Etats-Unis : intervention du Saint-Siège à l’ONU contre le clonage
Le Saint-Siège se dit convaincu de la nécessité d’un "instrument juridique international qui interdise le clonage de l’embryon humain", a déclaré l’observateur permanent du Saint-Siège aux Nations Unies, Mgr Celestino Migliore, lors de la 6e Commission de l’ONU réunie le 21 octobre 2004. Le Saint-Siège est favorable à la recherche scientifique et reconnaît que la greffe de cellules souches adultes, qui ne soulève "aucune question éthique", a sauvé "des milliers de vie". Il s’oppose en revanche au clonage de l’embryon, considéré par certains comme une " source potentielle de cellules souches".
Le principe de l’interdiction du clonage des êtres humains à des fins de reproduction est approuvé à l’ONU, mais le projet d’une convention internationale sur ce sujet est arrêté par une clause qui permettrait le clonage à des fins thérapeutiques. Deux projets de convention contre le clonage des êtres humains à des fins de reproduction ont été proposés le 21 octobre devant l’Assemblée générale des Nations Unies. Le premier, par le représentant du Costa Rica, soutenu par 56 autres Etats membres, dont les Etats-Unis qui souhaitent l’interdiction totale du clonage, le second par le représentant de la Belgique, défendu par 21 Etats membres dont la France et le Royaume-Uni, - ce second texte, manifestant le souhait exprimé par certaines délégations "de préserver la possibilité de recherche par clonage expérimental" tout en soutenant l’interdiction fondamentale du clonage reproductif par une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU.
Selon Mgr Migliore, "il est clairement apparu depuis le début qu’en dépit de son nom, l’objectif de “la Convention internationale contre le clonage reproductif des êtres humains” est de trouver une structure juridique qui permettrait et accélèrerait l’avancée de la science médicale visant à l’obtention et à l’utilisation des cellules souches". Or, pour le Saint-Siège, le clonage d’embryons en tant que "source de cellules souches", ou clonage thérapeutique, "reste problématique", aussi bien au niveau scientifique qu’éthique.
Au niveau scientifique, le diplomate du Vatican auprès des Nations Unies a rappelé que "le clonage embryonnaire était jusqu’ici loin de procurer le progrès invoqué par ses partisans". "Il reste encore à déterminer un succès clinique d’utilisation de cellules staminales d’embryon cloné, même au niveau des expérimentations animales", a-t-il précisé. "Le travail permettant de rendre sûre une expérience de ce genre sur des êtres humaines risque de prendre très longtemps, et ces obstacles pourraient ne jamais être surmontés". En revanche, "les progrès thérapeutiques obtenus grâce aux cellules souches adultes - celles de la moelle épinière, du sang, du cordon ombilical ou d’autres tissus formés - sont prometteurs"
Au niveau éthique, Mgr Migliore a évoqué la difficile distinction entre "clonage reproductif" et "clonage thérapeutique", distinction qualifiée d’"illusoire". "Tous deux impliquent le même processus technique et ne diffèrent que dans leur but", a expliqué le prélat. Pour lui, "les deux formes de clonage impliquent un manque de respect pour la dignité de l’être humain". Le clonage “dit thérapeutique” "semble vraiment incompatible avec le respect de la dignité de l’être humain", car, en créant des embryons "avec l’intention de les détruire" - même si c’est dans le but "de pouvoir éventuellement aider des malades à l’avenir" -, il fait d’une vie humaine "un instrument au service d’une autre".
"Le choix ne se fait pas entre science et éthique, mais entre une science qui est éthiquement responsable et une science qui ne l’est pas", a affirmé Mgr Migliore. "Le danger est que le progrès dans les soins", engendré par la greffe de cellules souches adultes, "soit arrêté ou ralenti par un détournement de l’attention et des ressources vers le clonage des êtres humains, considéré comme source potentielle de cellules souches".