Etats-Unis : le crépuscule de Dieu

Source: FSSPX Actualités

Les « Pilgrims Fathers » du Mayflower peuvent se retourner dans leur tombe : le paysage religieux américain est amené à se métamorphoser aux dépens du christianisme, si l’on en croit l’étude publiée le 13 septembre 2022 par le Pew Research Center (PRC), dont les enquêtes font autorité outre-Atlantique.

Pour parvenir à cette conclusion, l’institut de sondage s’est posé une série de questions relatives à l’évolution des tendances qui affectent actuellement le christianisme aux Etats-Unis :

Les chrétiens quitteront-ils dans l’avenir leur religion au même rythme que ce qui s’observe depuis quatre décennies ? Cela va-t-il au contraire s’accélérer ? Que se passerait-il si les tendances démographiques et migratoires se poursuivaient au rythme actuel, ou si au contraire elles diminuaient ?

Quatre scénarios différents

Premier scénario, celui du statu quo : les chrétiens seront encore majoritaires en 2070, mais leur proportion aura tout de même mathématiquement diminué de 10 points à cette date, passant de 64% à 54% de la population, en raison du vieillissement de la population. C’est le scénario le moins probable explique le PRC.

Deuxième scénario, celui du changement graduel. Les entrées et les sorties du christianisme se poursuivent au même rythme que celles des dernières décennies : ainsi, sur une génération, 31% de chrétiens quittent leur religion avant avoir atteint l’âge de trente ans, tandis que 21% deviennent chrétiens sur la même durée.

Dans ce cas, le christianisme passerait sous la barre des 50% – 46% exactement – tout en restant le groupe religieux le plus important, talonné par la catégorie des « sans religion » qui gagne du terrain, les autres religions demeurant loin derrière.

Troisième scénario, celui des « départs croissants maîtrisés » : sur une génération, le rythme d’abandon de la religion chrétienne chez les jeunes s’accélère, mais on estime qu’il ne dépassera pas 50% d’une classe d’âge. Dans cette perspective, le christianisme ne représente plus que 39% de la population américaine, et le groupe des « sans religion » passe devant, rassemblant 48% de la population.

Dernier scénario, celui des « départs croissants non maîtrisés », prend en compte une accélération des abandons de la religion chrétienne, sans lui poser de limite a priori : dans ce cas le groupe des « sans religion » passe la barre des 50% – 52% exactement – et le christianisme ne rassemble plus que 35% des Américains.

A noter que dans chacun des scénarios, les croyants non chrétiens, même s’ils doublent en proportion pour représenter 12 % à 13 % de la population américaine, demeurent encore largement loin derrière ceux qui revendiquent leur appartenance au christianisme.

Ce que ne précise pas l’enquête du PRC c’est que le mouvement d’abandon de religion touche principalement les groupes protestants : la proportion de catholiques tend encore à augmenter – mais pour combien de temps encore ? – notamment grâce à l’immigration hispanique, un phénomène qui ne suffira pas à contrebalancer la croissance inexorable des nouveaux agnostiques du XXIe siècle.

La question de la transmission de la foi aux jeunes générations dans une société sécularisée se pose ici dans les termes les plus aigus. Ainsi, au pays de la liberté religieuse, garantie par le premier amendement, la tendance est d’être libre de n’avoir aucune religion : c’est là l’un des – nombreux – paradoxes américains.