Finances du Vatican : la longue marche vers la transparence

Source: FSSPX Actualités

Palais apostolique, IOR

Depuis la démission du cardinal Angelo Becciu, sur fond de scandale financier présumé, le train des réformes progresse au Vatican. Après la promulgation en juillet 2020 de nouvelles règles pour la gestion des marchés publics, un comité de spécialistes fait son entrée au Vatican, afin de veiller au « caractère éthique » des investissements.

Dès le début de son pontificat, le pape François, s’est efforcé de poursuivre la réforme des finances du Vatican, entamée dans la douleur par son prédécesseur. Mais le chemin s’est avéré plein d’embûches, dans un environnement qu’Askanews qualifie « d’opaque voire hostile ».

La nomination du cardinal George Pell comme préfet du secrétariat pour l’économie en 2014 et son hostilité proverbiale envers les « Italiens », associée à ses méthodes de gestion musclées, ont largement contribué à braquer les prélats de la Curie. Mais le cardinal Pell devait connaître la traversée du désert que l’on sait : après un procès, un appel rejeté, une incarcération, un nouveau procès en révision, le haut prélat revient au Vatican, lavé de tout soupçon...

Durant ce laps de temps, un scandale financier éclate à Londres : au centre de la capitale britannique, la secrétairerie d’Etat a effectué un investissement douteux qui aurait coûté au Vatican plusieurs dizaines de millions d’euros. La justice du Saint-Siège mène l’enquête, et met en cause plusieurs hauts fonctionnaires du Vatican. Le cardinal Becciu, substitut de la secrétairerie d’Etat au moment des faits est limogé fin septembre par le pape en personne.

Mais ce scandale financier a montré que le Vatican est parvenu à développer ses propres « anticorps » : les plaintes viennent désormais de l’institution ecclésiale elle-même. C’est en effet l’Institut des œuvres romaines (IOR) qui a dénoncé les mouvements d’argent suspects vers Londres au bureau du vérificateur et à la magistrature du Vatican. Selon l’image du pape : « c’est la première fois que le pot aux roses est découvert de l’intérieur ».

De nouveaux règlements et de nouvelles entités

Depuis plusieurs mois, une série de décisions fortes ont été prises : au printemps, le pape a signé un nouveau code de gestion des marchés publics qui représente, au dire des spécialistes du Vatican « une véritable révolution culturelle », au sein du plus petit Etat du monde.

A la fin de l’été, le successeur de Pierre a permis à Moneyval – le comité du Conseil de l’Europe chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme international – d’enquêter au Vatican : du jamais vu. Dans la foulée, le préfet du secrétariat à l’économie, le père Juan Antonio Guerrero, et Alessandro Cassinis Righini, auditeur général ad intérim, ont signé un protocole d’accord sur la lutte contre la corruption.

A la fin du mois d’août le pape a enlevé à la secrétairerie d’Etat la gestion de plusieurs portefeuilles : l’obole de Saint-Pierre, le fonds Paul VI pour les besoins extraordinaires et un fonds supplémentaire réservé, passent désormais sous le contrôle de l’Administration du patrimoine du Siège apostolique (Apsa).

Enfin, François a créé en octobre dernier la Commission des questions réservées, prévu par le nouveau code de gestion, dont l’objet est de valider les transactions financières devant rester secrètes : il n’est désormais plus possible à un membre de la Curie de s’adresser au pape pour lui faire signer l’attribution d’un fonds extraordinaire, sans l’aval de la nouvelle commission.

Une dernière étape de la réforme est sur le point de se concrétiser. Elle a été annoncée par Monseigneur Nunzio Galantino, président de l’Apsa, dans un entretien à Famiglia Cristiana : « l’approbation du statut d’un comité d’investissement, composé de professionnels externes de haut niveau, est en cours », assure le prélat en novembre 2020.

Sa fonction serait de « garantir le caractère éthique des investissements inspirés par la doctrine sociale de l’Eglise et leur rentabilité ». Au Vatican, on assure être prêt à tourner au plus vite la page des scandales financiers qui ont « détérioré le message de l’Evangile ».

Pour le rétablir dans sa vérité, encore faudrait-il restaurer sur des bases solides, l’enseignement lumineux et pérenne de l’Eglise et le purger de tous les scandales contre la foi : mais cela est une toute autre affaire…