France: Déficits préoccupants dans plusieurs diocèses
Mgr Roland Minnerath, le nouvel archevêque de Dijon, nommé au printemps dernier, décrivait fin septembre en termes graves la situation financière du diocèse : "Nul nignore que depuis 2001, le déficit dexploitation (800.000 euros) a atteint des proportions inquiétantes et que la trésorerie na cessé de se creuser Nous devons viser au plus vite à réduire lhémorragie des dépenses englouties et revenir à léquilibre dexploitation. Le seul service que je puisse et doive rendre à notre bien commun, cest la réduction de nos dépenses sur tous les fronts où elle est possible Rien ne me détournera de cet objectif".
Dans le diocèse de Dijon, certains sinterrogent: Comment est-ce possible? Des responsables étaient au courant, pourquoi nont-ils pas arrêté lhémorragie? Pourquoi continuer à donner, si largent est mal géré? Mais dautres applaudissent à linitiative de Mgr Roland Minnerath. "Je naime pas voir mon Eglise licencier comme un simple patron du Medef, déclare à La Croix Jean-Louis Pelotte, président dune association dijonnaise, mais cela ne pouvait pas continuer. Il faut se mettre au clair et en état de redémarrer sur de nouvelles bases : quels projets avec quels moyens ? Je souhaite que cette crise suscite une véritable prise de conscience, non seulement dans le diocèse, mais dans toute lEglise".
Un certain nombre de diocèses connaissent eux aussi de réelles difficultés financières. Montpellier avait déjà dû réduire le nombre des salariés de sa radio, RCF-Maguelone. Au début de cette année, les responsables ont été contraints de renoncer à la restauration de la maison diocésaine Saint-Guilhem, au cur de la ville, faute de moyens."Rénover de lancien coûte beaucoup plus que de faire du neuf, explique le Père Régis Coste, vicaire général. Nous avons donc choisi de vendre Saint-Guilhem et de construire un immeuble moins cher et plus fonctionnel pour héberger tous les services du diocèse". A ses yeux, vu le déficit annuel de 1,2 million deuros, cétait la seule solution: "Nous ne sommes pas seulement dans le rouge, nous sommes dans le rouge foncé".
Le diocèse de Lyon, également en déficit, a décidé de réagir de façon drastique. "A larrivée du cardinal Philippe Barbarin, en 2002, nous avons établi une sorte de diagnostic et, au vu du résultat, un plan quinquennal de redressement financier", déclare à La Croix Laurent Charignon, économe diocésain. Avec 226 laïcs au service du diocèse, soit dans le secteur administratif (57), soit dans la pastorale (169), nous avons une masse salariale importante (équivalant à 133 emplois à temps plein). Par ailleurs, et paradoxalement, notre immobilier nous coûte cher". Les décès des deux archevêques précédents (le cardinal Jean Balland en 1998 et le cardinal Louis-Marie Billé en 2002) ont retardé les mesures qui simposaient. Le cardinal Philippe Barbarin a donc repris les dossiers et entrepris, avec laide dun cabinet-conseil, de réfléchir à la réorganisation du diocèse. "Nous abordons lannée 2004-2005 comme une année de décisions, vient-il décrire aux prêtres et aux responsables du diocèse. Les choix qui vont être faits dans le domaine immobilier, à propos des finances, de la réorganisation des services ou des ressources humaines se mûrissent depuis de longs mois et doivent ne plus tarder". Ainsi, des "équipes-chantiers" ont été mises en place pour travailler plus particulièrement dans cinq directions: richesses humaines, budget, plan immobilier, communication et management.
Le diocèse de Belley-Ars (Ain) est aussi dans une situation alarmante. Daprès le budget 2003, les dépenses sélèvent à 3.162.000 euros, contre 2.800.000 euros de recettes. Doù un déficit de 362.000 euros. "Les charges du personnel, précise le dernier rapport diocésain sur le denier de lEglise, représentaient à elles seules plus de 60 % des dépenses, soit 1.914.000 euros. Le denier de lEglise, supposé couvrir ces dépenses, navait rapporté que 1.879.000 euros." Selon les premiers indicateurs, la tendance en 2004 nest guère encourageante. Elle serait plutôt à la baisse.