Démographie : la France à l’âge de glace

Une pyramide des âges inversée
« L’histoire, c’est la démographie. C’est elle qui l’enfante. Et elle est sans pitié quand elle redistribue les cartes. Car c’est elle aussi qui commande toutes les dynamiques de puissance et parfois tire un trait sur les peuples qui ne veulent plus vivre, parce qu’ils n’ont plus la force de se perpétuer. »
Inutile de dire que ces quelques lignes écrites par Philippe de Villiers dans Les cloches sonneront-elles encore demain ? (Albin Michel, 2016) résonnent tristement alors que l’Insee vient de publier son tout dernier bilan sur la natalité en France.
L’institut de sondage estime la population française au 1er janvier 2025 à 68,6 millions d’habitants dont 2,3 millions en outre-mer : un chiffre également gonflé par les naturalisations qui représentent officiellement plus de 100 000 personnes par an.
Ainsi, en 2024, le solde naturel est à peine positif : il est estimé à +17 000, son plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il diminue entre 2023 et 2024 sous l’effet combiné d’une baisse des naissances et d’une hausse des décès.
Le nombre de naissances en France est estimé à 663 000 en 2024, en baisse de 2,2% par rapport à 2023 : on est encore loin du fameux « réarmement démographique » plaidé par Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse du 17 janvier 2024, même si la baisse observée est d’une ampleur nettement moindre que celle enregistrée entre 2022 et 2023 et qui représentait -6,6% à l’époque.
Un mauvais résultat auquel répond, comme en miroir, l’indice conjoncturel de fécondité (ICF) qui continue lui aussi de diminuer pour s’établir en 2024 à 1,62 enfant par femme tandis qu’il stagnait déjà à 1,66 en 2023.
Tout en sachant qu’il faut attendre un indice de 2,1 enfants par femme pour pouvoir compter sur un renouvellement de génération : arithmétiquement parlant, la France est bien sur la pente d’un déclin inexorable. Et du déclassement qui l’accompagne.
Il est à noter que la femme française devient mère de plus en plus tard : en 2024, l’âge conjoncturel moyen à l’accouchement poursuit sa hausse tendancielle et s’élève à 31,1 ans, contre 29,5 ans vingt ans plus tôt…
Cécilia Creuzet, spécialiste des questions de périnatalité interrogée par Le Figaro, estime que ces chiffres catastrophiques illustrent la « difficulté qu’ont les familles, et essentiellement les femmes, à concilier vie professionnelle et vie personnelle ». S’y ajoute le problème « du manque de places en crèches et de solutions de garde ». Et de pointer du doigt « l’individualisme croissant que l’on constate dans notre société, qui est contradictoire avec l’idée de fonder une famille ».
Une explication qui oublie de rappeler que cet individualisme est le fruit d’une société sécularisée, privée de toute transcendance, et où l’anthropologie héritée de deux millénaires de christianisme a été systématiquement déconstruite par les chantres du wokisme.
L’espérance de vie, quant à elle, se stabilise à un niveau historiquement élevé en 2024 : elle s’élève à 85,6 ans pour les femmes et 80 ans exactement pour les hommes. Un chiffre supérieur à la moyenne européenne et qui souligne encore plus le vieillissement de la société française : dans l’Hexagone, une personne sur cinq a au moins 65 ans à l’heure actuelle.
Le nombre de mariages repart légèrement à la hausse par rapport à 2023, mais au total le nombre de mariages conclus en 2024 – 247 000 – est supérieur de 10% à son niveau de 2019. Encore faut-il pondérer cette augmentation en précisant que le chiffre donné par l’Insee inclut les 7000 « mariages » qui ont été conclus entre personnes de même sexe…
Une France vieillissante en quête d’identité, en panne de valeurs à transmettre et lassée d’exister : c’est la triste conclusion qui ressort de la lecture du rapport de l’Insee. Pour autant, la Fille aînée de l’Eglise n’est pas encore arrivée à la fin de son histoire : les bébés ne tombent certes pas du Ciel, mais si les Français regardent un peu plus vers lui, nul doute que poindra le printemps démographique.
(Sources : Insee/Le Figaro – FSSPX.Actualités)
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