Espagne : Le combat des évêques après la dépénalisation de l´avortement
C'est ma vie! Elle est entre tes mains!
La loi sur la dépénalisation de l'avortement en Espagne a été définitivement adoptée le 24 février 2010 par 132 sénateurs espagnols contre 126 et une abstention. L'opposition soutenue par les catholiques et conservateurs n´a pu empêcher le texte présenté par le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero.
Les femmes pourront désormais avorter librement en Espagne jusqu´à 14 semaines de grossesse et jusqu´à 22 semaines en cas de « risque pour la santé » de la mère et/ou « de graves anomalies du fœtus », faisant de l´Espagne un des pays les plus libéraux en la matière. Pour une interruption de grossesse plus tardive, il est demandé une autorisation délivrée par une commission de médecins. En cas d´infraction, la femme ne sera pas punie de peine de prison, mais d´une simple amende. Les mineures de moins de 16 ans pourront demander un avortement sans accord parental, moyennant le fait d´avoir préalablement informé un des parents de la décision.
Dès le lendemain du vote, Mgr Juan Antonio Martinez Camino, secrétaire général de la Conférence épiscopale espagnole et évêque auxiliaire de Madrid, a demandé au gouvernement d´annuler immédiatement cette législation. Il a décrit cette loi comme « un important pas en arrière pour le droit à la vie des enfants à naître » et a comparé les nouvelles règles sur l´interruption de grossesse à un « permis de tuer des enfants ». Elle pourra favoriser « une hausse du nombre des mères renonçant à leur grossesse », cet état de fait risquant de « porter sérieusement atteinte au bien commun ». Dans son intervention, Mgr Camino a évoqué les conséquences de cette mesure dans le domaine éducatif, estimant que le risque d’instrumentalisation est un des aspects les plus inquiétants de la nouvelle loi qui risque de mettre « l’éducation au service d’une idéologie pro-avortement ».
Le 25 mars, lors de la “Journée de la vie non-née“, l´Eglise espagnole a lancé une vaste campagne de communication contre la nouvelle loi sur l´avortement, avec le slogan «¡Es mi vida! Está en tus manos » (c’est ma vie, elle est entre tes mains), et l’image d’un nouveau-né soutenu par les mains de ses parents. Mgr Camino a déclaré qu’à cette occasion l’Eglise mettra à disposition des futures mères les diverses institutions déjà engagées dans le soutien de celles qui sont en difficulté, pour qu’elles ne tombent pas dans ce piège. « Etre contre l’avortement ne signifie pas être contre les femmes et les mères », a-t-il ajouté. Tendre la main aux femmes en difficulté suite à leur grossesse, c’est ce qu’au contraire l’Etat refuse.
A cet effet, plus de 1.300 affiches et six millions de tracts d’information ont été distribués, auxquels les évêques espagnols ont décidé d’ajouter sur leur site Internet une page donnant la liste des différentes institutions qui aujourd’hui viennent en aide aux femmes enceintes pour éviter qu’elles avortent. Dans la liste citée sont inclues des associations civiles comme Red Madre, Provida ou Adevida, et des projets mis en œuvre directement par les congrégations religieuses et par les diocèses, comme les centres d’orientation familiale (COF) et les secrétariats de défense de la vie. « La Conférence épiscopale ne va contre personne » a rappelé Mgr Camino. « Elle va en faveur de ceux qui ont le droit de naître, en faveur des mères qui ont le droit de recevoir le soutien de l’Etat, et en faveur d’une société qui a le droit d’avoir des lois justes ».
(Sources : apic/imedia/kna/fides – DICI n°216 du 05/06/10)