Fête de sainte Marie-Madeleine
Sainte Marie-Madeleine à la grotte de la Sainte-Baume
Prière de saint Anselme de Cantorbéry (1033-1109) à sainte Marie Madeleine.
Sainte Marie Madeleine, vous qui êtes venue par une fontaine de larmes à la fontaine de la miséricorde, le Christ ; dans votre soif ardente, vous avez été abondamment soulagée par lui ; pécheresse, vous avez été justifiée par lui ; frappée d’une très amère douleur, vous avez été très doucement consolée par lui ; vous, ma très chère dame, vous avez-vous-même fait l’expérience de la manière dont une âme pécheresse se réconcilie avec son créateur, du conseil qui convient à l’âme malheureuse, du remède qui rend la santé au malade.
En effet, nous savons bien, chère amie de Dieu, à qui ont été pardonnés de nombreux péchés, car elle a beaucoup aimé (Lc, 7, 47). Ce n’est pas à moi le plus criminel, ô dame très bienheureuse, non ce n’est pas à moi le plus criminel de rappeler vos péchés pour vous les reprocher, mais je sonde l’immensité de la clémence par laquelle ils ont été effacés ; et par elle je reprends souffle pour ne pas désespérer et vers elle je soupire pour ne pas périr. Mois, dis-je, qui suis misérablement tombé dans le gouffre des vices, moi qui suis accablé par le fardeau excessif des crimes, moi qui me suis enfermé moi-même dans la sombre prison des péchés et enfoui dans les ténèbres de la torpeur.
Amante choisie et choix aimé de Dieu, moi le malheureux, je vous implore donc, vous la bienheureuse ; le ténébreux, l’illuminée ; le pécheur, la justifiée ; l’impur, la purifiée. Rappelez-vous, très bienveillante, ce que vous fûtes et à quel point vous avez eu besoin de miséricorde, et demandez pour moi l’indulgence, comme vous avez voulu qu’elle vous soit faite.
Obtenez-moi la componction de la tendresse, les larmes de l’humilité, le désir de la patrie céleste, le dégoût de l’exil terrestre l’amertume de la pénitence, la crainte du tourment éternel. Que me profite, très chère, l’intime familiarité que vous avez entretenue et vous entretenez avec la fontaine de miséricorde. Puisez en elle pour moi de quoi laver mes péchés. Faites m’en boire de quoi étancher ma soif. Répandez sur moi de quoi arroser mon aridité. Il ne vous sera pas, en effet, difficile d’obtenir tout ce que vous voudrez du Seigneur très aimé et très doux, votre ami qui vit et règne.
(Source : Ecrits spirituels du Moyen Age - FSSPX.Actualités)
Illustration : Flickr / jean louis mazieres CC BY-NC-SA 2.0 Deed