Canada : La Fraternité Saint-Pie X acquiert un ancien couvent près de Montréal

Ce « joyau de la culture catholique québécoise », selon les termes du communiqué du Supérieur du district, l’abbé Jürgen Wegner, a été édifié au milieu du XIXe siècle. Arrivées de France à l´initiative de l’évêque de Montréal, Mgr Ignace Bourget, en 1854, les Sœurs de la Présentation de Marie avaient introduit la dévotion à saint Joseph en lui dédiant leur couvent ainsi que sa belle chapelle.

Désirant « honorer la tradition des lieux », la Fraternité Saint-Pie X a tenu à reprendre le nom de « Centre Saint-Joseph », un centre dont « l’influence spirituelle » devrait « dépasser largement les limites de la Province de Québec », déclare l’abbé Wegner. Dans un premier temps, cette nouvelle maison devrait servir de prieuré pour la région de Montréal, « en attendant de voir quelles seront les vocations que nous pourrons lui attribuer. » C’est un lieu chargé d’histoire que la Fraternité a acquis. Comme l’indique le dépliant de présentation du Centre, le nom de l’abbé Joseph-André Provençal est indissociablement lié aux origines du couvent. Curé de Saint-Césaire de 1850 à 1889, « M. Provençal fut considéré par beaucoup comme un saint ».

Un an à peine après son arrivée, « cette grande âme d’apôtre voulut doter sa paroisse d’un couvent pour l’éducation des jeunes filles », car « il savait que c’est par la femme et par la mère qu’on atteint le plus sûrement le fond de la population. » Au printemps de 1856, M. le curé bénit la première pierre ; à la rentrée de septembre 1857, le pensionnat ouvrait ses portes et accueillait, dès le premier jour, 150 élèves. Vingt-trois ans plus tard, la chapelle fut bénite le 24 octobre 1889 par le Bienheureux Louis-Zéphirin Moreau, évêque du diocèse de Saint-Hyacinthe, dont dépend Saint-Césaire. Les murs et le plafond sont entièrement recouverts de fresques, œuvre de l’artiste Joseph-Thomas Rousseau qui y a allié le style byzantin et le style roman.

La structure de la nef est supportée par huit colonnes à chapiteaux corinthiens. Les fresques des deux coupoles de la nef, d’allure byzantine, représentent des scènes de la vie de la T.S.Vierge. Le chœur est surmonté d’un baldaquin et entouré de deux peintures, l’une du mariage de Joseph et de Marie, l’autre de la sainte Famille. De chaque côté du chœur, on trouve de belles statues couronnées de la T.S. Vierge et de saint Joseph. Au milieu du jubé trône un orgue à tuyaux du facteur Casavant. Le chemin de croix est peint à même le mur. La chapelle est pourvue d’un clocher imposant, flanqué de deux tourelles. Entre ces deux tourelles, se trouve une statue de saint Joseph dans une niche portant l’inscription « Ite ad Joseph », avec la date de la bénédiction de la chapelle qui fut, durant de longues années, un centre de pèlerinage en l’honneur de saint Joseph. Faute de vocations, les religieuses ont vendu le couvent en l’an 2000.

Comme bien souvent depuis les années 60 dans la Belle Province, les édifices religieux sont abandonnés les uns après les autres (voir DICI n°216). Sur le seul territoire de la ville de Québec, on recense près de 300 propriétés de communautés religieuses. En majorité, ces bâtiments datent de la fin XIXe ou du début XXe siècle ; ils sont menacés de destruction, à moins de se voir « recyclés » en copropriétés d’habitations, en bibliothèques, en centres communautaires ou même en hôtels de ville… Déjà en 1996, le collège Saint-André de Saint-Césaire, édifié en 1869 sous l’égide du curé Provençal, ferma et fut transformé en résidence pour personnes âgées. Les Sœurs de la Présentation de Marie avaient cédé le couvent et la chapelle à une coopérative d’éducation qui fort heureusement préserva intactes la spécificité et la beauté des lieux. C’est cette coopérative qui, le 8 décembre 2010, jour de la fête de l’Immaculée Conception, accepta l’offre d’achat de la Fraternité Saint-Pie X.