Claude Duboscq au milieu de Francis Jammes, Henri Ghéon, Henri Charlier...

Source: FSSPX Actualités

Claude Duboscq par le peintre Jules Joëts.

L’abbé Gilles Duboscq, le plus jeune fils du poète, musicien et dramaturge Claude Duboscq, vient de faire paraître une remarquable biographie de son père où l’on voit apparaître le poète Francis Jammes, le dramaturge Henri Ghéon, le sculpteur Henri Charlier, et où sont évoqués le Mesnil-Saint-Loup du Père Emmanuel, les vers de Charles Péguy, et les œuvres de Paul Claudel...

Car il y a chez Claude Duboscq, tout comme chez ses inspirateurs et ses amis, « cet appel obstiné au renouveau spirituel d’une société éloignée de Dieu, à la sauvegarde des valeurs éternelles, à la purification d’un monde artistique souvent défiguré par des modes dégradantes ». (p. 258)

C’est ce qui rend la lecture de « Claude Duboscq, 1897-1938 » (Editions TerraMare) plus qu’instructive, nécessaire. Mais au lieu de parler de sa vie, laissons la parole à ceux qui ont connu cet artiste aujourd’hui injustement méconnu, et qui ont aimé tout particulièrement son drame lyrique, Colombe-la-Petite (1930), consacré à sainte Colombe de Cordoue, jeune fille martyrisée à Sens.

Henri Charlier, dans la revue Itinéraires n° 333, en 1989 : « L’histoire de Colombe-la-Petite n’est pas un simple épisode tragique où seraient honorées les vertus naturelles de l’héroïne, le courage et la force d’âme d’une gracieuse adolescente. L’auteur en a élargi le sens et lui a donné une vertu spirituelle. Colombe voyage à travers l’Espagne et la France à la recherche de la foi. Presqu’épuisée, elle chante sa première psalmodie : “Pendant des siècles, et des siècles, j’ai voyagé... Fuyant la lèpre des lèpres, Le Péché.” Elle devient la figure de l’âme humaine qui pendant tant de siècles a cherché le moyen de sortir de la fatalité du mal. Tel est déjà le sens profond de la tragédie grecque. (...)

« Telle est cette œuvre où la musique, le drame et la danse sont étroitement unis d’une manière tout à fait neuve. Elle est sœur des œuvres de nos plus grands poètes, Péguy et Claudel. » (Cité en annexe de la biographie, pp. 267-269)

Henri Ghéon qui fit tant pour le théâtre chrétien : « Colombe est morte ; on vient de détacher sa tête, c’est-à-dire son masque. Avec son vrai visage elle apparaît ; elle chante simplement, tandis que les Anges l’entourent : “Mon Dieu, je vous aime.” Et c’est tout. Quel chant ! Les larmes montent aux yeux : car on attend ce mot ; on ne trouve rien d’autre à dire.

« Je ne dissimule pas les difficultés qu’on aura à imposer un art semblable ; mais il suffit qu’il nous soit proposé. Il ouvre au dramaturge chrétien le champ inexploré de la réalité mystique. Il humilie singulièrement notre effort, englué encore dans la vie, dans l’apparence, dans le quotidien. Il ne le décourage pas, mais il l’invite à se décanter et à se dépasser. Disons qu’il le couronne. » (Article paru dans la revue Jeux, Tréteaux et Personnages, n°13, 15 octobre 1931, cité dans la biographie p. 208)

De tels témoignages permettent de saisir combien l’œuvre de Claude Duboscq est un trésor malheureusement enfoui. Le mérite de son fils prêtre est de la faire découvrir ou redécouvrir, dans cette belle biographie, au style alerte, avec de précieux documents en annexe.

Abbé Gilles Duboscq, Claude Duboscq, 1897-1938. Editions TerraMare, 333 p., 20 €.