“Ce Dieu qui réjouit ma jeunesse” de Dom Aubourg

Il y a quatre ans, Sœur Ambroise-Dominique Salleron, dominicaine enseignante de Fanjeaux, faisait paraître une importante biographie de Dom Gaston Aubourg (1887-1967), bénédictin « exclaustré » de Solesmes, après la condamnation de l’Action française (1926), et devenu « moine au cœur du monde ».
Avec Ce Dieu qui réjouit ma jeunesse, elle nous propose un recueil de « méditations sur la foi », tirées des sermons, des conférences et de la correspondance de celui qui fut et demeure un maître spirituel.
Dans son avant-propos Sœur Ambroise-Dominique rapporte ce qu’écrivait une religieuse à Dom Aubourg : « Votre âme apostolique se renouvelle en se donnant », et elle nous confie que le moine bénédictin « répétait que l’unique façon de faire écho au don de Dieu était de se donner en donnant Dieu ».
Pour se convaincre de la justesse de ce propos, il suffit de lire ce qu’il affirmait lors d’une conférence spirituelle donnée aux religieuses de Saint-Vigor dont il était l’aumônier : « Qu’y a-t-il de plus précieux que la charité ou de plus cher ? Voulez-vous en savoir le prix ? Avec quoi la pourriez-vous payer ?
« Le prix du blé ou des pommes, c’est votre monnaie ; le prix d’une terre, c’est votre argent ; le prix d’une perle ou d’un bijou, c’est votre or. Mais le prix de votre charité, c’est vous-mêmes. Ce n’est plus votre monnaie, votre argent, votre or qu’il faut donner. Non, c’est vous-mêmes. »
Et d’insister : « Vous avez peur peut-être de vous perdre en vous donnant ? Ecoutez plutôt ce que vous dit la sagesse divine : “Donne-moi ton cœur, qu’il soit à moi, la sagesse divine, et tu ne le perdras plus. Que t’en restera-t-il ? Tout, car c’est tout entier que tu le possèderas avec moi, puisque c’est tout entier que veut t’avoir enfin celui qui t’a créé. Totum te exigit, qui fecit te, il exige tout de toi, celui qui t’a créé” (saint Augustin, sermon XXXIV). » [p. 159]
Dom Aubourg se situe à cette hauteur spirituelle. Ses « méditations sur la foi » sont des élévations. Il entraîne ses auditeurs, devenus aujourd’hui ses lecteurs ; il les élève au-dessus de la médiocrité. Il les hausse et les hisse avec une ardeur qui bannit toute mièvrerie. Comme l’écrit Sœur Ambroise-Dominique :
« Son intelligence de la foi ravive les âmes au goût du vrai, du beau et du bien, avec le secours de la prière et l’abandon à la Providence. Vérité, charité, liberté, sa quête rejoint celle de tous les hommes de bonne volonté soucieux de réalisme et d’épanouissement spirituel, une quête propre à tout restaurer dans le Christ. »
Dom Aubourg est mort à Caen en 1967, profondément affecté par la déchristianisation, la chute des vocations et l’effondrement de la formation du clergé. Son œuvre reste. Ainsi que l’affirme son éditrice, patiente et zélée, « le lecteur de ces méditations et réflexions ne manquera pas d’être saisi par leur extrême actualité et accessibilité dans un monde où la joie des baptisés cède parfois le pas aux désespoirs d’un matérialisme devenu planétaire. »
Dom Gaston Aubourg, Ce Dieu qui réjouit ma jeunesse. Méditations sur la foi. Préface de Philippe Barthelet. Avant-propos et textes recueillis par Sœur Ambroise-Dominique Salleron. Via Romana, 218 pages, 19 €.
(Source : Via Romana/DICI n°455 – FSSPX.Actualités)