Chine : le recyclage socialiste du clergé catholique

Source: FSSPX Actualités

La sinisation de la religion catholique, souhaitée expressément par le président Xi Jinping a connu de nouveaux développements durant le mois de juillet 2019, avec l’organisation d’une session de recyclage à l’usage du clergé, qui se voit intimer l’ordre de suivre désormais « un chemin conforme à la société socialiste ».

Le diocèse de Mindong, situé sur la côte chinoise dans la province de Fujian, est l’une des plus anciennes circonscriptions ecclésiastiques de l’empire du Milieu. Pour cette raison, il a été choisi par Pékin afin d’être le diocèse-pilote de la mise en œuvre de l'accord secret conclu entre la Chine et le Saint-Siège, le 22 septembre 2018. 

Mgr Zhan Silu - évêque schismatique excommunié, réconcilié par le pape - a donc pris la place de Mgr Guo Xijin - membre de l’Eglise souterraine et légitime ordinaire du lieu jusqu’ici - qui a accepté d'être rétrogradé comme évêque auxiliaire, à la demande du pontife romain. 

Toutefois, Mgr Guo n’est pas, à cette heure, reconnu par le gouvernement, parce que Pékin l'oblige à signer un acte d’adhésion que le prélat juge inacceptable. D’ailleurs, une partie des prêtres du diocèse de Mindong ont également refusé d’apposer leur signature à ce document. 

Session de recyclage et sinisation du catholicisme 

Quelques prêtres et religieux ont tout de même accepté. Pour ceux-là, le Parti communiste chinois (PCC) a organisé du 21 au 27 juillet 2019 à Pékin, une session de recyclage, durant laquelle les cadres du parti ont expliqué aux prêtres l’orientation pastorale qui doit désormais être la leur : « être conduits par les valeurs fondamentales du socialisme » et « participer activement au développement d’une Eglise indépendante, autonome et démocratique ». 

A la fin de la session, le nouvel évêque légitime de Mindong s’est adressé à tous ses prêtres et religieux en des termes qui ne laissent guère de doutes sur la volonté de Pékin de normaliser l’Eglise catholique : « nous allons remplir nos devoirs conformément aux enseignements de l’Evangile, en renforçant notre confiance mutuelle (…), en approfondissant le contenu de la doctrine catholique dans le but de favoriser l'harmonie sociale (…), de mener à bien la sinisation de la religion : nous continuerons donc à suivre un chemin conforme à la société socialiste. Enfin, il nous faut contribuer à la création d'une nouvelle réalité dans le diocèse de Mindong et dans l'Eglise catholique du Fujian ». 

Une déclaration inquiétante, qui renforce la position du cardinal Joseph Zen, ancien évêque de Hong-Kong, critique lucide - dès la première heure - de l’accord entre la Chine et le Saint-Siège. En effet, le prélat mettait en garde, le 29 janvier 2018 : « est-il possible d’avoir quelque chose ‘en commun’ avec un régime totalitaire ? Pourrait-on imaginer un accord entre saint Joseph et le roi Hérode ? ».