Ecologie et migration, de bons sentiments au service d’idées erronées

Source: FSSPX Actualités

« La Terre a de la fièvre », déclarait le pape François dans sa vidéo d’intention de prière pour le mois de septembre 2024, rendue publique le 30 août. Cette intention de prière « écologique », était proposée à la veille de la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création, le 1er septembre, et du Temps pour la Création jusqu’au 4 octobre, fête de saint François d’Assise.

« Si nous prenions la température de la planète, elle nous dirait que la Terre a de la fièvre. Elle est souffrante, comme toute personne malade », affirme François dans cette vidéo. Le pontife incite à écouter le « cri de la Terre » et « la douleur des millions de victimes des catastrophes environnementales ».

Et pour faire face aux « crises environnementales provoquées par l’homme », il appelle chacun à changer « [ses] habitudes personnelles » et plaide pour des initiatives « sociales, économiques et politiques ».

Dans un communiqué de présentation de cette vidéo, on découvre les sources du pape : les estimations du Forum économique mondial de Davos, selon lesquelles d’ici 2050 le changement climatique sans contrôle pourrait contraindre plus de 200 millions de personnes à se déplacer, faisant tomber 130 millions de personnes dans la pauvreté.

Une écologie terre à terre

Voyant cette référence au Forum mondialiste de Davos, Giuseppe Nardi se demande si le pape est l’aumônier du Bilderberg. Sur katholisches.info du 31 août, il écrit : « Que signifie “prier pour le cri de la Terre” ? Est-ce un message chrétien ?

« Le pape François présente la Terre comme un être vivant, qu’il place même explicitement sur un pied d’égalité avec l’homme. C’est une vision qui vient du New Age (Terre = Terre Mère = Gaïa), mais qui, jetée telle quelle et sans explication, n’a pas grand-chose à voir avec le christianisme. »

Et de souligner : « François se montre depuis des années un défenseur particulièrement radical du programme mondialiste, comme en témoigne l’envoi de représentants romains aux réunions du Bilderberget au Forum économique mondialde Davos.

« Dans sa nouvelle vidéo, il diffuse imperturbablement la désinformation en donnant la fausse impression que les catastrophes naturelles ne se produisent que maintenant sur la Terre ou qu’elles sont particulièrement massives. Ceci est fait délibérément afin de remettre en question une origine naturelle et d’attribuer la responsabilité du changement climatique à l’homme.

« C’est précisément le récit [médiatiquement dominant] du réchauffement climatique d’origine humaine, et c’est la seule façon matérialiste, mais hautement moralisatrice, d’accuser l’homme et d’exiger des solutions, déjà toutes faites par les mondialistes. »

Le journaliste rappelle opportunément : « La Terre n’est pas un être vivant, comme l’affirment les sectaires païens. L’enseignement de l’Eglise a une lecture religieuse des phénomènes naturels : non pas comme une “réaction” arbitraire de la nature, mais comme une manifestation de la volonté divine.

« Cette lecture religieuse des catastrophes naturelles ou des événements guerriers et des troubles politiques était déjà associée dans l’Ancien Testament à un comportement qui n’était pas agréable à Dieu, soit parce que le peuple en général ou les chefs religieux ou politiques avaient apostasié, soit parce que de graves erreurs avaient été commises ou qu’eux-mêmes s’étaient livrés à des excès immoraux.

« Il a toujours été difficile d’interpréter ces événements avec précision. La plupart du temps, ce sont des hommes bénis par Dieu qui, par une interprétation qui leur était inspirée, indiquaient une direction. On a cependant toujours considéré comme approprié et souvent nécessaire que l’Eglise élève la voix dans le contexte de catastrophes naturelles, mais aussi de perturbations humaines de nature politique, sociale ou religieuse, et qu’elle exhorte au respect de la loi divine et naturelle. »

Et c’est ce que l’on n’entend malheureusement plus : « François ne fait rien de tel. Il ne cherche pas de message religieux derrière les phénomènes naturels, alors qu’il y aurait suffisamment d’erreurs graves où la loi de Dieu et le droit naturel sont ignorés et même foulés aux pieds.

« Dieu ne laisse pas se moquer de lui, dit une sagesse qui, il n’y a pas si longtemps encore, faisait partie du savoir commun. Mais cela ne semble pas toucher François. Il se meut entièrement sur le plan immanent, entièrement terra terra, comme disent les Italiens, bref tellement terre à terre que le transcendant, le surnaturel semble disparaître et ne jouer aucun rôle réel. »

Des idées généreuses, mais des jugements faux

Sur un autre thème cher à François – l’immigration – Riccardo Cascioli dresse un constat similaire dans La Nuova Bussola Quotidiana, du 30 août : de bonnes intentions reposant sur des jugements erronés. Dans sa catéchèse du mercredi 28 août, le pape a déclaré que c’était un « péché grave » de tenter de « repousser » les migrants.

Le journaliste italien analyse et met les choses au point à partir de faits objectifs et non de sentiments personnels : « Certains aspects de ce discours, les conclusions que le pape tire, ne sont pas en phase et réduisent tout à un horizon politique et moralisateur qui ne peut en aucun cas être partagé.

« Tout d’abord, le phénomène migratoire lui-même, qui est complexe et que l’on réduit plutôt aux migrants illégaux qui, on l’aura compris, devraient tous être accueillis sans états d’âme, indépendamment de toute autre considération. Pourtant, les données nous indiquent que l’idée selon laquelle ces personnes fuient “les guerres, la violence, les persécutions et de nombreuses calamités” est trompeuse.

« Si tel était le cas, elles auraient toutes droit au statut de réfugié ou en tout cas à une protection internationale, et elles n’auraient même pas besoin de s’engager dans des voyages très longs et incertains, au péril de leur vie, pour atteindre l’Europe. En réalité, si nous examinons les données, nous constatons que la plupart d’entre eux migrent depuis des pays qui ne sont ni en guerre ni victimes de persécutions ou de violences.

« Les données de notre ministère [italien] de l’Intérieur, mises à jour hier et concernant les débarquements d’immigrants irréguliers, nous indiquent que du 1er janvier 2024 à aujourd’hui, sur les 41.181 personnes qui ont débarqué en Italie, seuls 20 % environ proviennent de pays en guerre ou de pays où règne une dictature impitoyable.

« Parmi les six premiers pays en termes de nationalité des immigrants, pas moins de cinq (Bangladesh, Tunisie, Egypte, Guinée et Pakistan), qui représentent 50 % du total des arrivées, n’ont pas de situation justifiant la demande du statut de réfugié.

« Second aspect : combien injuste est l’affirmation selon laquelle ceux qui veulent rejeter les migrants – “quand ils le font en toute conscience et responsabilité” – commettent “un péché grave”. Là encore, on met tout le monde dans le même sac en disant que celui qui remet en cause l’accueil indiscriminé est lui-même responsable des morts en mer ou dans les déserts.

« Ou, pire, que celui qui est contre l’accueil indiscriminé souhaite la mort des migrants par sa faute. Il s’agit d’une affirmation très grave, y compris d’un point de vue moral, puisqu’il s’agit de juger les intentions des personnes (ce qui, par ailleurs, sur d’autres sujets, pourrait même contredire la doctrine de l’Eglise) et d’affirmer des “dogmes” alors qu’en vue d’un objectif unique, des voies différentes peuvent légitimement être empruntées.

« C’est précisément parce que le phénomène est complexe et que l’immigration irrégulière viole les lois internationales qu’il est plus que justifié de s’interroger sur la manière d’éviter ces drames et de rendre justice à tous. L’accueil indiscriminé n’est pas la seule solution, voire pas du tout.

« Il est grave, par exemple, que le pape continue à parrainer les activités de Luca Casarini [activiste de gauche, invité personnel du pape au synode sur la synodalité. NDLR] et de sa Mediterranea, et ne tienne absolument pas compte de l’avis et des appels des évêques africains, qui sont intervenus tant de fois pour décourager la fuite des jeunes de leur propre pays, dénonçant les trafiquants internationaux d’êtres humains qui séduisent les gens en les poussant vers un illusoire avenir radieux en Europe.

« Troisième aspect : l’affirmation selon laquelle la seule solution au problème est de développer des “voies d’accès sûres et régulières pour les migrants”. C’est-à-dire des couloirs humanitaires – selon les lignes tracées par la Communauté de Sant’Egidio – pour aller chercher les migrants chez eux. Donc condamnation sans appel des “lois plus restrictives, (...) de la militarisation des frontières, (...) des rejets”.

« C’est ainsi, pense le pape François, qu’il sera possible de retirer les migrants de ces “mers et déserts” qui sentent la mort et de vaincre les trafiquants d’êtres humains. Malheureusement, une fois de plus, le pape, toutes bonnes intentions mises à part, fait preuve de mauvaises informations.

« Quelques considérations suffisent, étant donné que ce projet en Italie est déjà actif depuis 2016 et a jusqu’à présent amené 7226 personnes dans notre pays : tout d’abord, les couloirs sont destinés à ceux qui ont droit au statut de réfugié. Mais, comme nous l’avons vu, seule une fraction de ceux qui tentent d’arriver en Italie peut aspirer à ce statut, de sorte qu’ils continueraient à traverser les mers et les déserts comme ils le font actuellement.

« Deuxièmement, ils sont sélectionnés et rassemblés dans des camps de réfugiés sous le contrôle des Nations unies, de sorte qu’ils sont déjà en sécurité en dehors de leur propre pays. Par conséquent, à supposer (et tout reste à prouver) que ces couloirs soient utiles pour réinstaller un certain nombre de réfugiés, ils n’ont pas grand-chose à voir avec la résolution du problème des migrants irréguliers. »

Sur ces questions complexes d’écologie et d’immigration, les idées doivent reposer sur les faits. Elles n’ont pas à être « généreuses », mais vraies, car des idées fausses entraînent souvent une fausse générosité. C’est ce que ne peuvent pas comprendre les membres du Forum de Davos et de la Communauté Sant’Egidio auxquels François accorde fort imprudemment sa confiance.