Document préparatoire du Synode sur la nouvelle évangélisation

Convoquée par Benoît XVI, la 13e Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques pour la nouvelle évangélisation aura lieu du 7 au 28 octobre 2012 et traitera du thème de "la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne". Les lineamenta qui constituent le document préparatoire de ce synode, ont été rendus publics par le Saint-Siège le 4 mars 2011. Ils définissent le but : « tracer des manières et des expressions inédites de la Bonne Nouvelle à transmettre à l´homme d´aujourd´hui, avec un nouvel enthousiasme », en soulignant que « le problème de l´infécondité de l´évangélisation aujourd´hui, de la catéchèse des temps modernes, est un problème ecclésiologique qui concerne la capacité ou l´incapacité de l´Eglise de se configurer en une communauté réelle, en une authentique fraternité, en un corps, et non en une machine ou une entreprise ».
Les lineamenta seront adressés aux dicastères de la Curie romaine, aux Conférences épiscopales et à l´Union des supérieurs généraux. Les réponses aux questions posées seront à renvoyer avant le 1er novembre 2011. Elles permettront au Conseil ordinaire du Synode des évêques de formuler les thèmes dans un second document, l´Instrumentum laboris, le document de travail sur lequel se pencheront les participants à la 13e Assemblée générale du Synode des évêques, en 2012.
La nouvelle évangélisation est, selon ce document romain, « une action qui exige, en premier lieu, un processus de discernement quant à la santé du christianisme ». Elle est aussi un encouragement dont ont besoin « les communautés fatiguées ». La nouvelle évangélisation demande de se poser « une question critique et assez directe : ‘sommes-nous intéressés à transmettre la foi et à lui gagner de nombreux non-chrétiens ?’ ».
On peut également y lire : « La nouvelle évangélisation est un style audacieux. Elle est le contraire de se suffire à soi-même et de se replier sur soi ». Aux défis du contexte socio-culturel actuel, l´Eglise doit répondre non pas en se résignant ou en se refermant sur elle-même, mais en lançant une opération de « revitalisation de son corps ».
L´Eglise doit, selon les lineamenta apprendre à « déchiffrer les nouveaux scénarios », tels que la sécularisation, qui se présente aujourd´hui dans les cultures à travers l´image positive de la libération et qui a adopté un ton humble, ou encore le fait que de nombreux chrétiens soient « conditionnés par la culture de l´image ». Ces scénarios exigent de développer une critique des styles de vie, des structures de pensée et de valeur. Cette critique devra en même temps aussi fonctionner en tant « qu´autocritique du christianisme moderne ». Ainsi, les chrétiens ne doivent pas rester enfermés dans les limites de leurs communautés et de leurs institutions mais accepter « la confrontation avec les récentes formes d´athéisme agressif ».
De plus, la mission de l´évangélisation n´est plus un mouvement Nord-Sud ou Ouest-Est ; elle concerne désormais les cinq continents. Il faut s´affranchir des frontières géographiques et reconnaître les limites des « figures traditionnelles et affirmées », conventionnellement indiquées par « pays de chrétienté » et « terres de mission ».
Le document romain note encore qu’à l´heure actuelle la présence des chrétiens et de leurs institutions est perçue « moins naturellement, et avec davantage de suspicion » : « Certains pensent que l´expression ´nouvelle évangélisation´ couvre ou cache l´intention de nouvelles actions de prosélytisme de la part de l´Eglise, en particulier à l´égard des autres fois chrétiennes ». En outre, il est indiqué que les chrétiens doivent avoir à cœur les personnes qui se considèrent comme agnostiques ou athées, « qui sont sans doute effrayées lorsqu´on parle de nouvelle évangélisation, comme si elles devaient devenir des objets de mission ».
Derrière ce langage qui n’est pas sans rappeler parfois le vocabulaire des technocrates internationaux, se cachent des réalités concrètes et un enjeu précis. Dans Le Figaro du 4 mars, Jean-Marie Guénois relève un « tournant ». En effet, la nouvelle évangélisation contrarie ceux qui voient dans « cette notion une remise en cause de l'un des piliers du concile Vatican II, selon lequel l'Eglise catholique n'était plus désormais ‘prosélyte’ mais en ‘dialogue’ avec le monde. Voire ‘en enfouissement’, cet art subtil de témoigner sans se montrer ». Et de conclure : « Ce sera effectivement le problème central de ce synode : appeler à la ‘conversion’ sans tomber dans le ‘prosélytisme’ ». – Autrement dit, être missionnaire sans renoncer au dialogue œcuménique. (Sources : VIS/Apic/Imedia/Fides/Le Figaro – DICI n°232 du 19/03/11)
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