Ecclesia Dei. Une nouvelle palinodie
Mouvance Ecclesia Dei
Le mot palinodie (du grec palin, de nouveau, et ôdê, chant) désigne une rétractation ou un désaveu de ce qu’on a dit ou fait, un brusque changement d’opinion.
La Commission pontificale Ecclesia Dei vient de nous en fournir un exemple particulièrement réjouissant qui met en scène son secrétaire.
En effet, dans la revue Tu es Petrus n°82, un article s’essayait, en une vingtaine de pages, à démontrer le “schisme” de la Fraternité Saint-Pie X, expliquant que toute participation à une messe célébrée par un de ses prêtres est à exclure. Pour appuyer ses démonstrations, le bulletin s’était assuré la participation de Mgr Perl, secrétaire de la Commission Ecclesia Dei, qui, en cinq questions-réponses datées du 15 avril 2002, ajoutait le poids de son autorité.
Le 27 septembre 2002, le même secrétaire donnait une réponse écrite à un fidèle qui l’interrogeait sur cette question de la « participation à une messe Fraternité Saint-Pie X ». Cette réponse a été publiée par la Commission le 18 janvier 2003, suite à une divulgation partielle, en particulier sur internet. Le lecteur pourra juger de la palinodie par lui-même en consultant les pièces dans les liens ci-dessous.
Il y est particulièrement affirmé, sans ambages et sans restriction et contradictoirement au document d’avril dernier, que « dans un sens strict, [un fidèle] peut satisfaire au devoir dominical en assistant à une Messe célébrée par un prêtre de la Fraternité Saint-Pie X ». — Ceci revient à nier tout schisme ou semblant de schisme, car je ne sache pas que la chose soit vraie pour l’assistance à la messe célébrée par un pope orthodoxe. Nous remercions Mgr Camille Perl de cet aveu et proposons à Tu es Petrus de publier cette réponse dans son prochain numéro…
Par ailleurs, à la question « Est-ce un péché pour moi d’assister à une messe de la Fraternité Saint-Pie X ?», il est répondu : « Si votre intention première pour assister à une telle messe était de manifester votre désir de vous séparer de la communion du Souverain Pontife et de ceux qui sont en communion avec lui, ce serait un péché. Si votre intention est simplement de participer à une messe célébrée selon le missel de 1962 eu égard à votre dévotion, ce ne serait pas un péché. ». — Soyons sérieux : quel fidèle assistant à ces messes y vient premièrement et tout d’abord pour manifester son refus de reconnaître l’autorité du Pape ? Poser la question, c’est y répondre. Nous remercions donc Mgr Perl d’absoudre ces fidèles de toute faute. Cette explication est particulièrement importante, et elle devrait faire l’objet de la publicité qu’elle mérite : Rome, par l’intermédiaire de sa Commission Pontificale Ecclesia Dei, déclare immuns de tout péché ceux qui fréquentent les chapelles de la Fraternité. Nous le savions déjà, mais il est heureux que cela soit déclaré par l’autorité.
Et pour parfaire ce tableau, il est même accordé aux fidèles de contribuer au culte par un don à la quête ! — Je remercie le fidèle qui nous a valu cette réponse affirmant que le soutien financier à la Fraternité Saint-Pie X est louable, même s’il n’est accordé qu’une “modeste” contribution. Le fait reste cependant incontestable : un soutien pécuniaire à la FSSPX est considéré comme une bonne action. Nous n’en demandions pas tant.
Quant à l’accusation portée contre la Commission de ne pas bien faire son travail, je me contenterai de rappeler la réponse faite par Michael Davies, président de la Fédération Internationale Una Voce depuis de nombreuses années, à la Clarification lue par Mgr Perl à l’Assemblée générale de cette même Fédération, le 14 novembre 1999 : « Depuis que le Cardinal Mayer s’est retiré, je n’ai connaissance que d’un seul cas où la CPED est intervenue auprès d’un évêque ». Peut-être ces interventions se sont-elles intensifiées depuis cette date ?
Mais l’essentiel est ailleurs. Il faut poser la question franchement : à quoi sert la Commission Ecclesia Dei ? Pouvons-nous reconnaître Rome, la Rome catholique dans ces palinodies ? Est-ce bien là l’Epouse du Christ, la Mère et Maîtresse de vérité ? La Fraternité Saint-Pie X a toujours refusé d’entrer en matière avec cette Commission, d’une part parce que son appartenance à l’Église ne fait aucun doute, et d’autre part parce que cette institution a perdu sa crédibilité. Il y a là une question de justice et de sérieux.
Il me semble enfin que cela devrait aider les membres de la Fraternité Saint-Pierre à réfléchir sur la valeur de leur argumentation balayée en trois lignes par la Commission dont ils dépendent et à comprendre la profondeur de la crise dans laquelle nous sommes malgré nous plongés. Mais libre à eux de continuer à être traités comme ils le sont.