Conférence du cardinal Godfried Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles

Source: FSSPX Actualités

 

« Mais on ne voit pas les touffes d’herbe fraîche qui régénèrent partout le jardin de l’Église. Sans vouloir en faire un bulletin de victoires - il n’y a vraiment pas de quoi -, il y a des choses qui vont bien dans l’Église. Il y a des défis relevés et réussis. Pensons au renouveau biblique et liturgique. La Bible a fait son entrée dans tant de foyers et il y a des groupes bibliques partout. Et la messe actuelle du dimanche est à peine comparable à la grand-messe à trois prêtres et en grégorien, d’il y a cinquante ans. Partout des laïcs sont actifs dans les paroisses et, depuis de nombreuses années, la pastorale n’est plus l’affaire d’un seul homme-orchestre, le prêtre. Dieu seul connaît le nombre de groupes de réflexion et de prière, qui se réunissent chaque soir dans les maisons; quantité de nouveaux mouvements de spiritualité voient le jour; partout il y a un désir profond de prière et même de mystique. Sur les rayons des librairies et dans les bibliothèques, toute une littérature de spiritualité a succédé à la vague de la nouvelle théologie tout juste après le Concile. Enfin, rarement l’Église, par une masse de professionnels et de bénévoles, s’est dévouée autant au tiers et au quart monde, aux marginalisés et aux exclus. En France, il y a le curieux phénomène des «recommençants» : ceux qui ont fait leurs adieux à l’Église et à la foi dans les années soixante, mais qui se rendent compte maintenant combien précieuses étaient les richesses de l’Évangile. Chaque année à Pâques, dix mille adultes reçoivent le baptême en France. Et en Hollande, il y a ce phénomène surprenant des nieuwe katholieken: gens généralement de type intellectuel, gens doués et de haut niveau culturel, quelque peu esthétisants aussi, il faut le dire. Non, tout n’est pas négatif en “ce temps magnifique et tragique”, comme l’appelait Paul VI dans son fameux testament.

Les vrais problèmes intérieurs à l’Église ne sont-ils pas avant tout les peurs des chrétiens eux-mêmes ? L’Église décroît quantitativement, mais elle a une conscience plus vive de sa valeur et de sa spécificité; elle deviendra, espérons-le, plus fervente et plus unie comme tout groupe minoritaire. Un esprit d’émulation ou de prosélytisme est appelé à évoluer vers un climat de collaboration, d’ouverture et de tolérance. »