Etats-Unis : Rencontre judéo-catholique

Source: FSSPX Actualités

 

Une dizaine de cardinaux ont été invités à New York par des enseignants et des intellectuels juifs du monde entier pour approfondir le dialogue judéo-catholique, les 19 et 20 janvier, sur le thème: "Quel est le premier des commandements ?"

Ce sont des rabbins orthodoxes qui sont à l’origine de cette démarche. Touchés par la visite du pape à Jérusalem en l’an 2000, et particulièrement par sa prière au mur des Lamentations, les juifs entendaient placer cette réunion dans l’esprit de dialogue et de respect dont Jean-Paul II s’est fait le promoteur durant ses 25 années de pontificat.



Parmi les cardinaux invités se trouvaient les cardinaux français Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, et Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, accompagnés par le président de la Conférence des évêques de France, Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux. Des Etats-Unis sont venus les archevêques de Chicago et de Washington, Francis Eugene George et Theodore Edgar McCarrick; de l’Autriche, l’archevêque de Vienne, le cardinal Christoph Schönborn, d’Inde le cardinal Ivan Dias, archevêque de Bombay, et d’Angola, l’archevêque émérite de Luanda, Alexandre Do Nascimento.



Durant l’année 2003, le cardinal Lustiger s’était déjà rendu sur place accompagné d’une dizaine de prêtres du diocèse de Paris. L’expérience s’était révélée concluante, affirme-t-on au sein de l’épiscopat français, où l’on souligne l’aspect "inédit et surprenant" de cette nouvelle initiative. En effet, ces "yeshivot" appartiennent à un courant orthodoxe et ultra-orthodoxe juif, peu enclin au dialogue avec les chrétiens.

Du côté juif, de nombreux grands rabbins participaient également à cette rencontre et parmi eux, le grand rabbin du Brésil, Henry Sobil, l’ancien grand rabbin ashkénaze d’Israël Meir Lau, le grand rabbin de Moscou, Pinchas Goldschmidt, et le grand rabbin d’Ukraine Yaakov Bleich. - Le grand rabbin Sobil était au Vatican, le 17 janvier , afin de participer au "concert de la réconciliation" entre juifs, chrétiens et musulmans.

Le cardinal préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Joseph Ratzinger, participait de manière indirecte à ce congrès, ainsi que le cardinal Georges Cottier, théologien de la maison pontificale. Leurs interventions ont été pré-enregistrées et diffusées au cours de la rencontre.



Le cardinal Ratzinger était chargé de l’introduction et le cardinal Cottier posait la question : "L’amour est-il un attribut de Dieu ?" Parmi les autres thèmes, se trouvaient les questions suivantes : "Quelles sont les limites de l’amour envers Dieu ?"; "Quelles sont les limites de l’amour envers le prochain. Peut-on aimer son ennemi ?" ; "Quelles sont les limites de l’amour dont Dieu nous aime ?"; "Peut-on aimer Dieu sans aimer son prochain ?" ou encore, "L’amour fait-il partie de l’obéissance ?"

Dans une déclaration publiée à cette occasion, "Nous, catholiques et juifs", écrivent-ils, "conscients de nos différences, tenons à dire que notre fraternité est plus forte que ce qui nous sépare". Le message poursuit: "Assumant nos responsabilités, héritées du Mont-Sinaï, en fidélité à nos traditions différentes, nous souhaitons adresser un appel au monde : la fraternité religieuse universelle doit se rétablir. Elle constitue une condition de paix et de fidélité au Créateur".

Si la cérémonie au Ground Zero, sur les lieux de l’attentat du 11 septembre 2001, constituait un temps fort du symposium, ce qui a le plus marqué les participants a été la rencontre entre deux mondes, catholique et juif, qui n’avaient presque pas de contacts entre eux auparavant. Le cardinal Theodore Edgar Mc Carrick, archevêque de Washington, a lancé au début de son intervention: "L’événement, c’est la rencontre!" Un peu plus tôt, le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, avait également apprécié l’événement à sa juste valeur. "Cette rencontre, qui paraissait impossible, est un don de Dieu", a-t-il déclaré, avant d’ajouter: "Ce que nous sommes en train de vivre renoue les fils de toute l’histoire de l’Occident et probablement de l’humanité aussi".

Les cardinaux et archevêques ont pu se rendre à la Yeshiva-University de New York, haut lieu d’études générales et de formation talmudique pour les juifs orthodoxes, qui regroupe 7.000 étudiants.

"Nous allons poursuivre l’intensification du dialogue sur deux niveaux. Au niveau global, nous allons compter sur les responsables de l’Eglise catholique et les responsables juifs du monde entier. Et au niveau local, nous chercherons dans cet esprit à sensibiliser les communautés afin de poursuivre à la base ce dialogue dans le respect et le soutien mutuels", ont déclaré les participants à l’issue de leur rencontre.

La visite du Musée de l’héritage juif, avec ses nombreuses références à l’holocauste, et celle du lieu de l’attentat du 11 septembre ont provoqué "une émotion particulière" chez les participants au symposium. En se rendant au Ground Zero, ils n’ont pas seulement évoqué cet attentat, mais décidé "d’œuvrer par le dialogue à la construction d’un monde où il n’y aura plus jamais recours à des crimes aussi horribles".



Dans cette déclaration, les responsables catholiques et juifs expriment leur "consternation" face à la montée de l’antisémitisme. Avec le pape Jean-Paul II, ils affirment que l’antisémitisme constitue "un péché contre Dieu et contre l’humanité". Les participants se sont engagés à poursuivre, dans les différents continents, ce qu’ils ont partagé entre eux, et ont décidé de consacrer leur prochaine rencontre à la paix religieuse dans le monde et au combat contre la haine et l’antisémitisme.