Colombie : le « mariage » homosexuel refusé par le Sénat
Le 23 avril 2013, le Sénat de la Colombie a refusé, par 51 voix contre 17 et 10 abstentions, un projet de loi sur le « mariage » entre personnes de même sexe. Le gouvernement colombien avait adopté le principe des unions civiles entre homosexuels en 2011. Depuis lors, la Cour constitutionnelle avait fixé au parlement un délai, courant jusqu’en juin 2013, pour décider ou non d’étendre cette législation aux mariages.
Cette proposition de loi a été vivement critiquée par l’Eglise, dans un pays où 80% des 47 millions d’habitants sont de confession catholique. Dans une lettre publique aux sénateurs, l’épiscopat en avait appelé à leur « conscience » et leur avait demandé de soutenir « le seul et vrai mariage, constitué par l’union d’un homme et d’une femme ».
Le cardinal Ruben Salazar, président de la Conférence épiscopale de Colombie, avait déclaré à l’agence catholique péruvienne Aci Prensa : « Nous avons clairement le sentiment que considérer comme égaux le mariage et l’union homosexuelle affecte la construction même de la société ». Et l’archevêque métropolite de Bogota de rappeler que l’Eglise « promeut la famille comme l’union permanente sanctifiée par le sacrement du mariage entre un homme et une femme, qui offre aux enfants la possibilité de grandir dans un climat de sécurité affective leur permettant d’acquérir tous les éléments nécessaires pour se développer progressivement et atteindre une vie pleine à l’âge adulte. »
Depuis 2007, soit quatre ans avant la légalisation des unions civiles, la Cour constitutionnelle colombienne a accordé aux couples homosexuels les mêmes droits sociaux et patrimoniaux que ceux dont bénéficient les unions libres. En revanche, il leur est interdit d’adopter des enfants.
En Amérique latine, le mariage homosexuel est autorisé en Argentine depuis 2010, en Uruguay depuis le 10 avril dernier, ainsi que dans la capitale du Mexique, Mexico, depuis 2009.
En France, la loi a été votée le 23 avril dernier. Dans son édition du 25 avril 2013, L’Osservatore Romano déplore « un choix idéologique », et s’en prend au gouvernement de Jean-Marc Ayrault, « qui a fortement soutenu le projet de loi » et qui « n’a donc pas voulu écouter les très nombreuses voix qui s’étaient élevées ces derniers mois dans de larges pans de la société française, et pas seulement chez les catholiques ». « Le mouvement qui a vaillamment tenté de s’opposer à l’approbation de la loi telle qu’elle a été conçue », rappelle L’Osservatore Romano, « rassemble en effet de vastes couches de la population et compte dans ses rangs des intellectuels et des représentants de toutes les orientations politiques et religieuses, sans distinctions ». Raison de plus pour condamner « le comportement des législateurs qui ont ignoré les raisons de ce mouvement transversal », relève le quotidien du Vatican, qui juge que le vote de 331 oui contre 225 non « indique une profonde division ». Et de déplorer l’absence d’un référendum sur le sujet : « On peut se demander si dans le processus qui a conduit, avant même son approbation, à l’élaboration de la nouvelle loi, il n’aurait pas été nécessaire d’impliquer toute la société civile ».
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(Sources : apic/lemonde/imedia/radiovatican – DICI n°275 du 17/05/13)