Etats-Unis : un archevêque critique vertement le Synode sur la synodalité
Mgr Charles Joseph Chaput
Mgr Charles Chaput, archevêque émérite de Philadelphie, a accordé un long entretien à The Pillar, dans laquelle il critique ouvertement certains aspects du pontificat de François, en particulier sur le processus synodal, qu’il décrit comme imprudent et enclin à la manipulation.
Le synode sur la synodalité
En ce qui concerne le processus, je pense qu’il est peu judicieux et sujet à la manipulation, et la manipulation implique toujours la malhonnêteté. L’affirmation selon laquelle le concile Vatican II a, d’une manière ou d’une autre, impliqué la nécessité de la synodalité en tant que caractéristique permanente de la vie de l’Eglise est tout simplement fausse.
De plus, j’étais délégué au synode de 2018, et la façon dont la synodalité a été introduite en douce dans l’ordre du jour était manipulatrice et offensante. Cela n’avait rien à voir avec le thème du synode. La synodalité risque de devenir une sorte de Vatican III larvé, roulant à une échelle beaucoup plus contrôlable et malléable. Cela ne répondrait pas aux besoins de l’Eglise et de son peuple.
J’ai été membre du Conseil permanent du Synode des évêques à partir de 2015. Et je me souviens de quelques brèves discussions sur la difficulté de tenir un autre concile œcuménique en raison du grand nombre d’évêques aujourd’hui. Mais je me méfierais beaucoup de l’idée que la synodalité puisse en quelque sorte remplacer un conseil œcuménique dans la vie de l’Eglise.
Il n’existe aucune tradition d’évêques déléguant leur responsabilité personnelle pour l’Eglise universelle à un plus petit nombre d’évêques. (…) Ce n’est ni l’esprit actuel ni la réalité.
La relation du pape François avec la Compagnie de Jésus
Eh bien, je suis un franciscain capucin, et cela a marqué ma vie d’une manière profonde. La formation jésuite reçue par François aurait naturellement le même effet. Mais lorsqu’un religieux devient évêque, il appartient à son diocèse, à son presbytère et à son peuple. J’aime mes frères capucins, mais je suis un prêtre de l’archidiocèse de Philadelphie. C’est ma première loyauté.
François est l’évêque de Rome ; ce rôle et ses obligations, tant à l’égard de son diocèse local que de l’Eglise universelle, sont son allégeance première, et non la Compagnie de Jésus. Dépendre trop de votre communauté religieuse et de ses membres, à moins que vous ne soyez un évêque servant dans les missions, n’est pas une bonne idée.
Je pense qu’il est clair que François gouverne comme un supérieur général jésuite, du haut vers le bas, avec peu de collaboration. Il semble également accorder beaucoup plus d’importance à son discernement personnel qu’au discernement des papes précédents et au discernement général de l’Eglise au cours des siècles.
Les accusations lancées contre la conférence des évêques américains depuis Rome
Transformer de graves préoccupations doctrinales en une question personnelle n’est qu’un moyen commode d’esquiver les questions de fond. Cela démontre une ignorance totale de l’histoire de l’Eglise. Ce qui compte, quel qu’en soit le prix, c’est la fidélité à la doctrine catholique, et pour cela il n’y a pas besoin de trouver des excuses.
Je veux juste faire une observation respectueuse. (…) Toute personne occupant un poste de direction, quel qu’il soit, qui n’est pas disposée à écouter la vérité désagréable doit changer son attitude face à la réalité.
(Sources : InfoCatolica/The Pillar – FSSPX.Actualités)
Illustration : HazteOir.org, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons