Déclaration du cardinal Etchegaray sur l’Eglise en Chine
Le 28 octobre, à l’Université pontificale Grégorienne, le cardinal Etchegaray est intervenu, à l’occasion de la présentation du livre intitulé "Cina e Vaticano, dallo scontro al dialogo","Chine et Vatican, de la confrontation au dialogue" (Editori Riuniti, Roma), rédigé par Alceste Santini, journaliste au quotidien de gauche italien L’Unità.
L’ancien président du Conseil Justice et Paix n’a pas hésité à affirmer :"Il n’y a pas une Eglise patriotique et une Eglise clandestine, l’une légale et l’autre protestataire", mais"deux faces d’une même communauté qui s’efforce d’être fidèle et qui s’efforce en même temps d’être patriotique". Sans faire directement allusion aux récentes arrestations de prêtres et de séminaristes de l’Eglise clandestine, le cardinal Etchegaray a reconnu "les malentendus et les faux pas" entre le Vatican et la République populaire de Chine. Il a souhaité que cessent les “tracasseries”, voire les “persécutions”.
Par malentendus et faux pas, le cardinal pouvait, en autre, faire allusion à la canonisation, le 1er octobre 2000 (anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine), de 120 martyrs de Chine, victimes des persécutions anti-catholiques entre 1648 et 1930. De même, le 6 janvier 2000, 5 évêques avaient été consacrés à Pékin, sans l’autorisation du Vatican, alors que Jean-Paul II avait lui-même procédé à des consécrations épiscopales le jour de la fête de l’Épiphanie dans la basilique Saint-Pierre.
Le cardinal Etchegaray, est l’homme de confiance des missions diplomatiques privées de Jean-Paul II. Il s’est rendu en Chine pour la dernière fois fin septembre début octobre 2003, pour un voyage qui avait comme objectif officiel de rendre hommage à la figure d’un missionnaire français, le père Armand David, scientifique, découvreur du panda au 19e siècle. Le cardinal Etchegaray et le père Armand David sont originaires du même village du pays basque français, Espelette.
Après un passage à Pékin, il est allé dans le village de Ya’an, situé au sud-ouest de Sheng Dou, capitale de la province du Sichouan. Il était l’invité officiel des célébrations de la fête nationale de la République populaire de Chine, le 1er octobre. Selon l’agence Apic, le cardinal Etchegaray est un des artisans privilégiés de l’instauration des relations bilatérales entre le Saint-Siège et la Chine. Il a obtenu le Prix de la paix 2003, décerné par l’Association italienne des amis de Raoul Follereau.
En marge des démarches et déclarations œcuméniques du cardinal Etchegaray, il faut savoir que d’après la Fondation du cardinal Fung, une organisation religieuse de défense des droits de l’homme basée aux Etats-Unis, une douzaine de prêtres et de séminaristes catholiques ont été arrêtés, le 20 octobre, dans la province de l’Hebei, au nord de la Chine. Les personnes arrêtées font partie de l’Eglise catholique clandestine, non inscrite auprès de l’organisme gouvernemental qui regroupe les Eglises “approuvées” par l’Etat. Depuis ces arrestations pour “assemblée illégale”, la Fondation a perdu la trace des 12 clercs.
La Fondation du cardinal Fung, qui demande aux"pays démocratiques de protester", rappelle que l’église catholique de la ville de Shahe, toujours dans l’Hebei, a été rasée en juin, deux semaines après sa construction. Le Bureau chinois des affaires religieuses a justifié sa décision en invoquant l’absence de permis de construire. Bien qu’ayant refusé de communiquer le nombre d’églises ayant subi le même sort, le Bureau souligne qu’à chaque fois les destructions"sont justifiées par de bonnes raisons".