Editorial de Mgr Pierre Raffin au sujet du nouveau missel romain
Mgr Pierre Raffin
Approuvée par le Pape Jean-Paul II en avril 2000, la troisième édition typique du Missel Romain qui fixe les règles de la liturgie en rite latin a été présentée à Rome, le 22 mars dernier. Mgr Pierre Raffin, évêque de Metz, revient sur cet événement dans un éditorial que nous publions.
La troisième édition typique latine du Missale Romanum est parue à Rome peu avant Pâques. Est-ce un événement ?
D’un certain point de vue, non. Quand une édition est épuisée – c’était le cas de la dernière parue en 1975 – on en publie une autre, d’autant plus qu’il y a toujours des modifications à introduire, ne fût-ce que les derniers ajouts au calendrier général.
D’un autre point de vue, oui. Alors que d’aucuns réclament le retour à la messe tridentine, la publication d’une troisième édition typique manifeste clairement que le Missel dit de Paul VI demeure celui de l’Eglise d’Occident et que le maintien du rite tridentin n’est qu’une concession temporaire et limitée à des personnes ou à des groupes particuliers.
Institutio Generalis ou Présentation générale que publie cette troisième édition comporte d’assez nombreuses modifications. Le CNPL en publiera très prochainement une traduction française et Eglise de Metz, dans ses prochaines livraisons, en soulignera les aspects les plus saillants.
Il est important en tout cas que la Présentation générale du Missel romain, qui donne l’esprit et la théologie de la célébration de la messe tout autant que les règles, soit bien connue des prêtres et des diacres. Pourquoi ne pas profiter de la retraite annuelle pour faire le point sur sa manière de célébrer : c’est aussi une façon d’être serviteur du Peuple de Dieu ?
Dans cette nouvelle version, on trouve une plus large insistance sur la communion sous les deux espèces et un chapitre définissant les possibilités d’adaptation qui relèvent de la compétence des évêques et de leur Conférence.
A tort ou à raison, l’Ordo Missæ comprend outre les quatre prières eucharistiques, jusqu’ici en usage, les prières pour les circonstances particulières et pour la réconciliation et même en appendice une version latine de la prière pour les assemblées d’enfants (est-ce pour leur apprendre le latin ?).
Le nouveau Missale romanum est riche de nouvelles fêtes de saints, la plupart proposées comme mémoires facultatives. Les dévots de Notre-Dame de Fatima ou de sainte Rita se réjouiront de voir introduite la célébration de leur mémoire. On s’étonnera de la réintroduction au calendrier liturgique de sainte Catherine d’Alexandrie, dont on serait bien embarrassé de prouver l’historicité ; c’est sans doute pour satisfaire l’attachement des orthodoxes à son culte, qu’a perçu Jean-Paul II lors de son pèlerinage au Mont Sinaï, qu’elle a été réintroduite ; d’ailleurs la nouvelle oraison de sainte Catherine a une tonalité œcuménique évidente.
Cette édition enfin se caractérise par la qualité de sa présentation et de son impression, notamment pour les mélodies notées (préfaces et autres).
Les traducteurs doivent se mettre maintenant au travail, notamment en tenant compte des exigences nouvelles formulées par l’Instruction Liturgiam authenticam. Pour la francophonie, c’est la responsabilité de la CIFTL (Commission Internationale Francophone pour les Traductions et la Liturgie) que de soumettre les textes à l’approbation des Conférences épiscopales concernées. Il faudra attendre au moins plusieurs années avant que ne paraisse l’édition française de ce nouveau Missale Romanum.