Dossier : Témoignage : la sainte Vierge Marie mise à la porte de Vatican II

Source: FSSPX Actualités

Extraits d’une lettre de M. l’abbé Berto à des amis, à l’issue de la 2e session du Concile

Saint André, 1963, Samedi, Rome

(…)

Le travail a été formidable, ce n’est rien ; il a surtout été douloureux. Que de fois, après les votes du 29 et du 30 octobre, j’ai pleuré à sanglots sur les pauvres feuillets que je couvrais d’écriture ! Le châtiment de Dieu est venu sur ces votes, surtout, peut-être sur le premier.

Le second, plus grave ut res [dans la réalité] que le premier, était moins affreux “ut signum” [comme signe]. Le sort de la session a été réglé ce jour-là au ciel, où règne un Fils qui ne veut pas qu’on outrage sa mère. Le châtiment a été cet honteux pataugeage (…)

Je m’accuse, et je voudrais m’accuser devant la terre entière, d’avoir douté, douté de l’amour de Notre-Seigneur pour sa Mère, douté du soin qu’il aurait de venger son honneur. La vengeance a été prompte ; elle a été de rendre le Concile gâteux pendant six semaines, et elle est douce, si elle s’arrête là. (…)

Le funeste vote apostasiant l’Evangile des Noces de Cana, loin d’inviter la Sainte Vierge, lui avait signifié son congé. Elle encombrait ! La Vierge Marie encombrait le Concile, qui l’invitait à sortir. Oh ! Elle ne se l’est pas fait dire deux fois ! La terre n’a pas tremblé, la foudre n’est pas tombée sur Saint Pierre. La Vierge Marie est sortie discrètement, dans un profond silence ; seulement si discrètement, dans un silence si profond qu’Elle n’a pas dit “Vinum non habent” [ils n’ont plus de vin] ; et les destins de la deuxième session ont été scellés. (…)

Quand on est un Concile œcuménique et qu’on fait sortir la Sainte Vierge, on devrait au moins se rappeler qu’elle ne demande qu’à s’effacer, c’est assez connu, et qu’elle pourrait bien s’effacer trop. La Sainte Vierge n’ayant rien dit, Jésus n’a rien fait ; l’eau est resté de l’eau, même pas de l’eau potable, de l’eau de toilette, toujours comme à Cana.

Je pense que la sainte Vierge, quant à Elle, se serait contentée de laisser le Concile barboter dans cette eau pas trop propre. Mais au lieu de lui demander à genoux, dans une supplication solennelle, de prononcer le “vinum non habent”, on l’a formellement déclarée gênante, embarrassante, encombrante, à la face de Son Fils, Elle, l’Epouse du Saint-Esprit. (…)

Toujours quand on est un Concile Œcuménique, on doit savoir que mettre la Sainte Vierge à la porte est une opération qui peut avoir des suites, et peut n’être pas ratifiée par Quelqu’un qui lui a ouvert les Portes du Ciel. On doit voir un peu plus loin que le bout de son nez, et ne pas se figurer qu’on a droit au Saint-Esprit comme ça, sur commande, du moment qu’on est un Concile. (…)

Pendant ce temps-là, l’Esprit Saint, qui ne vient d’auprès du Père que s’il est envoyé par le Fils, “Quem ego mittam vobis a Patre”, attend dans le Paradis. Qu’est ce qu’il attend ? Que le Concile soit célébré comme au Cénacle, “cum Maria, Matre Jesu” [avec Marie, Mère de Jésus].

Voilà l’histoire mystique de la deuxième session. C’est la seule histoire vraie. Je l’ai vécue, sans d’abord y rien comprendre, le cœur dans un étau. “Nondum venit hora mea” [Mon heure n’est pas encore venue], Jésus n’a pas à avancer son heure, la Sainte Vierge ne l’en ayant point prié. (…)

 

A bientôt,... et que la mort nous trouve super hanc Petram.

Victor-Alain Berto +