Dernières nouvelles du procès du Vatican
Francesca Chaouqui et les autres accusés du Vatileaks 2
Les dernières audiences n’ont pas simplifié le travail des juges et des avocats dans ce « procès du siècle » au Vatican. Les témoins se succédant à la barre ont tour à tour fait pencher la balance d’un côté puis de l’autre.
Monseigneur Alberto Perlasca
C’est LE témoin-clé de l’accusation. Au fil des interrogatoires, il a semblé moins assuré, semblant plutôt reculer de positions qui paraissaient bien tranchées dans ses premières interventions. Le promoteur de justice, Alessandro Diddi lui a concocté une surprise : le 30 novembre, il fournit une série de chats de Geneviève Ciferri, amie de la famille Perlasca.
Ce témoin explique au promoteur de justice, que les mesures qu’elle a conseillé à Mgr Perlasca ont été suggérées par « un magistrat âgé » … qui n’était autre que Francesca Immacolata Chaouqui ! Chaouqui a apparemment dit à Ciferri ce qu’elle devait suggérer à Perlasca, étape par étape.
Cette femme, diplômée en droit, a été recrutée par le Vatican début 2013 pour participer à la commission COSEA, afin de préparer une restructuration financière du Saint-Siège, commission dissoute en 2014. Soupçonnée d’avoir fait fuiter des documents confidentiels ayant servi à deux journalistes, elle sera finalement condamnée à dix mois de prison avec sursis (Vatileaks 2, 2016).
Son intervention dans le procès ouvre de multiples questions. Pourquoi a-t-elle pris cette initiative ? Comment a-t-elle su qu’une enquête et un procès étaient en cours ? Seuls les enquêteurs et les gendarmes étaient censés être au courant. Enfin, Mgr Perlasca avoue se sentir menacé par elle.
Avec de tels développements, la crédibilité de Mgr Perlasca a été assez sérieusement entamée, et le poids de son témoignage risque de ne plus peser très lourd après que la défense aura exploité toutes les failles qui se révèlent au fil des audiences.
Gianfranco Mammì
Le 1er décembre, le directeur général de l’Institut des œuvres de Religion (IOR), Gianfranco Mammì, a été entendu. C’est son rapport qui a conduit à l’enquête et au procès. En effet, la Secrétairerie d’Etat avait demandé à l’IOR de reprendre le prêt contracté auprès de Cheyne Capital par le biais d’un autre prêt. L’IOR avait d’abord accédé à la demande, avant de reculer trois jours plus tard.
Lors de l’interrogatoire, Mammì a déclaré que l’IOR ne pouvait accorder des prêts que dans des cas spécifiques – et qu’il s’était senti poussé à accorder le prêt. Il a déclaré que l’Autorité de renseignement financier (AIF) du Vatican n’avait pas agi en tant que tierce partie mais avait fait pression sur l’IOR pour qu’elle accepte le prêt – même si, selon lui, la couverture était insuffisante.
Le témoignage du directeur de l’IOR a été parfois précis et agressif, mais a également fourni des contradictions apparentes et des opinions personnelles. Il reste à comprendre pourquoi Mammì a finalement décidé de déposer son rapport, étant donné que l’IOR a accordé des prêts plus importants dans le passé.
En conclusion, beaucoup de questions
De nombreuses questions se posent en cette fin d’année : Quelle est la crédibilité de Mgr Perlasca en tant que témoin ? Quel est le rôle de Francesca Immacolata Chaouqui ? Qui sont ses contacts au Vatican ? Qu’essaie-t-elle d’obtenir ? Quel est le rôle de l’IOR dans cette affaire ? Même l’impartialité du promoteur de justice risque d’être mise en doute, à cause des messages reçus de la part de proches des personnes impliquées dans le procès, et révélés tardivement.
Alors que personne ne sait quand et comment le procès se terminera, une chose semble claire : la crédibilité en jeu n’est pas seulement celle de l’accusé.
(Sources : CNA/Vatican news/Wikipedia – FSSPX.Actualités)
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