France : incendie à la cathédrale de Rouen

Source: FSSPX Actualités

Vers midi, l'échafaudage permettant la restauration de la flèche de la cathédrale de Rouen actuellement en réfection, a laissé échapper des flammes abondantes et un fort panache de fumée a surmonté la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption, visible à des kilomètres, provoquant une crainte de voir se reproduire la catastrophe vécue à Paris.

Mais heureusement, l’intervention rapide des ouvriers qui travaillaient sur le chantier et celle des pompiers ont permis de maîtriser le début de sinistre. A 14 heures, « le service départemental d’incendie et de secours de Seine-Maritime pouvait annoncer que tout danger était écarté ».

D’après Le Figaro, « l’origine du sinistre apparaît accidentelle ». Ce sont des éléments du chantier qui entoure la flèche « qui auraient pris et touché la bâche de couverture des échafaudages », alors que les 70 pompiers qui sont intervenus rapidement, achevaient une inspection et contrôlaient les derniers points chauds.

Toujours selon la même source, deux éléments ont permis de limiter les dégâts : un système d’alarme rendu plus performant depuis l’incendie de Notre-Dame de Paris ; et les matériaux de la flèche – fonte et fer – plus résistants que ceux employés pour la flèche de Viollet-le-Duc.

Un passé récent tourmenté

La cathédrale de Rouen était à l’origine une basilique, fondée par saint Victrice – ancien soldat romain, ami de saint Paulin de Nole et de saint Martin – au IVe siècle, remplacée par une cathédrale romane au XIe siècle avant d’être reconstruite en cathédrale gothique à partir du XIIIe siècle. La construction dura plusieurs siècles, mais le culte divin ne fut jamais interrompu.

Dès le début de la construction, une tour-lanterne, destinée à dispenser largement la lumière dans l’édifice, fut posée au-dessus de la croisée du transept. En 1544, la tour fut prolongée par une flèche de bois et de plomb. Mais en 1822, elle fut frappée par la foudre qui provoqua un incendie détruisant en grande partie la structure.

La reconstruction de la flèche fut confiée à Jean-Antoine Alavoine qui proposa d’utiliser la fonte et le fer. Ce ne fut pas sans difficulté. Le Figaro rappelle que « ce choix était jugé – y compris par Viollet-le-Duc – trop audacieusement moderne. Flaubert l’a qualifié de “rêve de chaudronnier en délire” et Maupassant de “surprenante aiguille de bronze, laide, étrange et démesurée.” »

La nouvelle flèche fut achevée en 1876, bien après la mort de son architecte, et s’élève à 151 mètres. A cette époque, elle était « le plus haut bâtiment du monde », note Wikipédia, mais elle fut détrônée par la cathédrale de Cologne (157 m) en 1880, puis par celle d’Ulm (161 m), en 1890. Cependant, elle reste la plus haute église de France.

Durant la Deuxième guerre mondiale, la cathédrale faillit disparaître : « dans la nuit du 18 au 19 avril 1944, la cathédrale est éventrée par sept torpilles » et se trouva près de s’écrouler vers son côté sud, ce qui serait arrivé sans le sauvetage entrepris par les hommes du métier. De plus, le 1er juin suivant, « la tour Saint-Romain pris feu, et l’incendie se propagea aux bas-côtés jusqu’à la nef ».

Une longue restauration commença après guerre. La cathédrale rouvrit le 17 juin 1956, et le pape Pie XII prononça un discours radiophonique en français à cette occasion. Il fallut cependant attendre 1987 pour voir la tour Saint-Romain enfin restaurée. Alors que la fin des travaux approchait, le 26 décembre 1999, la tempête Lothaire fit chuter un clocheton qui traversa les voûtes du chœur.

La façade occidentale, que Monet a peinte et repeinte, a été restaurée et nettoyée, et les rouennais redécouvrent leur cathédrale avec admiration, les plus anciens ne l’ayant jamais vu dans un tel éclat. Les travaux en cours sur la flèche visent à reprendre une restauration précédente, jugée insuffisante, et doivent « remplacer des dizaines de milliers de boulons », selon Le Figaro.

Tous attendent de retrouver enfin la flèche qui devrait dominer la cathédrale dans sa couleur d’origine et inviter à la prière par son élan vers le ciel.

Vue de la flèche en 2014