Etat de santé fragile , mais pas de renonciation du pape
Rome, le 13 février. En ce dimanche sans voitures à Rome, les fidèles sont venus nombreux pour voir Jean-Paul II réciter l’Angélus, à la fenêtre de ses appartements. Avec une voix assez compréhensible, le Saint-Père a salué les fidèles en italien d’un "chers frères et sœurs" accueilli par des applaudissements nourris. Il a redit sa volonté de rester à la tête de l’Eglise, malgré la maladie, répondant ainsi aux rumeurs de ces derniers jours sur son éventuelle démission.
Apparaissant pour la première fois depuis son hospitalisation, le pape qui aura 85 ans en mai prochain, a déclaré aux fidèles avoir "toujours besoin de (leur) aide devant le Seigneur, pour accomplir la mission que Jésus (lui) a confiée". En soulignant l’importance du temps de Carême, le pape a rappelé: "On n’entre pas dans la vie éternelle sans porter notre croix, en union avec le Christ", ajoutant : "l’on ne rejoint pas le bonheur et la paix sans affronter avec courage le combat intérieur". Son message était lu par le substitut de la Secrétairerie d’Etat, Mgr Leonardo Sandri.
Lors de l’Angélus du 20 février, le pape est apparu en meilleure forme. Malgré le froid et pour la première fois depuis son hospitalisation, il a lu entièrement les 17 lignes de son message et a salué en italien et en slovène les milliers de fidèles réunis sur la place Saint-Pierre. Il n’a cependant pas récité la prière mariale, laissant cette tâche au substitut de la Secrétairerie d’Etat.
A l’audience générale du mercredi 23 février, Jean-Paul II a salué par liaison télévisée les fidèles réunis dans la salle Paul VI. Depuis la bibliothèque de ses appartements, il est intervenu en plusieurs langues ; son élocution et sa respiration étaient particulièrement difficiles. L’audience a duré moins d’une demi-heure, car ni le pape ni ses collaborateurs n’ont prononcé la traditionnelle catéchèse. La dernière audience générale remonte au mercredi 26 janvier.
L’idée d’une éventuelle renonciation est écartée, néanmoins des personnalités influentes du Vatican admettent que au vu de la santé fragile du souverain pontife, de ses difficultés à se déplacer et à s’exprimer, la question se pose sérieusement.
En Allemagne, dans un entretien à la chaîne de télévision ARD, le théologien ultra-progressiste Hans Küng a réclamé sa démission : "Un pape peut démissionner pour le bien et la nécessité de l’Eglise. Je pense qu’un tel cas est venu", a-t-il déclaré avant d’ajouter: "Nous ne pouvons pas continuer comme ça". - Hans Küng est interdit d’enseignement de l’Université catholique de Tübingen en Allemagne, depuis 1979.
Au Brésil, l’archevêque émérite de Sao Paulo se prononce également pour la démission du pape. Dans un entretien accordé au quotidien O Estado de Sao Paulo, le cardinal Paulo Evaristo Arns a précisé que d’autres évêques brésiliens partageaient cette opinion. Dans le passé, le prélat - qui fut l’un des protagonistes de la théologie de la libération - avait critiqué la Curie pour son excès de centralisme et de bureaucratie. “Quand le pape s’absente, c’est la Curie romaine qui décide”, a-t-il résumé au cours de cet entretien.