Des théologiens appellent à la reconnaissance des ordinations anglicanes
Cathédrale de Cantorbury
Un groupe de théologiens catholiques et anglicans ont publiquement demandé au Vatican de revoir et d’annuler un document papal de 1896 qui déclarait les ordinations anglicanes « absolument nulles et non avenues » (Lettre Apostolicae Curae de Léon XIII).
« Là où nous marchions autrefois séparément, nous marchons maintenant ensemble dans l’amitié et l’amour », ont écrit les membres du Groupe de conversations de Malines après avoir retracé l’histoire des accords œcuméniques entre l’Eglise catholique et la Communion anglicane et passé en revue les exemples de collaboration et les gestes de reconnaissance.
Le jugement porté par le pape Léon XIII dans sa lettre apostolique Apostolicae Curae en 1896 « ne s’accorde pas avec la réalité dans laquelle l’Esprit nous a conduits maintenant », ont déclaré les membres du groupe, sorte de dialogue informel entre catholiques et anglicans qui a débuté en 2013.
Les membres du groupe ont présenté leur document le 15 décembre à l’Université pontificale Saint-Thomas d’Aquin de Rome. Ce document de 27 pages est intitulé « Sorores in Spe – Sœurs dans l’espérance de la résurrection : Une nouvelle réponse à la condamnation des ordres anglicans ».
Mgr Brian Farrell, secrétaire du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, a déclaré que bien que le Vatican ne parraine pas le dialogue du groupe, « nous sommes très heureux » que la question des ordres anglicans soit « examinée dans le contexte œcuménique totalement différent d’aujourd’hui, alors que tant de choses ont été réalisées dans les relations anglicanes-catholiques ».
« Du point de vue catholique, il s’agit de trouver le langage théologique et canonique qui refléterait mieux ce que nous faisons en pratique, à savoir reconnaître un véritable ministère dans d’autres églises », a-t-il déclaré à Catholic News Service.
Le contexte de Sorores in Spe est la différence théologique et pratique dans les relations entre catholiques et anglicans au cours des 125 dernières années et, surtout, depuis que le dialogue théologique officiel entre anglicans et catholiques romains a été établi en 1967.
Les motivations théologiques et canoniques de la décision du pape Léon XIII étaient les défauts de forme et d’intention dans les rites d’ordination anglicans, car « il n’était pas clairement établi que le prêtre recevait “le pouvoir de consacrer et d’offrir le véritable Corps et Sang du Seigneur” » et parce que la Communion anglicane avait introduit un rite non approuvé par l’Eglise.
Mais les déclarations officielles concertées de la Commission internationale anglicane-catholique romaine depuis 1970, notamment sur l’Eucharistie et sur le ministère, « témoignent d’un intime air de famille entre nos traditions, qui révèle une communion déjà partagée », a déclaré Sorores in Spe.
Enfin, « le fait que les femmes puissent, dans la plupart des provinces anglicanes, être maintenant ordonnées, ne signifie pas en soi que la condamnation du pape de 1896 doive être appliquée à la situation actuelle », précise le document.
Une erreur sacramentelle majeure
Si l’on suit le raisonnement du document, le contexte nouveau – œcuménique – serait en mesure de modifier le jugement porté par le pape Léon XIII.
C’est ignorer à peu près complètement la théologie sacramentaire de l’Eglise. Le pape Léon XIII a jugé que les nouveaux rites introduits par les anglicans ne possédaient pas les éléments formels pour constituer un rite catholique, et avaient de plus été introduits contre l’Eglise. Ce jugement n’est pas soumis aux fluctuations du temps. Il est fondé immédiatement sur le rite.
Que des anglicans l’appliquent à des femmes est un argument supplémentaire pour affirmer qu’il n’est pas catholique, et donc, selon la formule de Léon XIII « absolument vain et entièrement nul ».
(Source : Ucanews – FSSPX.Actualités)
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