Election à la tête de l’Ordre de Malte
Les 7 et 8 novembre, le Conseil d’Etat “Complet”, autrement dit le corps électoral de l’Ordre de Malte, s’est réuni à la Villa magistrale, à Rome, l’un des deux sièges institutionnels de l’Ordre, pour remplacer le Grand Maître décédé le 29 avril dernier.
Le pape François avait nommé le futur cardinal Silvano Tomasi au poste de délégué spécial du Saint-Siège auprès de l’Ordre, le 1er novembre dernier, afin d’assurer la présence d’un membre de la hiérarchie lors de l’élection. Ce vote devait désigner le successeur du Fra’ Giacomo Dalla Torre del Tempio di Sanguinetto, 80e Grand Maître, décédé le 29 avril dernier.
44 participants, sur 56 ayant droit, étaient présents à Rome. Ils ont élu Fra’ Marco Luzzago, âgé de 70 ans. Mais si les votants avaient la possibilité d’élire un Grand Maître, ils pouvaient aussi choisir d’élire un Lieutenant du Grand Maître, ce qu’ils ont préféré faire.
A la différence du Grand Maître, élu à vie, un Lieutenant ne reste en charge que durant une année, mais avec les mêmes pouvoirs qu’un Grand Maître. Il doit convoquer de nouveau le Conseil Complet d’État avant la fin de son mandat pour une nouvelle élection. Il réside au siège de l’Ordre, à Rome.
Une première raison peut expliquer l’élection d’un Lieutenant : le fait que, selon les constitutions actuelles de l’Ordre, le Grand Maître doit être d’extraction noble, ce qui n’est pas obligatoire pour le Lieutenant. Le nombre de candidats possédant cette qualité est actuellement réduit. Cette obligation est d’ailleurs un des points qui devrait être modifié par la réforme.
Ou bien cette élection a-t-elle voulu éviter une polarisation accrue entre les deux tendances qui divisent actuellement l’Ordre : la tendance religieuse, qui voit d’un mauvais œil les réformes promues par le pape François, et qui craint que l’aspect religieux n’en pâtisse sérieusement ; et la tendance “laïque”, désireuse de voir ces réformes s’accomplir, et aspirant à une « modernisation » de l’Ordre ?
Le fait de limiter ce mandat à une année, dans le plein respect des constitutions, en serait un signe. Toutefois, le nouvel élu a promis son « engagement maximal pour faire face aux défis qui nous attendent dans les prochains mois. En premier lieu, la réforme de la Charte constitutionnelle et du Code, menée avec force par notre regretté Fra’ Giacomo, vers lequel va en ce moment ma pensée émue ».
Il reste à espérer que cette réforme ne prendra pas l’allure d’un aggiornamento destructeur des traditions de l’Ordre, comme cela a été le cas de toutes les sociétés religieuses touchées par cette tornade de nouveauté depuis le concile Vatican II.
(Source : orderofmalta.int – FSSPX.Actualités)
Illustration : Giorgio Minguzzi from Italy, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons