque tant de personnes attendent l’Evangile ». « Avec courage, pensons à la pastorale en partant de la périphérie, en partant de ceux qui sont les plus éloignés, de ceux qui d’habitude ne fréquentent pas la paroisse », a-t-il demandé.
Après ce premier rendez-vous de la journée, le pape s’est rendu au théâtre municipal de Rio pour une rencontre avec la classe dirigeante du Brésil. Au nom d’« une vision intégrale de la personne humaine », il a promu « un processus constructeur d’un avenir meilleur pour tous » en faisant « croître l’humanisation intégrale et la culture de la rencontre et de la relation ». C’est par une telle culture de la rencontre – et du dialogue – que le pape entend promouvoir le bien commun politique. Alors que le Christ Rédempteur du Corcovado proclame les droits du Fils de Dieu à régner ici-bas, le pape a préféré demander pour les responsables brésiliens un « sens éthique » : celui de réfléchir aux conséquences de leurs décisions, « en observant, soupesant, évaluant », en plaçant leur action « devant les droits des autres et devant le jugement de Dieu ». Conformément à l’esprit de Vatican II, il a déclaré que « la laïcité de l’État, qui, sans assumer comme propre aucune position confessionnelle, mais respecte et valorise la présence de la dimension religieuse dans la société, en en favorisant ses expressions les plus concrètes, est favorable à la cohabitation entre les diverses religions. » Se faisant l’avocat d’un « humanisme intégral », (ce qui renvoie à l’ouvrage de Jacques Maritain dont on sait l’influence sur Paul VI, ndlr) le pape François a également invité à un dialogue constructif et à rejeter aussi bien « l’indifférence égoïste » que « la protestation violente ». Et de souligner la contribution « fondamentale » des « grandes traditions religieuses, qui exercent un rôle fécond de levain de la vie sociale et d’animation de la démocratie » (sic), dans le cadre d’une laïcité respectueuse et valorisante du phénomène religieux, précisant que la « fraternité entre les hommes et la collaboration pour construire une société plus juste » n’étaient pas un « rêve plein de fantaisie », mais bien « le résultat d’un effort concerté de tous en faveur du bien commun ».
Ce même jour, le pape François s’est adressé aux 300 évêques du Brésil à l’archevêché de Rio. Invitant l’Eglise à ne pas « céder au désenchantement, au découragement, aux lamentations », il a évoqué « le mystère difficile de ceux qui quittent l’Eglise », celui des personnes qui se sont laissées « illusionner par d’autres propositions ». Et le pape de s’interroger : « Peut-être l’Eglise est-elle apparue trop faible, peut-être trop éloignée de leurs besoins, peut-être trop pauvre pour répondre à leurs inquiétudes, peut-être trop froide à leur égard, peut-être trop autoréférentielle, peut-être prisonnière de ses langages rigides, et le monde a peut-être fait de l’Eglise une survivance du passé, insuffisante pour les questions nouvelles ».
Face à « ceux qui cherchent des réponses dans les nouveaux et nombreux groupes religieux, mais aussi ceux qui semblent désormais sans Dieu que ce soit en théorie ou en pratique », le pape François a appelé de ses vœux « une Eglise en mesure de tenir compagnie ». Cette Eglise, a-t-il souhaité, doit être capable « d’aller au-delà de la simple écoute » pour accompagner les hommes, capable aussi « de déchiffrer la nuit contenue dans la fuite de tant de frères et sœurs ». « Je voudrais que nous nous demandions tous aujourd’hui, a-t-il lancé aux évêques, sommes-nous encore une Eglise capable de réchauffer le cœur ? » Alors que le Brésil enregistre une chute vertigineuse du nombre de catholiques, le pape François a mis en cause les promesses d’une « mondialisation implacable » et son « côté obscur » comme « la perte du sens de la vie », « la rupture intérieure et la fracture dans les familles ». Mais aussi « les tentatives ratées de trouver des réponses dans la drogue, dans l’alcool, dans le sexe devenus prisons supplémentaires ».
Le pape François a encouragé la promotion d’une « formation qualifiée » qui permette « d’écouter les illusions d’un grand nombre, sans se laisser séduire ». Et de préciser que « la bureaucratie centrale n’est pas suffisante » et qu’il convenait de « faire grandir la collégialité et la solidarité ». Il a souligné l’importance de renforcer la famille, les jeunes et les femmes, ces dernières ayant « un rôle fondamental dans la transmission de la foi ». « Ne réduisons pas l’engagement des femmes dans l’Eglise, mais promouvons leur rôle actif dans la communauté ecclésiale », a demandé le pape. Il a également affirmé pour l’Eglise « le droit de servir l’homme dans son intégralité », « le droit et le devoir de maintenir allumée la flamme de la liberté et de l’unité de l’homme ».
Dans la soirée du 27 juillet, la veillée de prière avec les jeunes n’a pas eu lieu à Guaratiba, le terrain étant devenu impraticable avec les pluies, mais sur la plage de Copacabana. Sur l’immense podium, avant la venue du pape, des jeunes ont dansé un instant avec des évêques du monde entier, salués par une foule électrisée. Aux 3,5 millions de jeunes présents, selon les chiffres officiels des organisateurs, le pape François a demandé de ne pas être des « chrétiens à temps partiel », « ankylosés » ou « de façade ». « Je suis certain que vous ne voulez pas vivre dans l’illusion d’une liberté qui se laisse entraîner par les modes et les convenances du moment », a-t-il affirmé avant de poursuivre : « Je sais que vous visez haut, vous voulez faire des choix définitifs qui donnent plein sens à la vie ». « Vous êtes les constructeurs d’une Eglise plus belle et d’un monde meilleur », a affirmé le pape. « Dépassez l’apathie, offrez une réponse chrétienne aux inquiétudes politiques et sociales du monde », a exhorté le souverain pontife, avant d’ajouter : « Que fait un joueur quand il est appelé à jouer dans une équipe ? Il doit s’entraîner, et s’entraîner beaucoup ! », et de préciser que Jésus promettait une récompense bien meilleure que « la Coupe du monde » : « la vie éternelle ». Après son exhortation, la foule assista au salut du Saint-Sacrement.
Le 28 juillet le pape François a célébré la messe de clôture des 28e Journées mondiales de la jeunesse sur la plage de Copacabana, en présence des chefs d’Etat du Brésil, de Bolivie, du Surinam et d’Argentine, devant 3,7 millions de personnes. « L’Evangile est pour tous, et non pour quelques-uns », a déclaré le pape, les invitant à ne pas avoir « peur d’aller et de porter le Christ en tout milieu, jusqu’aux périphéries de l’existence ». « Jésus-Christ compte sur vous ! L’Eglise compte sur vous ! Le pape compte sur vous ! ».
Dans l’après-midi du 28 juillet, le pape s’est adressé aux représentants des 22 Conférences épiscopales d’Amérique latine et des Caraïbes (C.E.L.A.M.). Il a précisé que le renouveau de l’Eglise passe par la conversion des prêtres, qui doivent guider les fidèles, et non les manipuler ou leur imposer « de soumission indue ». Dans le cadre du devoir missionnaire des chrétiens, l’Eglise est exposée à plusieurs « tentations », a expliqué le pape François, qui seraient autant de risques « d’idéologisation du message évangélique ». Il a ainsi dénoncé l’interprétation « aseptisée » de l’Evangile et de l’Eglise, qui peut revêtir plusieurs aspects : celui de la « réduction socialisante », ou celui d'une spiritualité « désincarnée » avec une idée déviée du progrès qui propose « que les prêtres se marient, que les religieuses soient ordonnées, que l’on donne la communion aux divorcés », a poursuivi le pape. Il a également critiqué la « tentation gnostique » d’une certaine élite imbue de la culture des Lumières. Enfin, il a dénoncé comme une tentation « pélagienne » la proposition visant à promouvoir une restauration qui recherche « de manière exagérée une ‘sécurité’ doctrinale ou disciplinaire », confirmant par là-même ses confidences du 6 juin dernier aux responsables de la Confédération latino-américaine et des Caraïbes des religieux et religieuses (CLAR). – Voir DICI n°277 du 21/06/13.
Le pape a également fustigé « le fonctionnalisme » qui paralyse l’Eglise. Cette conception réduit la réalité de l’Eglise à la structure d’une ONG où « ce qui importe c’est le résultat constatable et les statistiques », a-t-il déploré. Le pape a indiqué plusieurs fois qu’il voulait contribuer à augmenter la synodalité dans l’Eglise, l’un des concepts-clés du concile Vatican II, faisant des évêques les co-responsables du gouvernement de l’Eglise. Il a aussi dénoncé la tentation du cléricalisme, encourageant la responsabilité des laïcs à travers « la proposition des groupes bibliques, des communautés ecclésiales de base et des conseils pastoraux ».
Dans l’avion qui le ramenait à Rome dans la nuit du 28 au 29 juillet 2013, le pape François a répondu aux questions des 70 journalistes qui l’accompagnaient.
Interrogé sur sa volonté de réformer la curie le pape a assuré que « ce sont des choses que les cardinaux ont demandées à celui qui allait devenir le nouveau pape ». La création d’une commission de huit cardinaux pour l’aider dans la réforme de la curie et le gouvernement de l’Eglise s’inscrit dans « la ligne de la maturation de la relation entre synodalité et primat ». Parmi les nombreuses réformes proposées à la veille du conclave, le pape François a énuméré une réforme de la méthodologie du secrétariat du synode, la possibilité de donner un caractère de consultation permanent, des consistoires de cardinaux moins formels.
A propos des divorcés remariés : « On doit regarder cela dans la totalité de la pastorale du mariage. Entre parenthèses, les orthodoxes ont une pratique différente. Ils suivent ce qu’ils appellent la théologie de l’économie et offrent une deuxième possibilité. Je crois que ce problème – et je referme la parenthèse – doit être étudié dans le cadre de la pastorale du mariage. L’un des thèmes sur lesquels je consulterai le conseil des huit cardinaux, du 1er au 3 octobre, sera de voir comment avancer en termes de pastorale matrimoniale », précisant qu’ « on se marie sans maturité, sans s’apercevoir que c’est pour toute la vie ou parce que, socialement, l’on doit se marier. Cela entre dans la pastorale du mariage, comme le problème judiciaire de la nullité des mariages ».
Sur l’ordination des femmes : « L’Eglise a parlé et a dit non, Jean-Paul II l’a dit avec une formulation définitive, cette porte est fermée ».
Mouvements charismatiques : « Vers la fin des années 1970 et au début des années 1980, je ne pouvais pas les supporter ! (…) Aujourd’hui je crois que ces mouvements font beaucoup de bien à l’Eglise, en général. » Canonisation : « Célébrer les canonisations de Jean XXIII et Jean-Paul II ensemble est un message pour l’Eglise, ils sont tous les deux très bons ». Leur canonisation devrait avoir lieu selon toute vraisemblance en 2014, et le 30 septembre prochain, a annoncé le pape, devrait se tenir le consistoire des cardinaux pour annoncer la date de ces canonisations.
Evêque de Rome : Interpellé sur son insistance à se présenter comme 'l’évêque de Rome' ; « On ne doit pas aller plus loin que ce qui est dit. Le pape est évêque, l’évêque de Rome, et pour cela il est le successeur de Pierre, le vicaire du Christ… Le premier titre est évêque de Rome et les autres en découlent. Penser que cela signifie être primus inter pares, non. »
Le podium du chemin de croix.
(Sources : apic/fides/pewforum/imedia/vis/vatican.va/kna – DICI n°280 du 09/08/13)