Canada : le pape doit-il se repentir ?

La Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) ne croit pas que le pape doive présenter des excuses dans l’affaire des « pensionnats autochtones », a-t-elle fait savoir lors d'un point de presse le 18 avril 2018, à Ottawa.
A partir de 1880 et jusqu'à la fermeture du dernier établissement, en 1996, 150.000 Canadiens issus de familles indiennes ont été scolarisés dans des pensionnats autochtones tenus pour nombre d'entre eux par l’Eglise catholique. Le but était d’assimiler ces jeunes à la société canadienne.
De nombreux abus ayant été dénoncés, la Commission de vérité et de réconciliation a enquêté sur 7.000 témoignages et a conclu en 2015 à un « génocide culturel ». Dans la 58e recommandation de son rapport, elle va même jusqu'à demander les « excuses » du pape au nom de l'Eglise. En voici les termes : « la Chambre demande à la Conférence des évêques catholiques du Canada d'inviter le pape François au Canada pour s'excuser, au nom de l'Eglise catholique, aux peuples autochtones pour le rôle de l'Eglise dans le système des pensionnats autochtones ».
A la fin du mois de mars 2018, Mgr Lionel Gendron, président de la CECC a fait savoir qu'après avoir examiné attentivement la demande de la Commission de vérité et de réconciliation et en avoir « discuté abondamment avec les évêques du Canada », le pape François était d'avis qu'il ne pouvait « y répondre personnellement ».
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, en a profité pour souffler sur les braises le 28 mars 2018 se disant « très déçu de la décision de l'Eglise catholique de ne pas offrir des excuses pour les écoles résidentielles ». Ce dernier développement a conduit le Nouveau Parti démocratique (NPD), le plus à gauche des grands partis fédéraux, à proposer une motion demandant aux évêques d'inviter le pape au Canada pour qu'il s'excuse.
Mgr Gendron a expliqué le 18 avril 2018 que la CECC avait envoyé aux députés et sénateurs canadiens un document qui indique qu'en raison de la « structure décentralisée de l'Eglise, il ne serait pas approprié pour le pape de s'excuser. Le Saint-Père a jugé que les évêques sur le terrain étaient les mieux placés pour entamer une véritable réconciliation avec les peuples autochtones ».
La motion doit prochainement être examinée par les parlementaires durant la semaine du 22 avril. Les conservateurs ont d’ores et déjà décidé de ne pas donner de consigne de vote.
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Sources : trc.ca/Le Figaro/la presse.ca/ici.radio-canada - FSSPX.Actualités - 21/04/2018)