France : Dieppe a perdu son Ange blanc
Sœur Agnès-Marie Valois.
Sœur Agnès-Marie Valois, la religieuse surnommée l' « ange blanc » de Dieppe, est décédée à l'âge de 103 ans, le 19 avril 2018. Elle s'était illustrée de manière héroïque en soignant les soldats après la bataille de Dieppe, en 1942.
Le raid de Dieppe ou opération Jubilee consista en une attaque menée par les troupes anglo-canadiennes sur le port de Dieppe, le 19 août 1942. Le quart des troupes canadiennes engagées dans cette opération y périt. Ce qui devait être un « morceau de gâteau », selon les termes du général canadien John Hamilton Roberts, fut surtout une boucherie. L'opération se révéla en effet un échec cuisant, les Alliés se heurtant au puissant mur de l'Atlantique mis en place par les Allemands. Sur les 6.086 soldats alliés engagés, 4.397 sont portés disparus, faits prisonniers, blessés ou tués. Parmi les nombreux blessés hospitalisés, certains sont évacués sur Rouen où ils purent croiser une infirmière anesthésiste hors du commun, sœur Agnès-Marie Valois.
Une religieuse infirmière exemplaire
Agnès Valois est née à Rouen en 1914, dans une famille d’industriels ayant créé une corderie mécanique. Elle suit des études à la Croix-Rouge pour devenir infirmière spécialisée en chirurgie, puis embrasse la vie religieuse en 1936. Elle entre dans la congrégation des Augustines de la miséricorde de Jésus, et devient sœur Agnès-Marie.
Au moment du raid anglo-canadien du 19 août 1942 sur Dieppe, elle est infirmière à l’Hôtel-Dieu de Rouen, la capitale normande alors occupée par les Allemands. Ces derniers lui ordonnent de prodiguer ses soins en priorité aux blessés de la Wehrmacht, ce qu’elle refuse, insistant sur le fait qu'elle s'occupera de tout le monde, sans distinction d’origine ni de grade. On lui met alors un revolver sur la tempe afin de l'impressionner, mais la religieuse refuse plus fermement encore et demeure inflexible. Elle peut alors poursuivre son travail au chevet de tous les blessés.
Une fois, sœur Agnès-Marie s'interpose lorsqu'un soldat allemand brandit son arme et menace d’abattre un blessé canadien agonisant. Elle se place devant le canon et avertit qu’il faudra d’abord la tuer avant de s’attaquer au blessé. Le soldat survivra à ses terribles blessures. Une autre fois, la religieuse intercède auprès d'un médecin ophtalmologiste allemand pour le convaincre de soigner un soldat canadien gravement blessé aux yeux. Le médecin se laisse fléchir ; grâce à l'intervention de la religieuse, le soldat aura la vue sauve.
Nombreux sont les récits poignants qui illustrent les soins que « l’ange blanc » prodigue à l’égard des mourants ou des estropiés, belle illustration des œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles qui sont l'un des plus beaux ornements de la religion catholique.
Sœur Agnès-Marie a été décorée de l’Ordre national du Mérite, de la Médaille du service méritoire – une distinction canadienne –, et du grade de chevalier puis d’officier de la Légion d’honneur. Elle était citoyenne d’honneur des villes de Rouen et de Dieppe.
La religieuse fut transférée au monastère de Thibermont, à Martin-Eglise tout près de Dieppe, en 1968, à la suite de la fermeture de l'hôtel-Dieu de Rouen. Elle continua d’exercer en tant qu’infirmière à l’hôpital de Dieppe, avant de prendre une retraite bien méritée en 1979. C’est à Martin-Eglise qu’elle s’est éteinte le 19 avril 2018.
(Sources : AFP/Catholic Herald/Wikipedi/Europe1/dday-overlord - FSSPX.Actualités - 03/05/2018)