Dispute au sein de l’Eglise syro-malabare

Le cardinal George Alencherry, archevêque majeur
Le Synode des évêques syro-malabars, qui s’est conclu le vendredi 27 août 2021, par une décision portant sur la liturgie, n’a pas ramené la paix au sein de cette Eglise catholique orientale, dont le territoire recouvre toute l’Inde depuis 2017.
L’Eglise syro-malabare
Un certain nombre de catholiques vivant en Inde pratiquent un rite syriaque oriental ou chaldéen – à la différence de l’Eglise syro-malankare qui emploie le rite syriaque occidental. A l’origine, ces chrétiens de rite syriaque ou chaldéen, étaient établis sur la côte occidentale de l’Inde anglaise, dans la région du Malabar, d’où leur nom.
Ils dépendaient initialement de l’Eglise syriaque orthodoxe, située surtout en Perse. Après divers va-et-vient aux XVIe et XVIIe siècle, une partie de ces chrétiens syriaques se réunit à Rome au début du XVIIIe siècle pour former l’Eglise catholique syriaque ou chaldéenne.
Mais en Inde, sous l’influence des Portugais, les chrétiens syriaques se placèrent sous l’autorité de Rome dès 1599, lors du concile de Diamper, pour former l’Eglise syro-malabare.
Evolution de la liturgie syro-malabare
Les habitants du Malabar parlent le malayalam, mais la langue liturgique est le syriaque, et leur tradition rituelle, orientale. Avec l’arrivée des Portugais, la liturgie subit une forte latinisation : les sacrements sont modelés sur les modèles latins.
Une restauration partielle de l’autonomie de l’Eglise syro-malabare s’opéra vers la fin du XIXe siècle, ce qui engendra des divergences sur son identité et sur la question de la réforme liturgique.
Deux courants naquirent alors, qui persistent encore. Une minorité voulait la restauration complète de la tradition syro-orientale. Ce groupe est partisan d’une chaldéanisation. Mais la majorité s’y opposait, voulant au contraire une indianisation, ou inculturation à la mode indienne.
En 1934, une commission papale est nommée pour la révision du Pontifical syro-malabar. Pie XII créa une autre commission pour la restauration des textes des sacrements en 1954. Un désaccord parut entre ces commissions et les évêques syro-malabars, entraînant une division de la communauté.
La célébration : face au peuple ou face à l’autel ?
Vers la fin des années 1960, une nouvelle latinisation se manifesta sous l’influence du concile Vatican II, qui entraîna une division parmi les évêques eux-mêmes.
A cette époque, tous les diocèses introduisirent la célébration face au peuple, entièrement ou partiellement. Vers la fin des années 1970, un diocèse favorable à la restauration syriaque, fit pression pour que le célébrant soit toujours tourné vers l’autel. S’ensuivirent de longs débats.
Le 16 décembre 1992, l’Eglise syro-malabar était élevée au statut d’archiépiscopat majeur, permettant l’établissement d’un Synode et donnant une certaine autonomie à cette Eglise. Et en 1998, Rome confiait au Synode syro-malabar l’ensemble du processus de révision liturgique.
En 1999, le Synode décida, unanimement, que le prêtre se tournerait face au peuple jusqu’à l’offertoire, puis qu’il se tournerait vers l’autel jusqu’à la communion. Cette décision rencontra de fortes résistances, des prêtres et des fidèles voulant garder « leurs traditions ». Traditions, qui, soit dit en passant, ne remontent pas à plus de cinquante ans.
Le tout récent Synode de l’Eglise syro-malabare a donc décidé, à l’unanimité, de reprendre et d’entériner cette décision de 1999. Mais cela n’a manifestement pas été du goût de tous, et il faut s’attendre à de nouveaux épisodes de cette saga liturgique.
(Sources : Wikipédia/encyclopedia.com/Persée/Ucanews/NCR – FSSPX.Actualités)
Illustration : Flickr / michael_swan (CC BY-ND 2.0)