France : le nonce apostolique et le Conseil de l'Europe
Mgr Luigi Ventura, nonce apostolique en France, aurait écrit aux quelque 200 membres du Parti populaire européen (PPE) pour faire part des « préoccupations » du Saint-Siège au moment où l’Assemblée parlementaire du Conseil de l´Europe (APCE) travaille à l’adoption de deux résolutions portant sur la « discrimination sur la base de l´orientation sexuelle et de l´identité de genre » et sur la réduction démographique, notamment au moyen de l´avortement.
Dans cette lettre, dont l´existence a été révélée par l´agence de presse espagnole EFE, le diplomate romain aurait ainsi fait part de l’inquiétude du Saint-Siège aux membres du PPE qui regroupe les partis démocrates-chrétiens de la Communauté européenne. Interrogés par I.Media le 28 janvier, plusieurs responsables du Saint-Siège, sans nier l´existence de cette lettre du représentant du Vatican à Paris, n´ont pas souhaité faire de commentaire.
Ainsi, Mgr Ventura aurait encouragé les parlementaires à suivre les indications de Luca Volontè - à la tête du PPE depuis le 25 janvier 2010 – « qui coordonne les amendements en accord avec la position du Saint-Siège ». Le député italien serait à l´origine de la plupart des amendements sur la première résolution visant à promouvoir le droit au mariage, à l´adoption ou à l´insémination artificielle des homosexuels, bisexuels et transsexuels. « Il n´existe pas de ‘droit’ au mariage ou à l´union des personnes de même sexe », aurait écrit le nonce à Paris. Le vote de la première résolution sur ce « droit au mariage » des homosexuels a d´ailleurs été reporté en raison d´un très grand nombre d´amendements, si bien que « la Commission des questions juridiques et des droits de l´homme n´a pas pu se prononcer sur la majorité d´entre eux », a indiqué l´APCE le 27 janvier.
Concernant la seconde résolution qui vise à encourager une politique de réduction démographique et qui doit être soumise au vote de l´APCE le 29 janvier, le prélat aurait regretté que « l´on présente l´avortement comme un droit de la femme et une méthode de planning familial ». A titre de comparaison, il est instructif d’observer l’attitude du Sénégal, pays à majorité musulmane, sur la question de la dépénalisation de l’homosexualité. En effet, le 10 décembre 2009, l’Etat sénégalais a réaffirmé son opposition à la légalisation de l´homosexualité, pour des raisons d´ordre religieux, social, et culturel.
Madické Niang, ministre des Affaires étrangères, a déclaré : « Il ne saurait être question de la dépénalisation de l'homosexualité pour le Sénégal, qui a ses croyances religieuses et sociologiques et où l'écrasante majorité de la population croit en Dieu et en l'islam ». Il s'exprimait à Dakar en marge de la célébration du 61e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. « Chaque pays a ses réalités sociales et la communauté internationale doit tenir compte (des) différences et ne doit pas nous imposer de légaliser les relations contre nature. Nous ne saurions l'accepter », a indiqué le ministre, car l'homosexualité « heurte » les pratiques sociales, culturelles et religieuses au Sénégal qui connaîtrait « une situation plus catastrophique » si la pratique était légalisée.« Il y a des intégristes (musulmans) qui se soulèveront et les conséquences seront beaucoup plus dramatiques, car cela ne va pas avec nos réalités », a-t-il affirmé.
(DICI n°209 du 06/02/10 – Sources : apic/imedia/afp/quotidiensn)