Cardinal Vingt-Trois - bioéthique : ne pas occulter le droit des enfants

Source: FSSPX Actualités

Le 17 octobre 2017, en la basilique Sainte-Clotilde, proche de l’Assemblée nationale, le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a célébré la messe de rentrée des parlementaires et des responsables politiques. C’est la dernière fois que le prélat s’adressait aux politiques en tant qu’archevêque de Paris.

Commentant, dans son homélie le dialogue entre le Christ et les Pharisiens, le cardinal de Paris s’est notamment arrêté sur la question de l’extension exponentielle des moyens de communication, qui « confronte chacune et chacun des citoyens à une masse d’informations et de commentaires qui dépasse, et de beaucoup, le volume et le rythme réels des événements ». Il voit dans cette frénésie « une véritable boulimie dont l’effet est de solliciter toujours davantage les réactions immédiates et de substituer progressivement ces réactions aux faits eux-mêmes ». Appelant les élus à une certaines ascèse, Mgr Vingt-Trois leur a déclaré : « ce n’est pas la communication qui doit déterminer l’action mais l’action qui doit nourrir la communication ».

S’appuyant sur l’apôtre saint Paul affirmant « Je n’ai pas honte de l’Evangile » (Rm 16, 1), l’archevêque de Paris a insisté sur la difficulté actuelle d'annoncer le message de l'Eglise dans une société largement sécularisée, situation qui rappelle celle vécue par l'Apôtre des Gentils. Celui-ci, « juif et pharisien par sa naissance et sa formation, est confronté à un double dilemme dont l’épître aux Romains nous donne un aperçu et qui n’est pas sans éclairer notre propre situation. Comment l’annonce de l’évangile peut-elle être réalisée à l’égard de ceux qui ne sont pas juifs et comment peut-elle se situer face aux philosophies et aux religions païennes ? »

La réponse se trouve dans l'épître, où saint Paul commence par s'appuyer non pas directement sur la révélation positive mais « sur la manifestation de Dieu accessible à tout être humain : le signe de la création ». « Depuis la création du monde, on peut voir avec l’intelligence, à travers les œuvres de Dieu, ce qui de lui est invisible. » Cette affirmation de l'Apôtre, explique le prélat, « ouvre à toute intelligence humaine de bonne foi la possibilité de percevoir l’appel de Dieu à une vie juste et raisonnable. Elle définit ainsi une ligne claire pour la mission des apôtres en ce monde. Ils doivent faire appel à cette intelligence des hommes pour déchiffrer les chemins d’une vie bonne à travers les signes de la création ». Parler à l'intelligence des hommes et à la connaissance naturelle qu'ils peuvent avoir de Dieu est assurément une entrée en matière adaptée. Notamment à l'heure où la révision des lois de bioéthique est prévue par le législateur en 2018.

L'archevêque de Paris souhaite que ce soit « l’occasion d’un authentique débat sur les diverses conceptions de l’être humain (…), notamment sur les questions concernant la procréation médicalement assistée et ses conséquences prévisibles ».

Le cardinal a rappelé que sur ces thèmes de société que sont la GPA (Gestation par autrui) et la PMA (Procréation médicalement assistée), il dépendra des élus que les débats échappent « aux caricatures faciles et se situent au niveau des vrais enjeux ». Il est particulièrement significatif, a-t-il poursuivi, « que dans les opinions émises à ce jour on occulte généralement les droits des enfants ». « Nous ne pouvons pas fortifier une société réellement démocratique en plaçant les désirs personnels au-dessus de toute réflexion éthique », a encore affirmé le prélat qui doit bientôt quitter ses fonctions. Malade, il aura le 7 novembre prochain 75 ans, âge auquel les évêques sont tenus de présenter leur démission au souverain pontife.

En 2018, la révision de la Loi de bioéthique sera l’occasion pour le gouvernement français de présenter son projet d’élargissement de la PMA aux femmes seules ou "en couple avec une autre femme". Le Conseil consultatif national d’éthique a pour sa part aussi souhaité l’ouverture d’un débat sur la GPA au sein de tous "les couples de même sexe".

Cette homélie de l'archevêque de Paris est pour FSSPX.Actualités l'occasion de rappeler que l’Eglise catholique ne saurait admettre la GPA et la PMA. Pour reprendre les termes employés par Paul VI en 1968 dans son encyclique Humanae vitae : « tout problème concernant la vie humaine (…) doit être considéré, au-delà des perspectives partielles - qu'elles soient d'ordre biologique ou psychologique, démographique ou sociologique - dans la lumière d'une vision intégrale de l'homme et de sa vocation, non seulement naturelle et terrestre, mais aussi surnaturelle et éternelle ».

Très précisément la position de l’Eglise découle de deux principes fondamentaux : le statut de l’embryon qui doit être respecté comme une personne à naître, et la dignité de la procréation qui doit avoir lieu dans l’acte conjugal – qui plus est entre personnes légitimement mariées. L'acte conjugal a pour fin de donner la vie. Il s'agit d'un acte humain, finalisé et comportant une moralité, comme tout acte humain. Ces deux principes rendent hommage au créateur : Dieu, seigneur et maître de la vie comme de la mort, dont les droits sur sa création demeurent intangibles et dont Il demandera compte.