Espagne : Opposition épiscopale au gouvernement
Dans un entretien publié par le quotidien italien l’Avvenire, le 21 novembre 2004, Mgr Fernando Sebastian, vice-président de la Conférence épiscopale espagnole, a déclaré que "cela vaudrait la peine" que le gouvernement et l’épiscopat discutent ensemble. Dénonçant le "nihilisme" à l’origine des réformes gouvernementales dans son pays, Mgr Sebastian a affirmé que les réformes souhaitées par le gouvernement Zapatero ne constituent pas "une attaque visant à éliminer l’Eglise catholique en tant que telle". Pour lui, il s’agit plutôt d’"une attaque indirecte visant à instaurer le laïcisme dans la société". A ses yeux, la volonté sous-jacente du gouvernement espagnol est de "se libérer" de ce qu’il considère comme "un poids excessif". A savoir "l’influence que la religion exerce encore sur la société".
"Nier ce qui existe ne crée pas quelque chose de nouveau et de meilleur. On nie seulement pour affirmer une liberté vide. Ce n’est pas du réformisme, c’est du nihilisme", a dit l’archevêque de Pampelune. Il s’agit d’imposer "la conception d’une vie complètement immanente à chaque niveau social, en écartant la foi ", a-t-il poursuivi, craignant que l’Eglise ne puisse continuer à exister qu’"au même titre reconnu aux groupes pratiquant la magie ou croyant aux martiens". Selon lui, l’Eglise ne pourrait plus, alors, avoir son "rôle dans la dynamique de la société".
Interrogé sur le fait que la majorité de l’opinion publique approuve ces réformes, l’archevêque a répondu que "ce gouvernement n’avait pas la majorité absolue" et que, "dans tous les cas, la vérité ne dépendait pas de la majorité". "Je n’ai aucun doute sur le fait que la majorité des Espagnols sont contre le mariage homosexuel", a-t-il déclaré, rappelant que 70% de la population espagnole "choisissait l’éducation religieuse pour ses enfants", et que presque 30% de la population était catholique pratiquante. "Chez beaucoup de personnes, les sentiments religieux cohabitent avec des jugements contraires", a-t-il cependant admis, dénonçant la télévision, qui influence "de façon scandaleuse" les opinions qui ne sont pas de l’avis dominant.
Mais, selon Mgr Sebastian, le catholicisme espagnol est capable d’affronter cette bataille culturelle, malgré "la faiblesse missionnaire" de son Eglise. Comme par le passé, "nous sommes désireux de collaborer pour le bien de la société et respectueux des initiatives que le gouvernement souhaite prendre pour une telle fin", a encore ajouté l’archevêque. Il a aussi regretté que, malgré les nombreuses sollicitations de la Conférence épiscopale pour discuter des réformes dites laïques, le gouvernement n’ait pas donné de réponse. "Je crois que cela vaudrait la peine de se retrouver autour d’une table pour discuter ensemble des intentions du gouvernement d’une part, et des préoccupations de l’épiscopat, de l’autre".