Etats-Unis : la fréquentation des églises en forte baisse
Messe de Noël à la cathédrale Saint-Patrick de New York.
L’institut de sondage Gallup vient de révéler que le pontificat du pape François, qui a commencé en 2013, correspond au plus fort déclin de fréquentation hebdomadaire des églises catholiques depuis des décennies, aux Etats-Unis.
Gallup relève que « de 2014 à 2017, 39% des catholiques (américains) affirmaient avoir participé à la messe ces sept derniers jours », niveau « bien inférieur aux 45% enregistrés de 2005 à 2008 », et un véritablement « effondrement depuis les 75% relevés en 1955 ».
La participation hebdomadaire à la messe, en chutant de six points depuis la fin du pontificat de Benoît XVI, enregistre ainsi le plus fort décrochage depuis les années 1970. Elle s’était stabilisée au milieu des années 2000. A l’inverse, Gallup note que la fréquentation des temples protestants est demeurée constante depuis dix ans.
En détail : la plus grande baisse d’assistance à la messe entre les pontificats de Benoît XVI et de François est survenue chez les catholiques situés dans la tranche d’âge 50/59 ans, passant de 46 à 31%, soit une chute de 15%. La seule augmentation de l’assistance hebdomadaire se constate chez les catholiques américains âgés de 30 à 39 ans, passant de 40 à 43%.
La population des jeunes adultes – âgés de 21 à 29 ans – avait connu une légère augmentation de la fréquentation de la messe sous Benoît XVI de 2005 à 2008, avec un 29% qui chute, entre 2014-2017, à 25%. Selon cette enquête, les jeunes adultes protestants sont plus nombreux que les jeunes adultes catholiques à avoir une pratique hebdomadaire, 36% contre 25%.
Cette baisse de la fréquentation à la messe chez les jeunes adultes catholiques et la disparité entre leur taux de fréquentation avec celui des jeunes adultes protestants sont enregistrés alors que François prépare un Synode de la jeunesse pour octobre 2018.
Dans un rapport publié sur le site Breitbart, l’universitaire américain Thomas Williams considère que cette baisse de la fréquentation de la messe catholique, alors que la fréquentation protestante demeure largement consistante, est révélatrice. Cela « suggère que des problèmes confessionnels spécifiques, plutôt que des changements sociétaux plus larges, sont à l’origine de la récente chute de la fréquentation de la messe catholique », écrit-il, en ajoutant : « il est peu probable que la minimisation continuelle du pape sur l’importance de l’obéissance aux règles de l’Eglise – telles que la fréquentation régulière de la messe et l’adhésion à la doctrine catholique – n’ont pas eu un effet notable sur la pratique catholique ».
Toujours est-il qu’objectivement « le pontificat de François est corrélé avec la plus forte baisse de la participation à la messe aux Etats-Unis au cours des dernières décennies », constate Thomas Williams.
Ordinations sacerdotales à Notre-Dame de Paris.
Dans le même ordre, un rapport de l’Office central des statistiques du Vatican, publié l’année dernière, montrait que les vocations sacerdotales avaient continué à baisser depuis 2012, avec une accélération depuis le début du pontificat du pape François. Ainsi, le nombre de séminaristes dans le monde a régressé de 118.251 (en 2013) à 116.843 (en 2015).
A la fin de l’année dernière, sur son blogue l’essayiste italien, Marcello Veneziani, auteur de Tramonti (« Crépuscules ») aux éditions Gubilei Regnani, publiait un constat similaire sur la situation en Italie : « le pape devrait s’inquiéter d’une chose terrible pour tous, mais mortelle pour un souverain pontife : les Italiens qui se déclarent catholiques sont aujourd’hui 60,1%, ils étaient 79,2% en 2000. Un quart de moins en quelques années, une vitesse de déchristianisation sans précédent. Ceux qui disent qu’ils ne croient en aucune religion sont passés en peu de temps à un sur trois. Les “pratiquants assidus” représentent 25,6%, soit moitié moins qu’en 2000 ».
Et de faire ce commentaire : « cette poussée, cette accélération des dernières années, – les églises qui se vident, les croyances, les vocations qui s’éteignent inexorablement –, non seulement tout cela n’est pas limité par la présence d’un pape si apprécié des médias et des fabriques de consensus, mais est au contraire aggravé par le fait qu’il substitue à une tradition millénaire – avec ses rites, ses liturgies, sa vision de l’humanité –, sa révision personnelle qui plaît à l’esprit de notre temps. Vivre avec son temps n’est pas une vertu, si ce même temps marche insouciamment et désespérément vers la négation de tout sens du sacré, de Dieu et de la limite humaine, et s’il est voué à un athéisme pratique et radical sans précédent ».
En mars 2018, à l’occasion des 5 ans du pontificat actuel, le quotidien français, Le Figaro commandait à l’institut BVA un sondage qui constatait que « la popularité du pape François faiblit chez les catholiques », chez les pratiquants plus particulièrement : « cinq ans après son élection, 78% des Français ont une bonne opinion du Saint-Père, contre 87% en 2015. Une baisse plus notable encore chez les pratiquants, où une chute de 12 points est relevée ».
Selon Erwan Lestrohan, de l’institut BVA, « ce qui surprend, c’est que cette baisse affecte les populations les plus marquées par le catholicisme. On peut donc formuler l’hypothèse que le discours du pape sur les migrants et sur l’homosexualité a joué. Mais l’importance de cette érosion a aussi du sens : avec 12 points de baisse chez les pratiquants, elle n’est pas due au hasard. Elle est significative parce qu’elle touche précisément des catégories de gens qui sont des “experts”, et donc des connaisseurs du pape François et de l’Eglise catholique. Le pape est clivant dans son camp ».
Et de conclure : « pour le moment, son action n’a pas inversé la tendance au déclin des indicateurs d’implantation du catholicisme français : vocations, pratiques, militances, croyances ». Sur la question des vocations, le journaliste religieux, Jean-Marie Guénois complète avec ces chiffres : « De fait, tandis que 130 jeunes en moyenne entraient au séminaire en France chaque année, pendant les 8 ans du pontificat de Benoît XVI, ils sont à peine 100 par an en moyenne, depuis cinq ans, à choisir cette voie. Une tendance qui, aujourd’hui, s’annonce encore à la baisse ».
La dernière livraison de Nouvelles de Chrétienté (n°170, mars-avril 2018) consacre un dossier à la chute tragique de la pratique religieuse, en s’appuyant sur les travaux de l’historien Guillaume Cuchet publiés dans son récent ouvrage Comment notre monde a cessé d’être chrétien : anatomie d’un effondrement (Seuil). Ce dossier examine la responsabilité du concile Vatican II dans cet effondrement, et présente les remèdes qu’offrirait « l’expérience de la Tradition », que Mgr Lefebvre appelait de ses vœux.
Nouvelles de Chrétienté (n°170, mars-avril 2018), 4€ le numéro (Etranger : 5 €), 20€ abonnement annuel pour 6 numéros (Etranger : 24€), à commander à CIVIROMA, 33 rue Galande, F-75005 PARIS (ou en ligne par PayPal).
(Sources : LifeSiteNews/Marcello Veneziani/Figaro – FSSPX.Actualités - 11/05/2018)