Espagne: les évêques réagissent contre la loi sur l’avortement

Mgr Francisco Gil Hellín, archevêque de Burgos
La loi de libéralisation de l´avortement est entrée en vigueur, en Espagne, le 5 juillet.
Cette nouvelle loi permet aux femmes d´avorter jusqu´à 14 semaines de grossesse sans justification; et jusqu´à 22 semaines en cas de risque pour la santé de la mère ou de graves anomalies du fœtus. Les mineures de moins de 16 ans pourront demander un avortement sans accord parental, moyennant le fait d´avoir préalablement informé un des parents de la décision. Jusqu´à présent, l´avortement n´était possible qu´en cas de viol, de grave malformation du fœtus ou de danger pour la santé physique ou psychologique de la mère. (voir DICI n°216 du 05/06/10 LIEN)
Les réactions de la hiérarchie catholique espagnole ne se sont pas faites attendre, aucune n´est allée aussi loin dans la virulence de ton que celle de l’archevêque de Burgos, a estimé le quotidien espagnol El País. Mgr Francisco Gil Hellín (sur la photo), archevêque de Burgos et membre du Conseil pontifical de la Famille, s’est adressé, le 19 juillet, dans une lettre ouverte au gouvernement et au Parlement espagnols. Il a appelé les catholiques du pays à l´insoumission face à la loi sur l'avortement : « Cette loi n´est pas une loi, même si elle est présentée ainsi du fait d’instances politiques et législatives. Ce n’est pas une loi car personne n’a le droit d’éliminer un innocent. En cela, elle n’oblige pas. Mais exige au contraire une opposition frontale ». « Sortons à la rencontre de toutes les mères qui se trouvent en difficulté, et facilitons leur maternité (…). Empêchons la tyrannie, déclare l´archevêque. Stoppons ce fléau qu´est l´avortement et qui a tué à ce jour plus de personnes que dans les villes réunies de Zaragoza, Cordoba et Burgos ».
L’objection de conscience avancée par les médecins explique le faible taux d’avortements pratiqués dans les hôpitaux publics, en Espagne. En 2009, la grande majorité des avortements (97% des 115.000 avortements annuels) ont été effectués dans des cliniques privées.
Mgr Ignacio Carrasco de Paula, président espagnol de l´Académie pontificale pour la Vie, a vivement critiqué la nouvelle loi « totalement insensée », dans un entretien accordé au mensuel italien catholique en ligne Il Consulente Re, du 29 juillet. Cette loi « correspond à la mentalité » du Premier ministre espagnol José Luis Zapatero, « qui a une idée fixe, la question des droits », alors qu´il est « incapable de comprendre ce qu´est un droit », a-t-il déclaré.
Dans un entretien accordé à L´Osservatore Romano, du 30 juillet 2010, Mgr Carrasco de Paula, a également mis en garde contre le recours à la pilule RU 486, dite pilule abortive. Cela « peut vouloir dire banaliser l´avortement et assimiler la grossesse non désirée à un rhume gênant qu´il faut éliminer à l´aide d´un comprimé », a-t-il affirmé. Face à cette situation, l´Académie pontificale pour la Vie travaille sur « un document d´approfondissement » pour répondre « aux nombreuses polémiques que suscite toujours un débat enflammé » comme celui sur l´avortement, « parfois même au sein du monde catholique ».
Car il y a un besoin (d’approfondissement) urgent et important au sujet du syndrome post-avortement qui frappe beaucoup de femmes et dont on parle peu publiquement, a précisé le président de l’Académie pour la Vie. « Je me réfère à l’état de dépression qui assaille beaucoup de femmes qui ont pratiqué l’avortement. Parfois, il peut se manifester avec des états d’anxiété ou selon des formes plus graves ». Nous cherchons à en cerner les contours, a-t-il ajouté, car il est certain que l’avortement, en plus de tuer un innocent, pèse profondément sur la conscience de la femme. C’est une question que l’on ne peut pas ignorer, surtout du point de vue pastoral.
Clôturant un colloque sur le thème de "l´immense valeur de la vie", à Aranjuez (Espagne), le cardinal Antonio Canizares Llovera, préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, a déclaré. le 30 juillet : les lois qui ne protègent pas la vie ne sont pas « respectables ». Lorsqu´une loi prétend légitimer l'avortement ou l'euthanasie, « elle cesse d´être une véritable loi civile moralement contraignante ». « Le moment arrivera bientôt où nous aurons honte de l´avortement comme nous l´avons déjà fait avec l´esclavage ».
(Sources : apic/imedia/archiburgos/L’OsseratoreRomano – DICI n°220 du 07/08/10)
