Euthanasie : le gouvernement français gagne du temps

Source: FSSPX Actualités

Le 21 janvier 2025, François Bayrou, premier ministre de l’Hexagone, a annoncé vouloir consacrer une loi sur les soins palliatifs avant de légiférer sur l’euthanasie, rebattant ainsi les cartes du jeu législatif tel que l’éphémère gouvernement de Gabriel Attal les avait distribuées l’an passé.

Des soins palliatifs pour tous avant une légalisation de l’euthanasie qui apparaît inexorable en France – à moins d’une modification de la donne politique qui n’est pas inenvisageable en 2025 – voilà de quoi rassurer une grande partie des personnels de santé : mais pour combien de temps ?

« Une loi sur les soins palliatifs pourrait être votée très largement et peut-être même à l’unanimité », explique dans les colonnes du Figaro Claire Fourcade, présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP).

Et la praticienne de déclarer que l’actuel chef du gouvernement français « met les choses dans le bon ordre », car « vouloir être soulagé et vouloir mourir, ce n’est pas la même demande ». Exit donc la perspective d’un texte global sur l’aide à mourir qui, comme le rappelle Thierry Amouroux, du Syndicat national des professionnels infirmiers, était un terme « flou » qui « mélangeait les concepts de manière ambiguë ; sans utiliser les termes, il ouvrait à la fois au suicide assisté et à l’euthanasie ».

Il faut dire qu’en matière de soins palliatifs, la France – comme dans beaucoup de domaines d’ailleurs, le wokisme mis à part – est carrément à la traîne : « La France, qui était en avance il y a vingt-cinq ans, au lancement de la politique d’accès aux soins palliatifs pour tous, a accumulé un retard énorme.

« 20% des départements n’ont pas d’unité de soins palliatifs et 50% des personnes qui auraient besoin d’y avoir accès ne peuvent être accueillies, alors que le vieillissement de la population va accentuer ce retard. Il faut le combler, en formant des soignants, en ouvrant des services et des lits. Il faut accélérer l’ambition, fixée dans le projet de loi initial, d’investir 100 millions d’euros par an sur dix ans pour mettre à niveau le système », explique au Figaro Frédéric Valletoux, ancien ministre de la Santé.

Du côté des thuriféraires de la mort en gants blancs, c’est plutôt la consternation : « Il y a une certaine hypocrisie de la part du premier ministre à prôner un texte spécifique sur les soins palliatifs, domaine crucial qui a un besoin impérieux de financements nouveaux, mais pas d’une loi.

« Le risque est qu’une fois ce texte symbolique adopté la question de l’aide à mourir soit marginalisée. D’autant que le calendrier parlementaire pourrait rendre incertaine l’adoption d’un second texte d’ici à la fin du quinquennat », réagit avec amertume la rédaction du Monde.

Il faut dire que chez les progressistes classés à gauche, la proposition du premier ministre suscite un tollé : François Bayrou « n’a de cesse de vouloir enterrer le texte sur la fin de vie », assène Sandrine Rousseau, députée écologiste, fidèle à prendre le contrepied du bon sens que ce soit en se montrant indulgente par rapport aux meurtres sordides de Français commis par des immigrés sur notre sol, ou par rapport à l’islam politique dont elle et ses amis ont fait leur fonds de commerce politique.

La décision de l’actuel locataire de l’Hôtel-Matignon, si elle est loin de barrer la route à une légalisation ultérieure de l’euthanasie, a au moins le mérite de désamorcer la bombe législative conçue par Emmanuel Macron en liant le volet des soins palliatifs à l’euthanasie, en sorte que le premier serve de paravent au second.

Désormais, l’arbre des soins palliatifs ne cachera plus la forêt de la mort en gants blancs, et les Français ne pourront pas dire qu’ils auront été pris en traître…