Déception du Vatican devant la Constitution européenne sans références chrétiennes

Source: FSSPX Actualités

 

"Plus que le préjugé anti-chrétien – qui ne surprend pas –, c’est la myopie culturelle qui nous étonne", déclare Mgr Giovanni Lajolo, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les Etats, au quotidien national italien La Stampa du 29 octobre 2004, à propos du manque de référence aux racines chrétiennes de l’Europe, dans la Constitution européenne, signée le jour même à Rome."La mention des racines chrétiennes de l’Europe dans le préambule du Traité constitutionnel était vivement désirée par de nombreux citoyens de ce continent, catholiques, orthodoxes et protestants" et ce n’est pas cette mention qui pouvait "entailler, comme certains le craignaient, la laïcité – la saine laïcité – des structures politiques", regrette l’archevêque italien qui a succédé il y a tout juste un an au cardinal français Jean-Louis Tauran au poste de "ministre des Affaires étrangères" du Vatican.

Pour le Saint-Siège, insérer dans ce texte constitutionnel une référence chrétienne "servait au contraire à continuer de maintenir vivante la conscience de l’identité historique concrète de l’Europe et de ses valeurs inaliénables". "Si la nouvelle "vieille Europe" veut jouer dans le futur un rôle digne de son passé, elle ne devra pas s’affadir avec de vagues réminiscences, mais au contraire être bien plus consciente de ce qui a forgé spécifiquement sa physionomie spirituelle", affirme Mgr Lajolo.



En recevant le 28 octobre au Vatican le président sortant de la Commission européenne, l’Italien Romano Prodi, Jean-Paul II n’a pas manqué de rappeler combien le christianisme a "contribué à la conscience commune des peuples européens" et a "été d’un grand apport dans la formation de leurs civilisations". "Qu’il soit reconnu ou non dans les textes officiels, c’est un fait indéniable qu’aucun historien ne pourra oublier", a ainsi déclaré le pape.

"Eviter la mention explicite des racines chrétiennes de l’Europe n’est pas seulement nier l’évidence historique, mais rabaisser le principe de laïcité à une sorte d’idéologie laïciste", écrit par ailleurs l’Osservatore Romano, le quotidien du Vatican, dans son édition du 28 octobre. Interrogé par I’Apic dans la soirée du 28 octobre, le cardinal secrétaire d’Etat, Angelo Sodano, avait également parlé de "lacune de l’identité historique" dans la Constitution européenne. Autre réaction à Rome: l’agence catholique missionnaire Asia News a qualifié le 29 octobre, de "boiteuse" la signature de la Constitution européenne dans un éditorial de son directeur, le Père Bernardo Cervellera, ancien directeur de l’agence vaticane Fides : "C’est un corps boiteux et qui aura du mal à marcher, qui s’est doté d’une Constitution".

Des mesures exceptionnelles de sécurité ont été prises pour cette signature. Le centre historique de la capitale italienne a été placé sous haute sécurité, avec la mobilisation de quelque 7.000 policiers et membres des forces de sécurité. Un large périmètre autour de la colline du Capitole a été interdit à la circulation et aux piétons, le 29 au matin. Ces mesures n’ont pas empêché une petite centaine de personnes de participer à un sit-in à Rome, place de la République, pour réclamer l’inscription des racines chrétiennes dans la Constitution européenne. "L’Europe est chrétienne ou elle n’est pas", affirmait une banderole portée par les manifestants appartenant à des mouvements de jeunesse chrétienne. La manifestation s’est déroulée sans incident.